Les « citoyens d’Europe » veulent retrouver leurs frontières
Faut-il sortir de Schengen comme le réclame Marine Le Pen, ou procéder à sa « remise à plat » comme l’écrit aujourd’hui Emmanuel Macron en reprenant des mots déjà utilisés par Nicolas Sarkozy ? Ce ne sont pour l’heure que des slogans de campagne électorale. La question clé reste de savoir à qui confier cette réforme : à des nations se ressaisissant de leur souveraineté comme le propose le président LR Laurent Wauquiez en réponse à Emmanuel Macron dans une tribune publiée par Le Monde ce samedi 9 mars, ou à des autorités européennes à la légitimité plus technocratique que démocratique ? En proposant de placer « sous l’autorité d’un Conseil européen de sécurité intérieure » « une police des frontières commune et un office européen de l’asile », le président de la République réaffirme son option pour un transfert de souveraineté à des autorités supra-étatiques. Pour autant, la fraîcheur avec laquelle la tribune d’Emmanuel Macron a été accueillie chez nos partenaires européens ne laisse pas augurer un « leadership » français contre Schengen.
Il y a pourtant urgence pour l’Europe de retrouver des frontières protectrices, qu’il s’agisse de l’immigration ou de l’économie. Sur le front des migrants, après la Grèce, l’Italie, l’Espagne, c’est au tour de la France de passer en alerte rouge : elle se retrouve en première ligne à cause des troubles qui agitent l’Algérie à l’approche de la présidentielle. La population d’origine algérienne vivant dans l’Hexagone est évaluée à quelque à 2,5 millions, dont 800.000 ressortissants (binationaux compris) pouvant participer au scrutin algérien. Si les islamistes profitaient d’un « printemps algérien » pour s’emparer du pouvoir ou si la guerre civile revenait, ce sont des millions d’Algériens, principalement des jeunes, qui pourraient trouver refuge en France. Quant à l’économie, Emmanuel Macron propose de mettre en place « une préférence européenne pour l'attribution des marchés publics ». Il serait temps ! « Depuis les années 90, les pays européens ont ouvert leurs marchés publics à des pays qui n'ont pas ouvert les leurs. Cela représente un manque à gagner de 2.000 milliards d'euros » constate François Lenglet dans son éditorial de RTL (5 mars, en lien ci-dessous).