Santé
Omicron: faut-il sonner le tocsin ?
Pieter Streicher est un chercheur de l’Université de Johannesburg dont la spécialité est l’analyse de données épidémiologiques. Il a été interviewé par UnHerd (voir la vidéo en lien) pour commenter les graphiques établis sur la base des relevés effectués dans la province du Gauteng (où se situe la métropole Johannesburg, concentrant plus d’un quart de la population du pays). On rappelle que le variant Omicron de la Covid-19 a été identifié par les Sud-Africains et que, depuis, ils cherchent à rassurer la communauté internationale : s’il est bien plus contagieux, les symptômes sont bénins en comparaison avec le variant Delta. Malgré ces informations répétées, les pays d’Europe de l’Ouest et les États-Unis sonnent l’alarme parlant de « vague déferlante » ou « d’explosion des cas ».
Où en est-on dans la province du Gauteng et quelles sont vos prédictions ? (1’15’’)
On voit clairement que la phase de croissance exponentielle est plus forte avec Omicron qu’avec Delta. Mais la courbe s’infléchit aussi en décélérant rapidement. On sait dans quelle partie de la province les premiers cas d’Omicron sont apparus. Or la phase exponentielle s’y est arrêtée le 4 décembre déjà.
Les projections en Europe de l’Ouest semblent très pessimistes : elles prévoient une phase exponentielle bien plus longue que ce que vous décrivez dans le Gauteng (2’50’’)
On manque de recul sur Omicron mais le scénario prédit par les autorités de santé en Europe surprend Pieter Streicher. Toutes les vagues indiquent que le plateau épidémique est atteint avec une moyenne d’infection en dessous de 30% de la population. Avec Omicron, on estime entre 20% et 25% des habitants du Gauteng infectés. Certainement pas au-delà des 50% estimés par certains épidémiologistes européens. On semble répéter les mêmes erreurs d’analyse que pour les précédentes vagues.
Pourquoi un seuil si bas ? (4’00’’)
Parce qu’une population ne présente pas une vulnérabilité uniforme face à une épidémie. La réalité est très complexe : les personnes immunodéprimées sont les plus fragiles et plus susceptibles de transmettre le virus. Or, elles ne représentent qu’une faible minorité de la population. Les habitudes sociales jouent beaucoup par ailleurs. En réalité, la majorité des personnes ont un système immunitaire qui offre une barrière efficace contre l’infection et la propagation. Voilà pourquoi le pic est atteint avec moins de 30% de la population infectée…
Suivre la courbe des cas positifs n’est pas un critère solide. Intéressons-nous plutôt aux hospitalisations (6’00’’)
On compare les admissions à l’hôpital entre Delta et Omicron. Au départ, on observe des taux d’admission similaires, donc élevés. Mais la durée d’hospitalisation est beaucoup plus faible avec Omicron (2,8 jours contre 8,5 avec Delta). Les hôpitaux sud-africains ne sont pas sous tension.
Pourquoi un tel pessimisme en Europe ? (8’45’’)
Si 80% de la population est infectée avec Omicron, alors mécaniquement on aura une tension au moins aussi forte qu’avec 20% infectée par Delta. Mais un tel seuil n’est pas réaliste. Les autorités européennes ont tendance à présenter d’abord le pire scénario : comme si rien n’était fait. Or, le comportement des gens a changé. On devrait logiquement présenter le scénario médian, prenant en compte la réalité d’aujourd’hui. Les exemples suédois et sud-africain démontrent que des mesures contraignantes raisonnables permettent d’infléchir rapidement les courbes.
L’autre enseignement majeur est qu’Omicron est bénin par rapport à Delta (16’00)
On estime à ce stade qu’Omicron provoque 25 fois moins de décès que Delta. 6 fois moins de besoins en oxygénation. La létalité du variant Delta était de 3%, ce qui est significatif – à comparer avec 0,42% pour Omicron – sur la même population du Gauteng.
Les chiffres de décès sont eux-mêmes disputés (20’30’’) : on inclut les personnes positives alors que nombre d’entre elles ne sont pas mortes de la Covid.
Pour cette raison, il vaut mieux observer le taux de mortalité moyen. Les premiers chiffres locaux indiquent que la surmortalité – liée à la montée d’Omicron – est statistiquement négligeable.
Omicron est-il le dernier sursaut de l’épidémie de la Covid-19 ? (24’30’’)
Il faut être prudent car on ne peut pas exclure l’arrivée de nouveaux variants. Mais l’histoire des épidémies nous enseigne qu’elles s’éteignent en devenant plus contagieuses et plus bénignes. Des inconnues subsistent néanmoins quant à l’impact d’Omicron sur la population européenne. Elle est plus âgée en moyenne, donc plus fragile, et l’hémisphère nord est en hiver ce qui favorise la circulation d’Omicron comme d’autres virus…
Cela pourrait aussi rapidement calmer les débats (27’30’’)
Une maladie qui se dilue comme un rhume bénin rend caduque la question épineuse du « passe vaccinal » et de la limitation des libertés fondamentales. La nature pourrait calmer les passions humaines en réglant – avec l’aide des avancées médicales – le sort d’un virus qui a déjà causé de grands dégâts sociaux.
