La dépression au XXIe siècle et les remèdes possibles
Santé

La dépression au XXIe siècle et les remèdes possibles

Par Olivier Bonnassies. Synthèse n°1823, Publiée le 15/02/2023 - Photo Shutterstock
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère qu’entre 15 et 18 % des habitants de la planète sont atteints d’une maladie mentale et qu’une personne sur trois le sera au cours de sa vie. Dans l’Hexagone, cela concernerait 20 % des Français, dont 11 % habituellement pour dépression, mais les récents confinements liés au Covid-19 ont fait exploser les chiffres30 % des jeunes filles auraient envisagé de se suicider en 2021 ! Quoi qu’il en soit, il s’agit là de pathologies très fréquentes, encore trop méconnues, et souvent stigmatisées en raison de multiples « fausses idées » (cf. le livre d'Astrid Chevance).

Le terme de « maladie mentale » recouvre des réalités très différentes. Les plus courantes sont les troubles de l’humeur (dépression, bipolarité) et de l’anxiété (phobies, troubles anxieux généralisés) ; plus rares sont les troubles psychotiques (schizophrénie, etc.), les troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie) et les addictions (drogues, tabac, alcool). À ce jour, le burn out ne fait pas partie des catégories diagnostiques de la psychiatrie, même s’il peut conduire à des dépressions. Enfin, les pensées suicidaires peuvent aggraver la plupart de ces troubles, étant donné les souffrances qu’elles génèrent.

La dépression est la maladie mentale la plus fréquente et la première cause d’invalidité. Elle peut toucher n’importe qui et se traduit par une profonde tristesse, une perte d’intérêt pour les activités quotidiennes, une vision pessimiste du monde et de soi-même, des troubles du sommeil, avec un retentissement majeur sur la vie du malade et celle de l’entourage, ainsi que de forts risques de suicide. Elle concernerait 300 millions de personnes dans le monde, selon l’OMS. En France, 20 % de la population connaîtra un épisode dépressif au cours de son existence. Aucun milieu social n’est épargné, ni aucune tranche d’âge, mais les femmes sont deux fois plus touchées.

Les causes de la dépression sont multiples. La maladie survient en général après un traumatisme, un stress, un problème professionnel, un deuil, un accouchement (post partum), une rupture, voire… sans raison. Il est bien établi aujourd'hui que l’alcool a des effets dépressogènes à moyen et long terme. Concernant les facteurs de risque, il pourrait exister une prédisposition génétique, mais la dépression ne surgit en général pas sans lien avec l’environnement familial et social. Les conditions culturelles (crainte de l’avenir, perte de la transcendance) et socio-économiques (stress, concurrence élevée) ont aussi une influence, même si les symptômes dépressifs existaient à toutes les époques : on parlait d’acédie au Moyen Âge, de spleen et de mélancolie au XIXe siècle.

Pour autant, des traitements existent et ils sont assez efficaces. La réussite passe d’abord par une bonne analyse du problème avec les médecins et psychologues, afin d’opter pour le traitement adéquat : pour les premiers épisodes de dépressions légères ou modérées, les psychologues proposent différentes approches cliniques, comme les thérapies comportementales et cognitives (TCC) ou d'autres solutions (EMDR, hypnothérapie, ICV, approche intégrative). En cas de récidive ou d’épisode sévère, les médecins en viennent à prescrire des médicaments (antidépresseurs, thymorégulateurs, kétamine si la dépression est résistante) ou de la neurostimulation (TDCS, RTMS…). Dans ces cas-là, la psychothérapie a une action synergique avec le traitement médicamenteux. Pour prévenir les rechutes, la luminothérapie et la psychothérapie sont recommandées, ainsi que le respect des règles hygiéno-diététiques de base (sommeil, absence d’alcool, alimentation saine, activité physique). Au total, il reste 10 % de dépressions résistantes, mais des centres spécifiques ont été mis en place pour ces cas graves et un service gratuit et anonyme de prévention du suicide est ouvert 24h/24 (le https://3114.fr/).

Actuellement, la psychiatrie traverse en France une période de « crise ». L’organisation des soins doit être repensée pour pouvoir absorber l’augmentation des besoins, due notamment à l’accroissement démographique, au vieillissement de la population (et de la population psychiatrique en particulier), et à l’exigence légitime de soins de meilleure qualité. Le système hospitalo-centré gère les situations de crise, mais pas les troubles chroniques que sont la plupart des maladies psychiques.

Le défi majeur est de réussir à sensibiliser le grand public aux enjeux de la santé mentale, comme cela a été fait pour le cancer ou les problèmes cardiovasculaires. À cette fin, une large mobilisation est nécessaire pour exiger une vraie politique de santé mentale en France, qui prenne en compte le soin et la prévention. Les acteurs institutionnels (la santé publique, les ministères de la Santé et de la Recherche, l’Inserm) ne suffiront pas s’il n’y a pas une mobilisation sociale plus large, comme les Fondations Sisley-d’Ornano, BettencourtAesioPrimonial et quelques pionniers s’y sont engagés. Il s’agit d’un chantier fondamental que l’OMS a désigné récemment comme étant le prochain grand défi sanitaire à relever.
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Dépressions résistantes : de nouveaux traitements suscitent l’espoir
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