
Non au gouvernement des experts !
Qu’il s’agisse du confinement ou du « pass sanitaire », on ne peut pas se laver les mains d’une décision qui engage la vie du pays sous couvert d’une expertise scientifique. Derrière « la science » se cachent aujourd’hui des « experts » dont les débats sont d’ailleurs tenus secrets. Il est important de se rappeler qu’historiquement les idéologies meurtrières du XXe siècle ont souvent érigé « la science » comme le moyen d’imposer leur point de vue. Tout pouvoir, pour n’être pas contesté, se revêt des atours de la scientificité. Or la véritable science n’est pas arrêt de la discussion, sentence définitive, la science véritable n’a pas cette terrible prétention. Elle est questionnement, tâtonnement, elle est un champ d’expériences fécond, traversé de principes contradictoires et d’intérêts contraires, mais où sont censées avoir voix au chapitre toutes les hypothèses.
La santé publique, conçue comme une pure gestion matérielle des corps, se révèle être l’exact contraire de la chose politique. Des experts évaluent un risque selon la logique du pire, et la sentence gouvernementale tombe. Les citoyens, comme le Parlement qui est censé les représenter, sont absolument exclus de toute forme de concertation. Emmanuel Macron agit aujourd’hui de manière autoritaire en annonçant ses décisions à 20h sans la précaution de proposer une discussion qui aujourd’hui semblerait utile pour l’acceptation des mesures très contraignantes : confinement, « pass sanitaire »… Il annonce ces mesures liberticides sans débat contradictoire, balaie les interrogations d’une grande partie de ses compatriotes qu’il voue aux gémonies, les désignant comme nuisibles à la collectivité. Ce n’est plus une pratique démocratique, c’est autre chose…
Hubert de Vauplane, avocat au barreau de Paris, expert associé à l’Institut Ethique et Politique Montalembert, s’interroge, dans une tribune pour Marianne (en sélection ci-dessous), sur cette dérive post-démocratique qui ébranle les principes fondateurs du lien social. Il exclut de parler de dictature, mais alerte sur la dérive du pouvoir qui révèle la profonde crise morale et politique, anthropologique et spirituelle, de notre société.
Il voit dans l’insécurité juridique actuelle, une faille qui permet les dérives politiques que nous constatons dans la gestion de la crise sanitaire, sans concertation ni contrôle. Il plaide pour un transfert de compétences au juge judicaire pour toutes les mesures qui portent potentiellement atteinte aux libertés individuelles liées à l’urgence sanitaire. Il faut pouvoir contester devant le juge les avis et recommandations de la Haute Autorité Sanitaire (HAS). Il exhorte enfin le politique à exercer avec le courage qu’exige la poursuite du bien commun.