International

La France en flammes, vue de l'étranger

Par Philippe Oswald. Synthèse n°1944, Publiée le 05/07/2023 - Photo : France, Pantin, 03/07/2023. L'épave d'un bus touristique incendiée lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel. (Myriam Tirler / Hans Lucas / AFP)

Une nouvelle fois, la France revient en force dans l'actualité internationale avec des scènes d'émeutes, d'affrontements, d'incendies et de pillages. Le Medef évalue à plus d'un milliard d'euros les dégâts pour les entreprises. Mais le coût total sera beaucoup plus lourd. Selon le dernier bilan du ministère de l'Intérieur (4 juillet), 3 486 personnes ont été interpellées et 808 membres des forces de l'ordre ont été blessés. Quelque 5 892 véhicules ont été incendiés, 1 105 bâtiments incendiés ou dégradés, 269 commissariats ou gendarmeries ont été attaqués. « 243 écoles ou établissements scolaires ont subi des dégradations parmi lesquels une soixantaine ont subi des dégâts importants » a affirmé le ministre de l'Éducation nationale au micro de RTL le 4 juillet. Près de 80 bureaux de poste « n'ont pas pu rouvrir en raison des destructions ou des risques pour le personnel et les clients présents » a communiqué La Poste (4 juillet). Sur les 7 000 bureaux de poste présents sur le territoire national, 150 ont « été impactés » et 80 distributeurs automatiques de billets de La Banque Postale « ont été détruits ». Violences aveugles ? Curieusement, les Caisses d'allocations familiales (CAF) semblent avoir été épargnées...

Des pays dont les régimes sont peu enviables profitent de ces émeutes insurrectionnelles pour faire la leçon à la France. Au lendemain de la mort de Nahel, l'Algérie a exhorté le gouvernement français à « assumer pleinement son devoir de protection » envers les Algériens de France, se disant « soucieuse de la quiétude et de la sécurité dont doivent bénéficier nos ressortissants sur leur terre d'accueil ». Pour le président turc Erdogan, la flambée des violences urbaines est due au « passé colonial » et au « racisme institutionnel » de la France, « un pays raciste qui hait les musulmans ». Quant à l'Iran, elle a eu l'aplomb d'exhorter le gouvernement français à « mettre fin au traitement violent » de sa population et à faire « preuve de retenue » … L'ONU n'est pas en reste : elle a admonesté nos forces de l'ordre en leur demandant de respecter la légalité et la proportionnalité face aux émeutes.

Les médias étrangers campent en majorité sur ce registre accusatoire. En reportage à Toulouse, la correspondante du journal brésilien Folha de Sao Paolo rapporte que les habitants des « quartiers » jugeraient que « la police agit de manière discriminatoire à l'égard des groupes considérés comme indésirables, comme les Arabes et les noirs ». Aux États-Unis, le très progressiste et communautariste New York Times s'inquiète d'un fossé croissant entre deux camps au sein de la société française : « celui de l'ordre et de la loi et ceux qui s'inquiètent du racisme. » Ce journal a clairement choisi son camp : dans son édition du 1er juillet, son correspondant en France n'hésite pas à décrire « une révolte dans tout le pays contre la violence policière et le racisme. » Et d'expliquer : « Le meurtre de Nahel, qui, pour beaucoup, ressemblait davantage à une exécution sommaire, a révélé la forme la plus extrême de la violence policière qui a longtemps visé les communautés de couleur en France. » Ce quotidien ose même cette incise : « Avouons le, en France, si vous tirez sur un Noir, un musulman ou un Arabe, il n'y a pas de répercussions. » 

Comme lors du bras-de-fer sur les retraites et de la crise des « Gilets jaunes », plusieurs pays ont dissuadé leurs ressortissants de se rendre en France. Les touristes étrangers ont déjà annulé 10 % de leurs réservations , 17 % dans l'hôtellerie de luxe. Même le cœur de Paris a été en proie aux pilleurs, observe la correspondante de la RAI (Radio-télévision italienne). « Une présence policière massive et des restrictions de la vie publique ordonnées par les autorités n'ont pas pu empêcher les nouveaux débordements » souligne, en Allemagne, la Süddeutsche Zeitung. Outre-Manche, les émeutes en France faisaient également l'ouverture de la plupart des médias anglais le 30 juin. La BBC, qui titrait sur « les pillages, les incendies et les violences », précisait que « la mort de l'adolescent a ravivé les griefs concernant la police et le profilage racial dans les banlieues françaises ». « Nous sommes dans un climat d'insurrection », rapportait le quotidien allemand Die Welt (30 juin). « La violence politique n'a jamais été taboue en France, pays de tradition révolutionnaire », rappelait le quotidien espagnol El Païs (30 juin).

Dans Atlantico (en lien ci-dessous), un universitaire tunisien, Salah El Gharbi, professeur de littérature française et écrivain, déplore que « les journalistes, qui devraient normalement éclairer la population, essaient de courtiser les gens en leur donnant ce qu'ils veulent entendre, plutôt que de les informer objectivement de la complexité de la situation réelle. » 

La sélection
La France, ses émeutiers et ses bugs d’intégration : quelques vérités bien senties venues du Maghreb.
Lire l'article sur : Atlantico
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