Où en est-on dans la province du Gauteng et quelles sont vos prédictions ? (1’15’’)
On voit clairement que la phase de croissance exponentielle est plus forte avec Omicron qu’avec Delta. Mais la courbe s’infléchit aussi en décélérant rapidement. On sait dans quelle partie de la province les premiers cas d’Omicron sont apparus. Or la phase exponentielle s’y est arrêtée le 4 décembre déjà.
Les projections en Europe de l’Ouest semblent très pessimistes : elles prévoient une phase exponentielle bien plus longue que ce que vous décrivez dans le Gauteng (2’50’’)
On manque de recul sur Omicron mais le scénario prédit par les autorités de santé en Europe surprend Pieter Streicher. Toutes les vagues indiquent que le plateau épidémique est atteint avec une moyenne d’infection en dessous de 30% de la population. Avec Omicron, on estime entre 20% et 25% des habitants du Gauteng infectés. Certainement pas au-delà des 50% estimés par certains épidémiologistes européens. On semble répéter les mêmes erreurs d’analyse que pour les précédentes vagues.
Pourquoi un seuil si bas ? (4’00’’)
Parce qu’une population ne présente pas une vulnérabilité uniforme face à une épidémie. La réalité est très complexe : les personnes immunodéprimées sont les plus fragiles et plus susceptibles de transmettre le virus. Or, elles ne représentent qu’une faible minorité de la population. Les habitudes sociales jouent beaucoup par ailleurs. En réalité, la majorité des personnes ont un système immunitaire qui offre une barrière efficace contre l’infection et la propagation. Voilà pourquoi le pic est atteint avec moins de 30% de la population infectée…
Suivre la courbe des cas positifs n’est pas un critère solide. Intéressons-nous plutôt aux hospitalisations (6’00’’)
On compare les admissions à l’hôpital entre Delta et Omicron. Au départ, on observe des taux d’admission similaires, donc élevés. Mais la durée d’hospitalisation est beaucoup plus faible avec Omicron (2,8 jours contre 8,5 avec Delta). Les hôpitaux sud-africains ne sont pas sous tension.
Pourquoi un tel pessimisme en Europe ? (8’45’’)
Si 80% de la population est infectée avec Omicron, alors mécaniquement on aura une tension au moins aussi forte qu’avec 20% infectée par Delta. Mais un tel seuil n’est pas réaliste. Les autorités européennes ont tendance à présenter d’abord le pire scénario : comme si rien n’était fait. Or, le comportement des gens a changé. On devrait logiquement présenter le scénario médian, prenant en compte la réalité d’aujourd’hui. Les exemples suédois et sud-africain démontrent que des mesures contraignantes raisonnables permettent d’infléchir rapidement les courbes.
L’autre enseignement majeur est qu’Omicron est bénin par rapport à Delta (16’00)
On estime à ce stade qu’Omicron provoque 25 fois moins de décès que Delta. 6 fois moins de besoins en oxygénation. La létalité du variant Delta était de 3%, ce qui est significatif – à comparer avec 0,42% pour Omicron – sur la même population du Gauteng.
Les chiffres de décès sont eux-mêmes disputés (20’30’’) : on inclut les personnes positives alors que nombre d’entre elles ne sont pas mortes de la Covid.
Pour cette raison, il vaut mieux observer le taux de mortalité moyen. Les premiers chiffres locaux indiquent que la surmortalité – liée à la montée d’Omicron – est statistiquement négligeable.
Omicron est-il le dernier sursaut de l’épidémie de la Covid-19 ? (24’30’’)
Il faut être prudent car on ne peut pas exclure l’arrivée de nouveaux variants. Mais l’histoire des épidémies nous enseigne qu’elles s’éteignent en devenant plus contagieuses et plus bénignes. Des inconnues subsistent néanmoins quant à l’impact d’Omicron sur la population européenne. Elle est plus âgée en moyenne, donc plus fragile, et l’hémisphère nord est en hiver ce qui favorise la circulation d’Omicron comme d’autres virus…
Cela pourrait aussi rapidement calmer les débats (27’30’’)
Une maladie qui se dilue comme un rhume bénin rend caduque la question épineuse du « passe vaccinal » et de la limitation des libertés fondamentales. La nature pourrait calmer les passions humaines en réglant – avec l’aide des avancées médicales – le sort d’un virus qui a déjà causé de grands dégâts sociaux.