Spiritualité
Marie, enquête sur la plus illustre des femmes
A la veille de Noël, c’est une actualité universelle, permanente et internationale qui fait la une du Figaro Magazine, avec une enquête du journaliste et écrivain Jean Sévillia sur « Marie, Mère du Christ, Vierge et sainte ». L’humble jeune fille de Nazareth est connue dans le monde entier, mais d’une façon souvent très sommaire et lacunaire. Il est vrai que les Évangiles sont très discrets à son sujet. Marie est citée par Matthieu et Luc à l’occasion de la naissance de Jésus à Bethléem (fêtée le 25 décembre depuis le IIIe siècle), mais les évangélistes restent très laconiques à son sujet. Luc cite son nom douze fois, Matthieu cinq, Marc une seule fois, et Jean ne l'appelle que la «mère de Jésus». Jean Sévillia observe que le seul titre que Marie se donne elle-même dans le Nouveau Testament est celui d'«esclave» ou de «servante» (Lc 1, 38 et 48).
Son nom, Myriam ou Maria, revient aussi dans les Actes des Apôtres et dans les apocryphes. Ceux-ci ne peuvent être négligés, car ils reprennent des traditions orales, alors premier vecteur d’information. Grâce au Protévangile de Jacques (IIe siècle), la tradition a retenu que Marie était née de parents âgés, Anne et Joachim, tous deux appartenant au même clan davidique que Joseph, le charpentier de Nazareth, auquel ils accordèrent leur fille en mariage alors qu’elle avait une quinzaine d’années. Ces fiançailles étaient un engagement irrévocable mais excluaient la cohabitation jusqu’au mariage. D’où le choc de Joseph découvrant que sa future épouse est enceinte «avant qu'ils eussent habité ensemble ». Mais l'ange va l’éclairer : «Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ton épouse ; car ce qui a été engendré en elle est de par l'Esprit saint» (Mt 1,18-20). Marie, elle, connaissait le dessein de Dieu depuis l’Annonciation que lui fit l’ange Gabriel (Lc 1,26-38). Quelques mois plus tard, en visite chez sa cousine Elisabeth, elle aussi enceinte, Marie laisse éclater sa joie dans le Magnificat (Lc 1,39-56). C’est encore à Luc que l’on doit le récit de la naissance de Jean-Baptiste, de la naissance puis de la circoncision de Jésus, de sa présentation au Temple, et de la prophétie du vieillard Syméon (Lc 2,1-35).
Ensuite, à l’exception du recouvrement de Jésus au Temple quand il avait 12 ans (Lc 2,41-52), c’est le silence sur l’enfance et la jeunesse de Jésus, et donc sur Marie. Elle réapparaît dans quelques épisodes de la vie publique du Christ. Elle accompagne ses deux premières montées à Jérusalem, elle lui suggère son premier miracle - changer l'eau en vin- aux noces de Cana. Avec lui à Jérusalem, durant la Pâque de l'an 30, elle se trouve au pied de la Croix où son fils, avant de mourir, la confie à son disciple Jean (Jn 19, 26-27). A la Pentecôte, Marie se tient dans la chambre haute où les disciples, qui forment l'Eglise naissante, reçoivent l'effusion de l'Esprit (Ac. 2, 1-13). Le Nouveau Testament ne précise pas quand ni comment elle quitta ce monde (à Éphèse ou à Jérusalem selon diverses traditions).
La théologie mariale (ou « mariologie ») s’est développée à partir des Écritures et de la Tradition. L'Eglise n'a jamais cessé d'affirmer que Marie était vierge avant et après la naissance du Christ, ce qui est aussi difficile à croire que la résurrection de Jésus. Ces deux dogmes sont «un scandale pour l'esprit moderne» (Joseph Ratzinger). Dès le IIIe siècle, Marie est appelée « Theotokos », celle qui a enfanté Dieu, titre confirmé par le concile d’Éphèse en 431 et explicité en 451 par le concile de Chalcédoine (qui précise la double nature du Christ, vrai Dieu et vrai homme). En 1854, le pape Pie IX proclame le dogme de l'Immaculée Conception (à ne pas confondre avec la conception virginale de Jésus) affirmant que la Vierge, par une grâce unique, a été préservée du péché originel. Enfin, en 1950, le pape Pie XII érige en dogme l'Assomption (Marie élevée au Ciel corps et âme), tradition rapportée dès le IIe siècle et confirmée par le fait qu’ « à aucun moment, même au Moyen Age chrétien qui a produit des milliers de fausses reliques, on n'a vénéré de relique corporelle de Marie ».
