Le mouvement raëlien, initialement appelé Madech (Mouvement pour l'accueil des Elohim créateurs de l'humanité), est fondé en 1974 par Claude Vorilhon, dit Raël. Un homme d'apparence ordinaire, originaire d'Auvergne, qui débute comme chanteur sous le nom de Claude Celler au début des années 1960. Faute de succès, sa carrière musicale s'écourte et, passionné de course auto, il crée alors « Autopop » un magazine mensuel consacré à l'automobile. Mais c'est un nouvel échec pour Claude Vorilhon : à la suite du choc pétrolier de 1973, les sports motorisés sont interdits, la parution du magazine prend fin. C'est en mars 1974, à la télévision, qu'il témoigne de la rencontre la plus extraordinaire de sa vie. Alors qu'il se promenait près des volcans, dans le Puy-de-Dôme, il raconte apercevoir une soucoupe volante qui atterrit devant lui. Un extraterrestre en sort, lui parle français, et lui dit être venu pour le rencontrer et lui délivrer un message qu'il aura pour mission de répandre dans tous les pays. Claude reçoit alors son nom de prophète : Raël, « Messager de Dieu ».

« Si on pense que ce que je dis est faux, j'ai une imagination tellement fantastique que je mérite le respect », affirme-t-il lors de son apparition dans l'émission « Le Grand Échiquier » le 13 mars 1974, animée par Jacques Chancel.

À une époque où les OVNIs captivaient le grand public et imprégnaient la culture populaire, Raël est l'attraction folklorique du moment, invité sur les plateaux télé. Il y fait la promotion de son premier livre, Le Livre qui dit la vérité, où il explique son mystérieux face-à-face. Il dévoile également, en son rôle de messager, ce que ces extraterrestres (qu'il nomme Elohim) souhaitent nous dire. Ceux-ci auraient créé l'humanité en laboratoire grâce à une avance scientifique de 25 000 ans. Ils souhaitent venir sur Terre avant 2035 et ont besoin que l'on construise une « ambassade » près de Jérusalem pour les accueillir. Une ambassade qui doit répondre aux exigences extravagantes de ces aliens : sept chambres, une salle de conférence et même une piste d'atterrissage pour soucoupes volantes. Raël fonde alors le Madech (Mouvement pour l'accueil des Elohim créateurs de l'humanité), dont le siège social se trouve en Suisse, et demande à ses disciples, de l'aider à financer la construction de l'ambassade pour les Elohim. Les fidèles sont ainsi poussés à verser 10 % de leur salaire au mouvement pour ce projet et 1 % supplémentaire pour Raël.

La philosophie raëlienne repose, entre autres, sur la libération sexuelle à travers la pratique de « la méditation sensuelle ». Une forme de « méditation » qui vise à éveiller l'esprit par des pratiques érotiques collectives. Elle promeut aussi « la géniocratie », un système politique où le pouvoir est réservé aux personnes dotées d'une intelligence supérieure. Seuls les individus dont le coefficient intellectuel dépasse la moyenne de 10 % pourraient voter, et seuls ceux dépassant la moyenne de 50 % seraient éligibles à des postes publics.

Raël décrit le mouvement raëlien comme une « religion athée » et prend appui sur de nombreux textes bibliques. D'après lui, les textes de la Bible sont mal interprétés et mal traduits. Le nom « Élohim », dans les textes en hébreu (notamment dans la Genèse), aurait été « injustement » traduit par « Dieu ». De même pour les prophètes de toutes les religions, qui auraient été envoyés par les Élohim, mais auraient tous « mal transmis le message ». Des prophètes qu'il dit avoir rencontrés personnellement lors d'une deuxième prétendue approche avec ces petits hommes de l'espace. Deux ans après le premier contact, Raël aurait été emmené en VIP dans leur soucoupe pour se rendre sur leur planète et y aurait salué Jésus, Bouddha et Mohammed. Il y aurait également appris que sa mère avait été inséminée artificiellement par les Élohim, faisant de Raël le demi-frère de Jésus et de Bouddha. Toujours sur place, il raconte avoir assisté au « clonage » de sa mère grâce à une photo d'elle qu'il aurait fournie. Quel voyage !

En 1995, la commission d'enquête sur les sectes classe le mouvement raëlien parmi les « sectes dangereuses ». Raël s'expatrie alors au Québec pour continuer de répandre sa « religion ». Là-bas, il crée un musée « UFOland » qui se révélera être davantage un lieu de recrutement pour le mouvement qu'une attraction touristique. Le sujet du clonage refait alors surface : alors que Dolly, la célèbre brebis, devient le premier mammifère cloné de l'histoire (1996), Raël fonde la société Clonaid aux côtés de Brigitte Boisselier, une chimiste raëlienne, dans le but de cloner des êtres humains et de nous rendre immortels. En 2002, est annoncée la supposée naissance du premier bébé issue du clonage humain par l'entreprise : une petite fille, baptisée « Ève », dont l'existence ne sera jamais prouvée.

Une nouvelle fois, Raël use brillamment des médias. Il sait frapper fort pour susciter l'engouement médiatique et rendre visible son mouvement. Un discours fantaisiste que Raël aurait bien pu emprunter à certains romans de science-fiction de l'époque. Son aisance en interview lui confère une force de conviction qui lui permet de fédérer autour de sa doctrine, sans donner d'arguments rationnels. Le mouvement raëlien revendique actuellement plus de 100 000 membres répartis dans plus de 120 pays, bien que le véritable nombre d'adeptes reste difficile à sourcer (des documents internes divulgués en 2017 indiquent un nombre de membres actifs bien inférieur, 18 111 membres dont l'identité est tracée). De nombreux ex-membres dénoncent les abus au sein de ce mouvement sectaire : esclavage sexuel, escroquerie, incitation à la pédophilie... Depuis la controverse du clonage, Raël a troqué le Québec pour le Japon. Après avoir fui l'Europe puis l'Amérique, le gourou mise à présent sur l'Asie et l'Afrique où il poursuit, encore à ce jour, ses activités. À chaque destination, la même recette.