Politique
L’affaire Kohler aussi lourde que l’affaire Benalla ?
Cette fois, ce n’est pas le garde du corps favori mais le bras droit du président de la République, le secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler, qui donne des sueurs froides à l’Elysée. Il est visé par deux plaintes de l'association Anticor pour conflits d’intérêts, « prise illégale d'intérêt », « trafic d'influence » et « corruption passive », la première déposée fin mai, la deuxième le 8 août. Ces plaintes font suite à des révélations du site d’information Mediapart selon lequel Alexis Kohler avait siégé à partir de 2010 au conseil d'administration de STX France - les chantiers navals de Saint-Nazaire -, dont l’un des principaux clients était une société fondée et dirigée par des cousins de sa mère, l'armateur MSC, numéro deux mondial des transporteurs maritimes de marchandises. Comme haut-fonctionnaire, Kohler aurait approuvé des contrats en faveur de MSC, selon des documents révélés par Médiapart. Cinq ans plus tard, en août 2016, il intégrait l’entreprise familiale comme directeur financier de la filiale croisières de MSC, avec l’aval de la commission de déontologie de la fonction publique. Notons que cette dernière s'était opposée en 2014 à une première tentative du haut fonctionnaire de travailler pour l'armateur. Pour obtenir deux ans plus tard le feu vert de la commission, Alexis Kohler n’aurait-il pas bénéficié du soutien d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie ?
De 2010 à 2012, Alexis Kohler n’était ni à Bercy, ni à l’Elysée, mais siégeait au conseil d'administration des chantiers navals de Saint-Nazaire ainsi qu'au conseil de surveillance du Grand Port Maritime du Havre (GPMH) comme représentant de l'Agence des participations de l'Etat aux côtés du maire du Havre, l'actuel Premier ministre Edouard Philippe. Or, à l’époque, Kohler n’aurait pas fait état de ses liens familiaux avec l’entreprise MSC. Plus ennuyeux encore, une fois ces liens révélés par Médiapart, Kohler, devenu secrétaire général de l’Elysée (en mai 2017 après moins de neuf mois passés chez MSC), a affirmé s'être toujours écarté en tant que haut-fonctionnaire des dossiers concernant MSC. Seulement, Mediapart vient de publier deux procès-verbaux du conseil de surveillance du Grand Port maritime du Havre qui indiquent le contraire … De quoi réalimenter l’enquête ouverte en mai par le Parquet national financier (PNF) pour « vérifier si les règles relatives à la mise en disponibilité des agents publics ont bien été respectées ».
Cette affaire à tiroirs succède à la série de révélations sur les privilèges dont a bénéficié Benalla. Elle rebondit au cœur d’un été plombé par les mauvais chiffres de la croissance et du chômage, et alors que les Français constatent que les « cadeaux fiscaux » promis par le gouvernement sont aussitôt confisqués par des mesures telles que les 80 km/h et la hausse du prix des carburants. L’étiquette de « président des riches » qui colle à Emmanuel Macron est aggravée par le sentiment que l’ « énarchie » - une oligarchie issue de l’ENA et de l'Inspection des finances - se tient les coudes pour se distribuer les bonnes places au sommet de la fonction publique et s’octroyer des prébendes injustifiables, voire illégales. D’autant que ce n’est plus une « barbouze » qui est visée, mais le secrétaire général de l’Elysée, ancien directeur de cabinet d'Emmanuel Macron quand il était ministre des finances de François Hollande, puis cheville ouvrière de la création d'En marche et grand artisan de sa campagne présidentielle. Celle-ci, rappelons-le, avait été placée sous le signe la « moralisation de la vie publique »…
Au-delà du volet judiciaire, pour Michel Albouy, Professeur de finance à Grenoble Ecole de Management et professeur émérite à l'Université Pierre Mendès France, l’affaire Kohler « est également celle d’un État actionnaire obèse ». Elle pose la question du poids de l’État dans notre économie, qui favorise les conflits d’intérêts.
De 2010 à 2012, Alexis Kohler n’était ni à Bercy, ni à l’Elysée, mais siégeait au conseil d'administration des chantiers navals de Saint-Nazaire ainsi qu'au conseil de surveillance du Grand Port Maritime du Havre (GPMH) comme représentant de l'Agence des participations de l'Etat aux côtés du maire du Havre, l'actuel Premier ministre Edouard Philippe. Or, à l’époque, Kohler n’aurait pas fait état de ses liens familiaux avec l’entreprise MSC. Plus ennuyeux encore, une fois ces liens révélés par Médiapart, Kohler, devenu secrétaire général de l’Elysée (en mai 2017 après moins de neuf mois passés chez MSC), a affirmé s'être toujours écarté en tant que haut-fonctionnaire des dossiers concernant MSC. Seulement, Mediapart vient de publier deux procès-verbaux du conseil de surveillance du Grand Port maritime du Havre qui indiquent le contraire … De quoi réalimenter l’enquête ouverte en mai par le Parquet national financier (PNF) pour « vérifier si les règles relatives à la mise en disponibilité des agents publics ont bien été respectées ».
Cette affaire à tiroirs succède à la série de révélations sur les privilèges dont a bénéficié Benalla. Elle rebondit au cœur d’un été plombé par les mauvais chiffres de la croissance et du chômage, et alors que les Français constatent que les « cadeaux fiscaux » promis par le gouvernement sont aussitôt confisqués par des mesures telles que les 80 km/h et la hausse du prix des carburants. L’étiquette de « président des riches » qui colle à Emmanuel Macron est aggravée par le sentiment que l’ « énarchie » - une oligarchie issue de l’ENA et de l'Inspection des finances - se tient les coudes pour se distribuer les bonnes places au sommet de la fonction publique et s’octroyer des prébendes injustifiables, voire illégales. D’autant que ce n’est plus une « barbouze » qui est visée, mais le secrétaire général de l’Elysée, ancien directeur de cabinet d'Emmanuel Macron quand il était ministre des finances de François Hollande, puis cheville ouvrière de la création d'En marche et grand artisan de sa campagne présidentielle. Celle-ci, rappelons-le, avait été placée sous le signe la « moralisation de la vie publique »…
Au-delà du volet judiciaire, pour Michel Albouy, Professeur de finance à Grenoble Ecole de Management et professeur émérite à l'Université Pierre Mendès France, l’affaire Kohler « est également celle d’un État actionnaire obèse ». Elle pose la question du poids de l’État dans notre économie, qui favorise les conflits d’intérêts.