Les apparitions mariales sont particulièrement nombreuses dans les temps modernes - 2400 sont documentées. Mais l’Eglise en a reconnu très peu à ce jour. Parmi ces dernières, les plus célèbres sont Guadalupe au Mexique, Lourdes en France, Fatima au Portugal, Zeitoun en Egypte, Kibeho au Rwanda. Très renommées elles aussi, les apparitions de Medjugorje en Bosnie-Herzégovine font toujours l’objet d’une enquête du Saint-Siège.
Son nom, Myriam ou Maria, revient aussi dans les Actes des Apôtres et dans les apocryphes. Ceux-ci ne peuvent être négligés, car ils reprennent des traditions orales, alors premier vecteur d’information. Grâce au Protévangile de Jacques (IIe siècle), la tradition a retenu que Marie était née de parents âgés, Anne et Joachim, tous deux appartenant au même clan davidique que Joseph, le charpentier de Nazareth, auquel ils accordèrent leur fille en mariage alors qu’elle avait une quinzaine d’années. Ces fiançailles étaient un engagement irrévocable mais excluaient la cohabitation jusqu’au mariage. D’où le choc de Joseph découvrant que sa future épouse est enceinte «avant qu'ils eussent habité ensemble ». Mais l'ange va l’éclairer : «Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ton épouse ; car ce qui a été engendré en elle est de par l'Esprit saint» (Mt 1,18-20). Marie, elle, connaissait le dessein de Dieu depuis l’Annonciation que lui fit l’ange Gabriel (Lc 1,26-38). Quelques mois plus tard, en visite chez sa cousine Elisabeth, elle aussi enceinte, Marie laisse éclater sa joie dans le Magnificat (Lc 1,39-56). C’est encore à Luc que l’on doit le récit de la naissance de Jean-Baptiste, de la naissance puis de la circoncision de Jésus, de sa présentation au Temple, et de la prophétie du vieillard Syméon (Lc 2,1-35).
Ensuite, à l’exception du recouvrement de Jésus au Temple quand il avait 12 ans (Lc 2,41-52), c’est le silence sur l’enfance et la jeunesse de Jésus, et donc sur Marie. Elle réapparaît dans quelques épisodes de la vie publique du Christ. Elle accompagne ses deux premières montées à Jérusalem, elle lui suggère son premier miracle - changer l'eau en vin- aux noces de Cana. Avec lui à Jérusalem, durant la Pâque de l'an 30, elle se trouve au pied de la Croix où son fils, avant de mourir, la confie à son disciple Jean (Jn 19, 26-27). A la Pentecôte, Marie se tient dans la chambre haute où les disciples, qui forment l'Eglise naissante, reçoivent l'effusion de l'Esprit (Ac. 2, 1-13). Le Nouveau Testament ne précise pas quand ni comment elle quitta ce monde (à Éphèse ou à Jérusalem selon diverses traditions).
La théologie mariale (ou « mariologie ») s’est développée à partir des Écritures et de la Tradition. L'Eglise n'a jamais cessé d'affirmer que Marie était vierge avant et après la naissance du Christ, ce qui est aussi difficile à croire que la résurrection de Jésus. Ces deux dogmes sont «un scandale pour l'esprit moderne» (Joseph Ratzinger). Dès le IIIe siècle, Marie est appelée « Theotokos », celle qui a enfanté Dieu, titre confirmé par le concile d’Éphèse en 431 et explicité en 451 par le concile de Chalcédoine (qui précise la double nature du Christ, vrai Dieu et vrai homme). En 1854, le pape Pie IX proclame le dogme de l'Immaculée Conception (à ne pas confondre avec la conception virginale de Jésus) affirmant que la Vierge, par une grâce unique, a été préservée du péché originel. Enfin, en 1950, le pape Pie XII érige en dogme l'Assomption (Marie élevée au Ciel corps et âme), tradition rapportée dès le IIe siècle et confirmée par le fait qu’ « à aucun moment, même au Moyen Age chrétien qui a produit des milliers de fausses reliques, on n'a vénéré de relique corporelle de Marie ».
Les apparitions mariales sont particulièrement nombreuses dans les temps modernes - 2400 sont documentées. Mais l’Eglise en a reconnu très peu à ce jour. Parmi ces dernières, les plus célèbres sont Guadalupe au Mexique, Lourdes en France, Fatima au Portugal, Zeitoun en Egypte, Kibeho au Rwanda. Très renommées elles aussi, les apparitions de Medjugorje en Bosnie-Herzégovine font toujours l’objet d’une enquête du Saint-Siège.
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Qui était vraiment Marie ?
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