Scanner l'iris humain pour proposer un revenu universel : le projet Worldcoin
En 2019, Sam Altman, PDG d'OpenAI (ChatGpt), lançait la cryptomonnaie Worldcoin via une des nouvelles entreprises de référence de dans le monde de la tech : Tools for humanity. Il s'agit d'un projet ambitieux qui prétend redéfinir notre rapport à l'identité, à la finance et à la technologie. Son objectif : attribuer à chaque humain sur Terre une identité numérique unique et un portefeuille numérique universel.
Au cœur de cette infrastructure futuriste se trouve « l'Orb », un appareil qui scanne l'iris des individus pour leur attribuer une identité numérique unique, sécurisée et infalsifiable (ici « testé » par BFMTV). L'iris, la partie la plus singulière de notre anatomie, joue ici un rôle central. Longtemps perçu comme le miroir de l'âme et une porte vers l'intériorité des individus, l'iris est chargé de significations ésotériques, spirituelles et culturelles à travers le monde.
Une fois scanné, chaque individu reçoit en échange une poignée de Worldcoins, la cryptomonnaie éponyme du réseau (au 24 janvier 2025, le Worldcoin s'échange à environ 2,26 $, avec une capitalisation boursière de 2,06 milliards de dollars). Contrairement aux cryptos traditionnelles, qui reposent sur des modèles comme la preuve de travail (Proof of Work, utilisée par Bitcoin par ex) ou la preuve d'enjeu (Proof of Stake comme Ethereum par ex), Worldcoin introduit un concept révolutionnaire : la preuve d'humanité. Ce système garantit que les transactions et participations au réseau sont réalisées par de véritables humains.
Selon ses fondateurs, l'objectif est d'assurer à chaque citoyen du monde un accès à une finance numérique équitable dans un futur où l'intelligence artificielle dominera l'économie. Dans ce scénario, souvent qualifié de « post-travail », les emplois humains se raréfieront, rendant nécessaire la mise en place d'un revenu universel mondial. Worldcoin ambitionne d'être le vecteur de cette redistribution globale, interconnectant les économies à travers une infrastructure numérique fluide et unifiée. Chaque humain se verrait doté d'un portefeuille numérique alimenté par un revenu universel, présenté comme un moyen de réduire les inégalités. Sam Altman, fervent militant du revenu universel, teste cette idée depuis plus de 8 ans via son laboratoire OpenResearch, qui a déjà distribué 45 millions de dollars dans le cadre de la plus vaste étude menée à ce jour sur le sujet.
Le revenu universel promis serait alimenté principalement par trois mécanismes interdépendants :
Chaque transaction effectuée dans l'écosystème Worldcoin génère des frais minimes, redistribués pour financer le revenu universel.
Une partie des jetons ont été réservés dès leur création pour alimenter les portefeuilles numériques des utilisateurs.
La demande croissante pour le Worldcoin, liée à l'adoption massive de la plateforme, pourrait accroître sa valeur. Les gains générés seraient réinjectés.
Le projet souhaite aussi s'associer à des gouvernements et des ONG pour intégrer ce revenu universel à des programmes d'aide, en utilisant sa technologie comme outil de distribution financière mondiale.
Parmi les investisseurs principaux, on retrouve des mastodontes de la tech et de la finance tels qu'Andreessen Horowitz (a16z), Coinbase, Reid Hoffman (LinkedIn), Digital Currency Group, Blockchain Capital et Bain Capital Crypto (et plus surprenant, Samuel Bankman-Fried, le fondateur de FTX qui a été arrêté aux Bahamas).
En 2025, l'administration Trump a annoncé Stargate, un plan de 500 milliards de dollars visant à booster l'intelligence artificielle, les infrastructures numériques et les technologies spatiales. Parmi les fondateurs se trouve Sam Altman, qui semble donc se rapprocher du pouvoir politique américain. Ce qui n'est pas du tout du goût d'Elon Musk, avec qui Altman est en conflit ouvert (on peut aller jusqu'à dire qu'ils se détestent). Musk critique régulièrement les choix d'Altman, qu'il accuse de servir les intérêts d'une élite mondialiste.
À ce jour, plus de 10 millions de personnes ont accepté de faire scanner leur iris. Ces appareils, véritables points d'entrée vers l'écosystème Worldcoin, sont déployés dans des lieux stratégiques, tels que des centres commerciaux, bars et autres points d'intérêt, facilement localisables via l'application World App (disponible sur iOS et Android).
Ces individus se situent principalement en Afrique, en Amérique du Sud et dans la région Asie-Pacifique. L'Afrique représente une priorité pour le projet, qui justifie son action par une volonté d'inclusion et de soutien humanitaire. La région Asie-Pacifique, quant à elle, attire Worldcoin grâce à son dynamisme technologique et son ouverture à l'innovation.
Malgré ses soutiens d'envergures, le projet Worldcoin fait face à une vive opposition de nombreux gouvernements. Plusieurs pays, comme le Kenya et le Japon, ont interdit ou suspendu ses activités, invoquant des inquiétudes sur la sécurité des données biométriques et des pratiques jugées opaques (l'enquête à été close au Kenya et ils ont pu reprendre leurs activités). En France, des enquêtes ont été ouvertes par la CNIL, pointant de possibles violations des règles européennes sur la protection des données.
De son côté, l'Union européenne, avec l'entrée en vigueur du règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets), impose un cadre strict aux projets cryptographiques, rendant la progression de Worldcoin quasi impossible sur le sol européen (certains observateurs n'hésitent pas à interpréter ce durcissement comme une stratégie délibérée pour protéger l'euro numérique).