Politique
Que faire des « revenants » djihadistes ?
Le sort à réserver aux combattants de l'Etat islamique (Daech) de nationalité française détenus par les Kurdes en territoire syrien embarrasse le gouvernement. Ces djihadistes (ils seraient une trentaine, plus leurs femmes et leurs enfants), ont échappé à l’élimination sur le terrain à laquelle se sont livrés nos services spéciaux en Syrie ou en Irak comme l’avait reconnu François Hollande et, plus récemment, la ministre de la Défense, Florence Parly. De fait, l’avenir de ces djihadistes est un casse-tête : si le droit international donne compétence aux Kurdes pour les juger, ils veulent s’en débarrasser, ayant d’autres chats à fouetter. Lâchés par l’allié américain et menacés par les Turcs, les Kurdes se tourneraient vers la Syrie avec laquelle la France n’entretient plus de relations diplomatiques. Difficile pour Paris d’admettre que ces djihadistes de nationalité française soient livrés à Bachar : le président syrien en détient déjà quelques-uns et compte bien s’en servir en menaçant de les relâcher pour contraindre Paris à rouvrir son ambassade à Damas (ce qu’au demeurant, le réalisme enjoint de faire). Et puis, il y a le sort des femmes de ces djihadistes et surtout d’une cinquantaine d’enfants.
Opposé jusqu’ici au retour des djihadistes français détenus par les Kurdes en Syrie, le gouvernement vient donc de changer de position. « S’ils sont expulsés, je préfère qu’ils soient jugés et condamnés, sévèrement […] punis en France plutôt qu’ils se dispersent dans la nature pour fomenter d’autres actions y compris contre notre pays », a déclaré le Premier ministre sur France Inter, le 30 janvier. Ces prochaines semaines, une trentaine d’hommes adultes, ainsi que des femmes et des enfants pour un total d’environ 110 personnes détenues dans des camps en Syrie sous la surveillance des Kurdes, vont être rapatriés et s’agissant de adultes, jugés au titre de l’article 113-13 de notre Code pénal : « La loi pénale française s'applique aux crimes et délits qualifiés d'actes de terrorisme … commis à l'étranger par un Français ou par une personne résidant habituellement sur le territoire français ». A droite, une partie de l’opposition crie au scandale, le gouvernement répond qu’il n’y a pas d’autre moyen acceptable pour que ces combattants islamistes soient réellement neutralisés et répondent de leurs actes. Tel est aussi l’avis qu’exprime Jean-Charles Brisard, président du Centre d'analyse du terrorisme (CAT) dans un entretien au Figaro .
Mais de nombreuses questions restent ouvertes. Comment ces djihadistes pourront-ils être mis durablement hors de nuire (actuellement, la peine moyenne prononcée à l'encontre des djihadistes « revenants » est d'environ huit ans de prison, ce qui est notoirement insuffisant) ? Comment prévenir la contagion islamique en prison alors que l’administration pénitentiaire compte déjà 14.207 détenus en surnombre ? Comment éviter que ces « revenants » ne deviennent des héros dans les banlieues ? Quelle rééducation et quel suivi pour leurs femmes et leurs enfants ? Rien que cette année, une trentaine d’islamistes ayant purgé leur peine en France, vont sortir de prison. Les mesures de sécurité qui accompagneront leur libération seront un test du « suivi extrêmement strict » promis par la ministre de la justice, Nicole Belloubet, sur RTL, ce 31 janvier…
Dans cet autre entretien au Figaro (en lien ci-dessous), l'avocat Guillaume Jeanson détaille les problèmes judiciaires et sécuritaires que pose le retour en France des djihadistes de nationalité française.
Opposé jusqu’ici au retour des djihadistes français détenus par les Kurdes en Syrie, le gouvernement vient donc de changer de position. « S’ils sont expulsés, je préfère qu’ils soient jugés et condamnés, sévèrement […] punis en France plutôt qu’ils se dispersent dans la nature pour fomenter d’autres actions y compris contre notre pays », a déclaré le Premier ministre sur France Inter, le 30 janvier. Ces prochaines semaines, une trentaine d’hommes adultes, ainsi que des femmes et des enfants pour un total d’environ 110 personnes détenues dans des camps en Syrie sous la surveillance des Kurdes, vont être rapatriés et s’agissant de adultes, jugés au titre de l’article 113-13 de notre Code pénal : « La loi pénale française s'applique aux crimes et délits qualifiés d'actes de terrorisme … commis à l'étranger par un Français ou par une personne résidant habituellement sur le territoire français ». A droite, une partie de l’opposition crie au scandale, le gouvernement répond qu’il n’y a pas d’autre moyen acceptable pour que ces combattants islamistes soient réellement neutralisés et répondent de leurs actes. Tel est aussi l’avis qu’exprime Jean-Charles Brisard, président du Centre d'analyse du terrorisme (CAT) dans un entretien au Figaro .
Mais de nombreuses questions restent ouvertes. Comment ces djihadistes pourront-ils être mis durablement hors de nuire (actuellement, la peine moyenne prononcée à l'encontre des djihadistes « revenants » est d'environ huit ans de prison, ce qui est notoirement insuffisant) ? Comment prévenir la contagion islamique en prison alors que l’administration pénitentiaire compte déjà 14.207 détenus en surnombre ? Comment éviter que ces « revenants » ne deviennent des héros dans les banlieues ? Quelle rééducation et quel suivi pour leurs femmes et leurs enfants ? Rien que cette année, une trentaine d’islamistes ayant purgé leur peine en France, vont sortir de prison. Les mesures de sécurité qui accompagneront leur libération seront un test du « suivi extrêmement strict » promis par la ministre de la justice, Nicole Belloubet, sur RTL, ce 31 janvier…
Dans cet autre entretien au Figaro (en lien ci-dessous), l'avocat Guillaume Jeanson détaille les problèmes judiciaires et sécuritaires que pose le retour en France des djihadistes de nationalité française.