Politique
McKinsey, le cabinet de conseil au cœur du pouvoir, accusé d'évasion fiscale
Il aura fallu la sortie d’un livre enquête en février dernier, Comment les cabinets de conseil ont pris le contrôle de l'État (Allary Editions), rédigé par les journalistes Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre, pour apprendre à quel point le ver était dans le fruit (Lire ici notre Sélection du jour à ce sujet). Non seulement les cabinets de conseils sont au cœur de l’État et de l’action publique, mais ils finissent même par en dicter l'action. "Même le baromètre de l'action publique a été créé par un cabinet, Cap Gemini, s’amuse presque la sénatrice Eliane Assassi. Trois millions d'euros, cela fait cher le baromètre. Nous avons identifié une prestation de 4 millions d'euros à McKinsey pour la réduction de 5 euros des APL..."
Le plus connu est sans doute ce dernier, surnommé "La Firme", fort de 33 000 salariés, pour 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Une firme dans la tourmente alors que le sénat vient de dévoiler son rapport sur la présence et le coût des cabinets de conseil au sein de l’action du gouvernement : il aura mené près de cinquante missions pour l’État au cours du quinquennat d’Emmanuel Macron... Une révélation toute particulière fait l’effet d’une bombe : ce cabinet n’aurait pas payé d'impôt sur les sociétés en France depuis au moins 10 ans. Les sénateurs-enquêteurs parlent même d'un "exemple caricatural d’optimisation fiscale". En effet, si McKinsey est "bien assujetti à l'impôt sur les sociétés en France", il a des versements qui "s'établissent à zéro euro depuis au moins dix ans". Et ce malgré un chiffre d'affaires sur le territoire national s’élevant à 329 millions d'euros en 2020. La commission sénatoriale a par ailleurs saisi le procureur sur les propos de Karim Tadjeddine affirmant que son cabinet payait l’impôt sur les sociétés en France : un faux témoignage à leurs yeux. "Je le dis très nettement Nous payons l’impôt sur les sociétés en France et l’ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France", avait en effet affirmé, sous serment, le responsable du pôle secteur public de McKinsey…
Les nuages s’accumulent donc au-dessus de ce cabinet. Le fait que Victor Fabius, directeur associé du cabinet McKinsey, soir le fils du président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, pose déjà question en soi en période électorale. Mais l’aide active et gracieuse, accordée par de nombreux membres de ce cabinet à la création d’En Marche et à la campagne victorieuse d’Emmanuel Macron interroge tout autant. Karim Tadjeddine avait d’ailleurs travaillé avec lui au sein de la commission Attali en 2007, puis pour sa campagne en 2017. Faut-il voir dans tous ces contrats un généreux retour sur investissement, un hold-up d’État ? "Emmanuel Macron doit s'expliquer sur le recours massif de l'État à l'entreprise McKinsey dont le Sénat révèle qu'elle ne paye pas ses impôts en France. Comment pouvait-il ne pas le savoir ? Le Président sortant doit rendre des comptes", estime pour sa part la candidate LR, Valérie Pécresse. Quelle influence ces révélations au sujet de ce cabinet de conseil au cœur du pouvoir peuvent-elles avoir sur la campagne de réélection de l’actuel locataire de l’Élysée ? Les semaines à venir le diront.
Le plus connu est sans doute ce dernier, surnommé "La Firme", fort de 33 000 salariés, pour 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Une firme dans la tourmente alors que le sénat vient de dévoiler son rapport sur la présence et le coût des cabinets de conseil au sein de l’action du gouvernement : il aura mené près de cinquante missions pour l’État au cours du quinquennat d’Emmanuel Macron... Une révélation toute particulière fait l’effet d’une bombe : ce cabinet n’aurait pas payé d'impôt sur les sociétés en France depuis au moins 10 ans. Les sénateurs-enquêteurs parlent même d'un "exemple caricatural d’optimisation fiscale". En effet, si McKinsey est "bien assujetti à l'impôt sur les sociétés en France", il a des versements qui "s'établissent à zéro euro depuis au moins dix ans". Et ce malgré un chiffre d'affaires sur le territoire national s’élevant à 329 millions d'euros en 2020. La commission sénatoriale a par ailleurs saisi le procureur sur les propos de Karim Tadjeddine affirmant que son cabinet payait l’impôt sur les sociétés en France : un faux témoignage à leurs yeux. "Je le dis très nettement Nous payons l’impôt sur les sociétés en France et l’ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France", avait en effet affirmé, sous serment, le responsable du pôle secteur public de McKinsey…
Les nuages s’accumulent donc au-dessus de ce cabinet. Le fait que Victor Fabius, directeur associé du cabinet McKinsey, soir le fils du président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, pose déjà question en soi en période électorale. Mais l’aide active et gracieuse, accordée par de nombreux membres de ce cabinet à la création d’En Marche et à la campagne victorieuse d’Emmanuel Macron interroge tout autant. Karim Tadjeddine avait d’ailleurs travaillé avec lui au sein de la commission Attali en 2007, puis pour sa campagne en 2017. Faut-il voir dans tous ces contrats un généreux retour sur investissement, un hold-up d’État ? "Emmanuel Macron doit s'expliquer sur le recours massif de l'État à l'entreprise McKinsey dont le Sénat révèle qu'elle ne paye pas ses impôts en France. Comment pouvait-il ne pas le savoir ? Le Président sortant doit rendre des comptes", estime pour sa part la candidate LR, Valérie Pécresse. Quelle influence ces révélations au sujet de ce cabinet de conseil au cœur du pouvoir peuvent-elles avoir sur la campagne de réélection de l’actuel locataire de l’Élysée ? Les semaines à venir le diront.