Économie
Les 50 ans du Smic, un anniversaire chichement célébré
Le Smic - « salaire minimum interprofessionnel de croissance »- est né le 2 janvier 1970 pour « garantir le pouvoir d'achat des salariés aux rémunérations les plus faibles ». La loi actuelle ajoute : et « sa participation au développement économique de la Nation ». Dans Smic, il y a le « c » de « croissance » et c’est là surtout que le bât blesse. En fonction de l’inflation, le gouvernement ne l’a revalorisé que de 1,2% le 1er janvier, le faisant passer de 10,03 à 10,15 euros brut par heure (soit 1 219 euros net mensuels contre 1 204 en 2019). Un cadeau d’anniversaire plutôt chiche pour les 2,3 millions de bénéficiaires, dont près de six sur dix sont des femmes… (ce qui, dans un ménage, en fait souvent un salaire d’appoint). Le précédent coup de pouce donné au Smic remontait à 2012, sous la présidence de François Hollande. Signe, sans doute, qu’on ne peut plus se passer du Smic mais qu’au bout de cinq décennies, il devient de plus en plus difficile de l’adapter à l’évolution du travail en France. Apparemment, Boris Johnson n’a pas les mêmes inquiétudes pour l’avenir de l’emploi au Royaume Uni après le Brexit puisqu’il vient d’annoncer une augmentation de 6,2% du salaire minimum, soit 8,72 livres l'heure (10,24 euros), plus qu’en France donc, et quatre fois le taux annuel d'inflation Outre-Manche (1,5% en novembre).
Notre Smic a un ancêtre : le Smig, salaire minimum interprofessionnel garanti, créé le 11 février 1950. Ce minimum vital fixé par les pouvoirs publics était une première en France, l’un des premiers pays à le mettre en œuvre. Il visait à protéger le pouvoir de négociation des salariés les plus défavorisés. Mais n’étant indexé que sur l’indice des prix, le Smig a vite décroché de la croissance des salaires, rapide au cours des « Trente Glorieuses ». Après la crise sociale de 1968, où les syndicats obtiendront une forte augmentation du Smig, le salaire minimum interprofessionnel de croissance, ou Smic, sera donc créé en 1970. Pour corriger le Smig, le Smic tient compte de deux critères : l’inflation et le pouvoir d’achat. Sur ces bases, il ne cessera d’augmenter (de 10% en 1981, avec François Mitterrand) et sera adapté aux 39 heures en 1982 et aux 35 heures en 2002 pour que la réduction du temps de travail ne pénalise pas les « smicards. »
Mais depuis que le Smic a été créé, le pays est passé d’un chômage quasi nul, à un chômage massif, ce qui change considérablement la donne. Si le Smic protège les plus pauvres…quand ils ont un salaire, son niveau élevé (en tête des pays de l’OCDE) est préjudiciable à l’emploi. S’il oblige les entreprises à augmenter les salaires, il freine l’évolution des carrières, réduisant nombre d’actifs à êtres « smicards d’un jour, smicards toujours ». Aujourd’hui 13,4% des salariés (soit 2,3 millions de personnes) sont au Smic. En outre, le caractère universel du Smic ne tient compte ni de la spécificité de l’entreprise, ni de sa localisation (un « smicard » n’a pas le même pouvoir d’achat en région parisienne ou dans la Creuse). Faute de pouvoir augmenter ce salaire minimum, les gouvernements usent d’expédients pour alléger les charges sociales sur les bas salaires, comme actuellement la prime d’activité dopée l’an dernier par Emmanuel Macron pour prévenir l’explosion sociale…avec le succès que l’on voit.
Le Smic « va devoir s’adapter au XXIe siècle » explique Gilbert Cette, professeur d’économie et président du groupe d’experts sur le Smic (qui a remis son traditionnel rapport au gouvernement le 18 décembre dernier). Pour lui, pas de doute : « L’emploi doit être la priorité, il ne faut pas fragiliser sa reprise par une hausse du coût du travail. Au niveau du Smic, c’est la mobilité salariale qui doit être la priorité afin que des salariés ne restent pas au Smic toute leur carrière », affirme-t-il dans un entretien à Ouest-France (en lien ci-dessous).
Notre Smic a un ancêtre : le Smig, salaire minimum interprofessionnel garanti, créé le 11 février 1950. Ce minimum vital fixé par les pouvoirs publics était une première en France, l’un des premiers pays à le mettre en œuvre. Il visait à protéger le pouvoir de négociation des salariés les plus défavorisés. Mais n’étant indexé que sur l’indice des prix, le Smig a vite décroché de la croissance des salaires, rapide au cours des « Trente Glorieuses ». Après la crise sociale de 1968, où les syndicats obtiendront une forte augmentation du Smig, le salaire minimum interprofessionnel de croissance, ou Smic, sera donc créé en 1970. Pour corriger le Smig, le Smic tient compte de deux critères : l’inflation et le pouvoir d’achat. Sur ces bases, il ne cessera d’augmenter (de 10% en 1981, avec François Mitterrand) et sera adapté aux 39 heures en 1982 et aux 35 heures en 2002 pour que la réduction du temps de travail ne pénalise pas les « smicards. »
Mais depuis que le Smic a été créé, le pays est passé d’un chômage quasi nul, à un chômage massif, ce qui change considérablement la donne. Si le Smic protège les plus pauvres…quand ils ont un salaire, son niveau élevé (en tête des pays de l’OCDE) est préjudiciable à l’emploi. S’il oblige les entreprises à augmenter les salaires, il freine l’évolution des carrières, réduisant nombre d’actifs à êtres « smicards d’un jour, smicards toujours ». Aujourd’hui 13,4% des salariés (soit 2,3 millions de personnes) sont au Smic. En outre, le caractère universel du Smic ne tient compte ni de la spécificité de l’entreprise, ni de sa localisation (un « smicard » n’a pas le même pouvoir d’achat en région parisienne ou dans la Creuse). Faute de pouvoir augmenter ce salaire minimum, les gouvernements usent d’expédients pour alléger les charges sociales sur les bas salaires, comme actuellement la prime d’activité dopée l’an dernier par Emmanuel Macron pour prévenir l’explosion sociale…avec le succès que l’on voit.
Le Smic « va devoir s’adapter au XXIe siècle » explique Gilbert Cette, professeur d’économie et président du groupe d’experts sur le Smic (qui a remis son traditionnel rapport au gouvernement le 18 décembre dernier). Pour lui, pas de doute : « L’emploi doit être la priorité, il ne faut pas fragiliser sa reprise par une hausse du coût du travail. Au niveau du Smic, c’est la mobilité salariale qui doit être la priorité afin que des salariés ne restent pas au Smic toute leur carrière », affirme-t-il dans un entretien à Ouest-France (en lien ci-dessous).