Terrorisme et radicalisation : pas d'expulsions, pas de visas
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Terrorisme et radicalisation : pas d'expulsions, pas de visas

Par Judikael Hirel. Synthèse n°1121, Publiée le 16/11/2020
Jamais le terroriste de Nice n’aurait pu venir dans l’Hexagone pour tuer. Mais pour ceux déjà présents, comment les expulser, de même que les personnes radicalisées ? Le dire est facile, le faire beaucoup moins.

En effet, nombreux sont les islamistes incarcérés dans les prisons françaises, à avoir été libérés cette année : 63 depuis début 2020, une vingtaine d’autres d’ici la fin de l’année, mais aussi 70 l’an prochain, une cinquantaine l’année suivante, une trentaine à l’horizon 2023. Bien souvent des djihadistes de la première vague, aguerris et prêts à tout, notamment à recommencer et à mourir. Clairement, leur suivi socio-judiciaire a bien peu de chances d’être effectif après leur libération. Quant au suivi administratif, le Micas (Mesures individuelles de contrôle et de surveillance), il ne peut être imposé que pour six mois, et n'est renouvelable qu'une fois.

Comment faire, alors, pour réduire la menace ? Déjà, en expulsant ceux qui peuvent l’être. Le cas des citoyens français étant hélas plus complexe encore, le gouvernement compte apparemment commencer par mettre l’accent sur les ressortissants de pays du Maghreb se trouvant en situation irrégulière sur le territoire national. Le marché serait clair, au lendemain d’une tournée française sur place : des visas contre des expulsions. C’est ce qu’a confirmé le 15 novembre le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, sur l’antenne d’Europe 1. En effet, le principal obstacle à ces expulsions, "c’est que les pays d’origine ou de transit refusent". Gérard Darmanin a donc évoqué la question de faire usage du levier des visas pour faire pression sur les pays tels que l’Algérie, le Maroc ou la Tunisie pour qu’ils acceptent de reprendre leurs ressortissants sur leur sol. Faute de bonne volonté en la matière, la France pourrait décider de restreindre l’octroi de visas à certains responsables politiques des pays ciblés. "En ciblant des personnes, des responsables politiques, des responsables économiques, c’est un des leviers que le président de la République et le ministre de l’Intérieur envisagent", a expliqué Clément Beaune.

Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 231 étrangers en situation irrégulière sont à l’heure actuelle suivis pour "radicalisation", dont plusieurs dizaines d’Algériens, une soixantaine de Tunisiens et autant de Marocains. Bien sûr, cette réduction "ciblée", en concertation avec les autres pays de l'espace Schengen, du nombre de visas attribués aux pays rechignant à reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière radicalisés ou soupçonnés de radicalisation ne constitue pas en soi une solution au danger terroriste dans l’Hexagone. Mais il s'agit au moins d'une première forme de réponse face à la menace islamiste. Enfin, serait-on tenté de dire, après des décennies d'angélisme meurtrier.
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