Sciences

Une réserve d'eau gigantesque au cœur de la planète Mars

Par Janus Maat - Publié le 06/09/2024 - La planète Mars - Image NASA/JPL Caltech
Des chercheurs de Berkeley, dirigés par Vashan Wright, ont découvert une grande réserve d'eau à 15 km sous la surface de Mars, pouvant expliquer la disparition des rivières martiennes. Utilisant des données sismiques de la sonde Insight, ils ont modélisé l'intérieur de la planète. Cette découverte, encore débattue, pourrait relancer le débat sur la présence possible de vie sous la surface martienne.

Le mystère de la disparition des rivières martiennes serait-il sur le point d'être enfin résolu ? Une équipe de chercheur de l'Université de Berkeley en Californie, dirigée par le physicien Vashan Wright, affirme avoir découvert une réserve d'eau monumentale à 15 kilomètres de profondeur, sous le sol de la planète rouge. Si leur résultat est confirmé, cela résoudrait l'un des plus grands mystères de la disparition de l'eau martienne.

Mars est la quatrième planète du système solaire. Située à plus de 200 millions de kilomètres du Soleil, elle est sept fois plus petite. Plus éloignée du soleil que nous ne le sommes, sa température varie en été entre -143 degrés la nuit et +20 degrés en pleine journée à l'équateur. En effet, sa très (trop) fine couche d'atmosphère, faite principalement de dioxyde de carbone, n'admet aucune forme de vie en surface et ne permet pas de réguler sa chaleur.

On sait qu'il existe de l'eau sous forme de glace ou de permafrost au niveau des pôles de la planète rouge. Mais de nombreuses traces de lits de rivières asséchées, ou de mers intérieures, intriguaient les chercheurs depuis des années. D'après leurs estimations, Mars était (comme la Terre) recouverte d'eau il y a plus de 3,5 milliards d'années. Puis, un changement dans le champ magnétique de la planète, accompagné d'une raréfaction de son atmosphère ont eu raison de l'eau de surface : lacs et rivières martiennes ont disparu. Cependant, aucun modèle théorique n'arrivait à reproduire une telle évaporation.

L'équipe de Berkeley s'est alors mise en tête de trouver ce qui se cachait sous le manteau de roches martiennes. Mais comment ont-ils fait ? Leur technique est en fait assez simple, et déjà éprouvée dans le domaine des exoplanètes, afin de déterminer leur composition interne. Pour mieux le comprendre, prenez un œuf. Ou plutôt, de deux œufs. Faites en cuire un laissez le second cru. Posez-les sur la table, et faites les tourner. Vous verrez que l'œuf dur tournera bien plus rapidement que l'œuf cru. Pourquoi donc ? Parce que l'intérieur d'un œuf cru est composé d'une substance liquide, et pour le faire tourner rapidement, il faut lui donner une impulsion bien plus forte au départ, puisqu'il est difficile de faire tourner le liquide à l'intérieur de l'œuf. Pour vous en convaincre, demain matin, déposez des miettes à la surface de votre café, et faites tourner la tasse. Vous verrez que vos miettes bougeront à peine. Quand vous faites tourner un œuf dur par-contre, comme tout son intérieur est solidement lié avec la coquille, vous imprimez le mouvement à l'ensemble de l'œuf. Voila, vous venez de reproduire l'expérience de Vashan Wright dans votre cuisine. Ou presque.

En effet, cette technique d'observation de la rotation des planètes, à l'image des œufs, permet de déterminer la composition (liquide, solide ou gazeux) des planètes très lointaines. L'équipe de Vashan Wright a quant à elle utilisé les données de la sonde spatiale de la NASA Insight, qui s'est posée sur Mars en 2018. Celle-ci joue le rôle d'un sismographe et mesure les tremblements de Mars. Ceux-ci peuvent être dus à des mouvements tectoniques, comme sur la Terre, où provoqués par des impacts violents de météorites. De la même manière que de frapper sur une surface en huile ne provoque pas les même vagues que de frapper sur de l'eau, l'analyse détaillée des ondes sismiques générées par ces tremblements martiens permettent de remonter jusqu'à la composition à l'intérieur même de la planète.

Accumulant plus de 4 ans de données, analysant plus de 1000 tremblements martiens, les chercheurs ont ainsi réussi à modéliser le contenu de Mars, et ont conclu à la présence d'une réserve d'eau sous-martienne située entre 11.5 et 20 kilomètres sous la surface. La quantité d'eau serait telle qu'elle pourrait recouvrir la planète entière d'un océan de 1km de profondeur ! Une nappe phréatique géante en quelque sorte. La présence d'un tel volume s'eau sous le sol martien permet en plus de résoudre l'énigme des lacs et rivières anciennement disparus : l'eau se serait infiltrée dans les roches, jusqu'à former cette poche géante.

Et pourquoi pas rêver. Sur Terre, des formes de vie se développent régulièrement dans des environnements aquatiques sous-terrains parmi les plus hostiles, même dépourvus de lumière. Ne serait-il pas alors possible d'imaginer que des formes de vie, même primaires, aient émergé sous le sol martien au cours de ces milliards d'années ? Même si cette découverte très récente reste encore sujette à débat, notamment par des équipes du laboratoire de géologie de l'ENS Lyon, il faudra plusieurs années pour pouvoir répondre à cette question Aucun programme spatial sérieux ne peut en effet à ce jour imaginer l'envoi sur Mars d'instruments capables de forer à de telles profondeurs. Dans tous les cas, le futur promet d'être très riche dans l'étude de notre planète la plus proche, qui a de tout temps inspiré scientifiques, écrivains et cinéastes : Mars.

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