
Russie/Grande-Bretagne : à qui profite le crime ?
1) La cible : convaincu d’être un agent double, Sergeï Skripal avait été arrêté et condamné pour trahison en Russie puis « échangé » contre des espions occidentaux. Il semblait devenu inoffensif pour le Kremlin. Mais son élimination aurait servi d’exemple et d’avertissement pour d’autres Russes installés en Occident. Un cas qui rappelle celui de Litvinenko, assassiné à Londres en 2006 avec du polonium 210, radioactif d’origine russe, versé dans son thé (son protecteur, Boris Berezovski, adversaire de Poutine réfugié lui aussi en Grande-Bretagne, avait quant à lui été retrouvé pendu dans sa douche en 2013).
2) L’arme : un gaz innervant dont la Russie aurait la recette exclusive, « signe » l’attentat alors qu’il aurait été facile aux services secrets russes de procéder discrètement. Choix délibéré pour intimider ? On peut aussi juger cette « signature » trop évidente pour être une charge crédible contre Poutine. Est-il vraiment impossible que des membres d’une mafia russe ou d’un service secret étranger disposent d’échantillons de ce poison « maison » ? Et pourquoi Theresa May a-t-elle aussitôt rejeté la proposition du Kremlin de lui adresser un échantillon de ce produit à des fins d’analyse, voire d’antidote ?
3) Le moment : à quelques jours de l’élection présidentielle en Russie, il s’agirait non d'assurer la réélection de Poutine - elle est garantie - mais de lui assurer un triomphe dès le premier tour, dimanche prochain, 18 mars. Le maître du Kremlin n'a pas peur d'éliminer les traîtres en défiant l'Occident ! Mais une crise diplomatique de cette ampleur, n’est-ce pas cher payer un regain de popularité, alors que celle-ci a déjà de quoi faire pâlir d’envie les dirigeants occidentaux ?