Islam
Terrorisme islamique : tirer les leçons de l’affaire Merah
Alors que va s’ouvrir à Paris, lundi 2 octobre, le procès du frère et d’un complice de Mohamed Merah, La Croix propose une synthèse des enseignements de cette sanglante affaire.
Mohamed Merah a été tué par la police antiterroriste le 22 mars 2012. Ses crimes commis à Toulouse et Montauban (7 morts, dont 3 enfants) ont inauguré un nouveau mode d’action terroriste « moins facilement détectable et effaçant les frontières entre délinquance et islamisme radical ».
Les services de renseignement connaissaient Merah. Pourtant, à l’époque, « on n’a pas vraiment perçu la gravité du phénomène et son caractère mondialisé » selon Jean-Pierre Filiu, professeur en histoire du Moyen-Orient à Sciences-Po.
Pour l’opinion publique, ce fut un premier réveil brutal avant les coups de massue des attentats de 2015 à Paris (Charlie Hebdo -12 morts- par les deux frères Kouachi le 7 janvier ; l'Hyper Casher -4 morts- par un complice des frères Kouachi, Amedy Coulibaly, le 9 janvier ; massacres du Bataclan et aux alentours -129 morts, 300 blessés- commis par un commando suicide le 13 novembre 2015).
Mais les traits communs entre Merah et les auteurs des attentats de 2015 (délinquants radicalisés en prison, séjours à l’étranger) mettront du temps à être établis. Il faudra réviser la théorie du « loup solitaire » pour explorer la notion de réseau. Puis l’émergence du «califat » en Irak en 2014 montrera l’ampleur de la menace.
Les attentats islamiques commis dans toute l’Europe (Berlin, Londres, Barcelone…) obligeront à sortir des débats franco-français sur la laïcité, l’intégration, la banlieue... Deux rapports parlementaires ont contribué à une meilleure connaissance des différents types de menaces djihadistes, intérieures et extérieures.
Reste des défauts de coopération et des rivalités entre services selon Jean-Pierre Filiu. Il pointe surtout l’absence d’une réflexion d’ampleur « condition pourtant nécessaire pour établir une stratégie opérationnelle », avis que partage un autre expert, Yves Trotignon : « Même les progrès technologiques et leur incidence sur le travail des services ou les techniques des terroristes n’ont pas été pensés. » A leur avis, une « vaste réforme » s’impose pour adapter les services de lutte contre le terrorisme à l’évolution permanente de cette guerre : « On ne peut pas à la fois dire ”c’est la guerre” et, en même temps, refuser de s’adapter. »
Remarque : cet article n’évoque pas la toute nouvelle Coordination nationale du renseignement (CNR) directement rattachée à l’Elysée sous la direction du préfet Pierre de Bousquet de Florian, ex-patron de la DST, chargée d’informer directement le chef de l’Etat (conformément au programme électoral d’Emmanuel Macron) (cf. Le Figaro du 30 septembre). On verra à l’usage l’efficacité de cette « task force » supposée coiffer les services sans se substituer à eux.
Mohamed Merah a été tué par la police antiterroriste le 22 mars 2012. Ses crimes commis à Toulouse et Montauban (7 morts, dont 3 enfants) ont inauguré un nouveau mode d’action terroriste « moins facilement détectable et effaçant les frontières entre délinquance et islamisme radical ».
Les services de renseignement connaissaient Merah. Pourtant, à l’époque, « on n’a pas vraiment perçu la gravité du phénomène et son caractère mondialisé » selon Jean-Pierre Filiu, professeur en histoire du Moyen-Orient à Sciences-Po.
Pour l’opinion publique, ce fut un premier réveil brutal avant les coups de massue des attentats de 2015 à Paris (Charlie Hebdo -12 morts- par les deux frères Kouachi le 7 janvier ; l'Hyper Casher -4 morts- par un complice des frères Kouachi, Amedy Coulibaly, le 9 janvier ; massacres du Bataclan et aux alentours -129 morts, 300 blessés- commis par un commando suicide le 13 novembre 2015).
Mais les traits communs entre Merah et les auteurs des attentats de 2015 (délinquants radicalisés en prison, séjours à l’étranger) mettront du temps à être établis. Il faudra réviser la théorie du « loup solitaire » pour explorer la notion de réseau. Puis l’émergence du «califat » en Irak en 2014 montrera l’ampleur de la menace.
Les attentats islamiques commis dans toute l’Europe (Berlin, Londres, Barcelone…) obligeront à sortir des débats franco-français sur la laïcité, l’intégration, la banlieue... Deux rapports parlementaires ont contribué à une meilleure connaissance des différents types de menaces djihadistes, intérieures et extérieures.
Reste des défauts de coopération et des rivalités entre services selon Jean-Pierre Filiu. Il pointe surtout l’absence d’une réflexion d’ampleur « condition pourtant nécessaire pour établir une stratégie opérationnelle », avis que partage un autre expert, Yves Trotignon : « Même les progrès technologiques et leur incidence sur le travail des services ou les techniques des terroristes n’ont pas été pensés. » A leur avis, une « vaste réforme » s’impose pour adapter les services de lutte contre le terrorisme à l’évolution permanente de cette guerre : « On ne peut pas à la fois dire ”c’est la guerre” et, en même temps, refuser de s’adapter. »
Remarque : cet article n’évoque pas la toute nouvelle Coordination nationale du renseignement (CNR) directement rattachée à l’Elysée sous la direction du préfet Pierre de Bousquet de Florian, ex-patron de la DST, chargée d’informer directement le chef de l’Etat (conformément au programme électoral d’Emmanuel Macron) (cf. Le Figaro du 30 septembre). On verra à l’usage l’efficacité de cette « task force » supposée coiffer les services sans se substituer à eux.