
Hongkong : le dragon rouge contraint de desserrer ses mâchoires
La conférence de presse de Carrie Lam survient après une semaine de manifestations géantes (un million de personnes, dimanche 9 juin) dont la violente répression a fait le plus mauvais effet sur la communauté internationale et notamment sur les agents économiques. C’est non seulement la stabilité sociale et politique de cette région administrative « spéciale », ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997, qui est ébranlée par le tour de vis de Pékin, mais aussi l’économie. La réaction des hommes d’affaires est probablement la seule menace capable de faire reculer l’oligarchie rouge. D’autres hauts-lieux de la finance internationale, tels que Singapour, Macao voire Taiwan (où l’on scrute particulièrement les événements de Hongkong) ne manqueraient pas de profiter de la fuite des capitaux de la presqu’île si elle était soumise au même régime liberticide que les autres métropoles chinoises. Ce serait la fin de « La Perle de l’Orient ».
Mais la suspension sine die n’est pas l’abandon…Les Hongkongais retiennent leur souffle et le camp pro-Pékin, qui a pris ses distances avec Mme Lam, se tait. Les prochaines échéances électorales (locales à la fin de l’année, législatives l’an prochain) pourraient lui faire perdre la majorité, malgré un mode de scrutin peaufiné à la chinoise. Sachant à qui ils ont affaire depuis la crise des « parapluies » (manifestations massives de 2014 contre l’emprise de Pékin qui se sont soldées par des condamnations à la prison pour plusieurs de leurs meneurs), les démocrates redressent la tête, bien décidés à ne rien lâcher. Ils maintiennent le mot d’ordre pour une nouvelle manifestation le dimanche 16 juin et lancent un appel à la grève générale pour lundi.