La crise des métropoles, symptôme de la mondialisation
International

La crise des métropoles, symptôme de la mondialisation

Par Philippe Oswald. Synthèse n°751, Publiée le 10/09/2019
Les métropoles accaparent les emplois et les richesses d’une économie mondialisée. S’y agglomèrent les activités économiques, les emplois les plus rémunérateurs, les meilleures écoles. Aux Etats-Unis, San Francisco, New York, Boston, San Jose et Los Angeles concentrent 80% de l'investissement dans les start-up. Si l’on ajoute à ces cinq villes américaines, Pékin, Shanghai, Londres, Hangzhou et Bangalore, on obtient 60% de l'investissement mondial. À son échelle, la France ne fait pas exception : les trois quarts des emplois créés depuis une décennie l’ont été dans une quinzaine de villes qui réalisent à elles seules 51% du PIB français. Pourtant, les métropoles sont en crise, victimes paradoxalement de leur succès, victimes de la mondialisation.

Des géants de l’économie mondiale dont les fameux GAFA (Google, Amazone, Facebook, Apple) sont l’emblème, s’installent dans les centres-villes. Les bureaux et les logements des cadres font grimper les prix vertigineusement chassant les habitants « historiques » (depuis une décennie, Paris « intramuros » perd chaque année 12.000 habitants, New York 40.000, le Grand Londres 100.000). La « gentrification » repousse aux périphéries les familles des classes moyennes, alors que les classes populaires ont depuis longtemps été reléguées dans de lointaines banlieues. À San Francisco, où Facebook s’est installé il y a tout juste deux ans avec 8.000 salariés, les loyers atteignent 5.000 dollars par mois. Le prix du mètre carré à Paris vient de dépasser les 10 000 euros, quatre fois plus qu’il y a 20 ans. La capitale française est devenue un terrain de chasse pour les investisseurs dont de plus en plus d’étrangers. Quant aux logements sociaux, ils sont pris d’assaut et conservés le plus longtemps possible, en moyenne quinze ans. Posséder un pavillon dans une banlieue « populaire » ne fait plus du tout rêver comme dans les années soixante, tant à cause de l’asphyxie de la circulation, du prix des carburants, de la vétusté des transports en commun, que de la détérioration du climat social.

Entre l’emploi et les impôts engrangés grâce aux entreprises et le ras-le-bol qui monte devant la relégation d’une partie croissante de la population, les municipalités sont placées devant des choix difficiles. Il arrive même qu’elles n’aient plus le choix : à New-York, plus question d’accueillir dans le quartier du Queens le siège social d’Amazon et ses 25 000 salariés à 150.000 dollars par an, avec, en cadeau de bienvenue de la municipalité, 3 milliards de dollars de subvention ! Le maire et le gouverneur de l’Etat ont dû céder devant la rébellion des habitants regroupés en associations, contre la folie des loyers et la gentrification galopante. Le même ras-le-bol contre les GAFA et consorts mais aussi contre Airbnb qui contribue à l’explosion des loyers, s’exprime à Dublin, où Amazon, Google, Salesforce ont leur siège européen, ou encore à Berlin, où Google veut installer un « campus », c'est-à-dire un incubateur de start-up (le prix des locations a presque doublé en une décennie dans la capitale allemande).

Les autorités gouvernementales, régionales, municipales parviendront-elles à déverrouiller les métropoles à la fois ouvertes au monde mais cadenassées pour leurs propres habitants par la mondialisation ? « Le vent est en train de tourner » devant la révolte des classes moyennes, estime Robin Rivaton, économiste, entrepreneur et membre du conseil scientifique de la Fondapol, auteur de « La ville pour tous » qui vient de paraître aux éditions de l’Observatoire.
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