Politique
Jusqu’où Macron peut-il jouer avec la peur des Français ?
Tandis que ses adversaires stagnent ou régressent dans les intentions de vote, Emmanuel Macron progresse : 33,5% selon une étude Elabe pour BFMTV et L'Express, publiée le 8 mars. En deuxième position, Marine Le Pen recule à 15% (-2). Derrière elle surgit Jean-Luc Mélenchon à 13% (+0,5) : c’est la première fois que le chef de La France insoumise est donné à la troisième place dans cette présidentielle. Alors qu’ils rivalisaient encore avec Marine Le Pen il y a quelques semaines pour se qualifier au second tour, Éric Zemmour (11%, -3) et Valérie Pécresse (10,5%, -1,5) régressent et se retrouvent respectivement en quatrième et en cinquième positions. Et ce n'est pas le débat calamiteux – une vraie foire d’empoigne ! – qui les a opposés le 10 mars sur TF1/LCI qui les fera progresser. Le grand rassemblement que Zemmour tiendra le 27 mars au Trocadéro sera vraisemblablement un succès, comme les précédents, mais le meeting de François Fillon le 5 mars 2017 fut lui aussi triomphal. On connaît la suite…
Après la tétanie qui a saisi nombre de Français avec le Covid, le conflit russo-ukrainien les met groggy. « Je vous protégerai », assure le président de la République, « chef des armées », voire « père de la nation ». Il faudrait toutefois qu’il n’abuse pas de cette posture : la mise en scène de Versailles, où il recevait en grandes pompes, le 10 mars, les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’Union européenne, a donné lieu à des scènes trop ostentatoires dans le contexte dramatique de la guerre. Emmanuel Macron s’y est montré tout sourire, voire « jubilant » (RMC/BFMPTV) comme s’il accueillait à un mariage ou au festival de Cannes, a souligné l'enseignante Barbara Lefebvre sur le plateau des « Grandes Gueules », le 11 mars. De la pure « com. », selon elle : « La diplomatie en général, ça se fait en coulisses. Il me semble aussi qu'elle doit être discrète… ». En outre, toujours à Versailles, deux déclarations du chef de l’État ont fracassé le mur du principe de non-contradiction à quelques secondes d’intervalle : « Je suis inquiet », a déclaré Emmanuel Macron à l’intention de la presse française. Puis, en anglais, à l’intention de la presse étrangère : « Je suis profondément optimiste ». Apothéose du fameux « en même temps » ! Finalement, cette réception grandiose sous les ors de la monarchie a accouché de la lointaine promesse de liens plus étroits avec l’Ukraine à l’exclusion de toute adhésion rapide de ce pays à l'Union européenne.
Les Français sont-ils dupes ? S’ils sont majoritairement convaincus que le match de la présidentielle est « plié », ils ne sont pas une majorité à s’en réjouir. « Beaucoup de gens, même s’ils pensent qu’il a fait le job, ne veulent pas voter pour lui » avertit Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au Cevipof (20 minutes, 3 mars). Quant à la perspective de plus en plus menaçante d’un nouveau duel Macron/Le Pen au second tour, elle les démoralise : selon un sondage réalisé du 5 au 8 février par l'Ifop pour Le Figaro (9 février), « 67% des Français prévoient un second tour similaire à celui de 2017 pour la présidentielle. S'ils déplorent ce duel annoncé, les sondés peinent à identifier dans les oppositions des candidats susceptibles de l'empêcher. » Il reste qu’à un mois du premier tour, un retournement de la situation nationale ou internationale peut rebattre les cartes.
Après l’élection présidentielle, il faudra de toute façon sortir de la gouvernance de crises pour aborder les questions laissées en suspens et même en souffrance. Avec quel gouvernement ? À cet égard, les élections législatives s’annoncent plus passionnantes que la présidentielle. Avec ce bémol, toutefois : pour la droite, largement majoritaire dans le pays mais en pleine décomposition, le premier tour de la présidentielle est crucial. Même si Valérie Pécresse et son rival Eric Zemmour étaient tous deux éliminés à l’issue du premier tour, leur classement pèsera lourd, estime Guillaume Tabard (Le Figaro, en lien ci-dessous) : « Comme s’ils avaient renoncé à rattraper Macron et même Le Pen, les candidats de LR et de Reconquête ! sont conscients que l’ordre d’arrivée dictera l’avenir de la droite. Pécresse devant Zemmour, LR peut espérer encore jouer une carte, et pourquoi pas dans le cadre d’une alliance avec Macron. Zemmour devant Pécresse c’est l’explosion de la droite et la recomposition assurée. Pour l’heure, même après ce débat, ils restent à égalité. »
Après la tétanie qui a saisi nombre de Français avec le Covid, le conflit russo-ukrainien les met groggy. « Je vous protégerai », assure le président de la République, « chef des armées », voire « père de la nation ». Il faudrait toutefois qu’il n’abuse pas de cette posture : la mise en scène de Versailles, où il recevait en grandes pompes, le 10 mars, les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’Union européenne, a donné lieu à des scènes trop ostentatoires dans le contexte dramatique de la guerre. Emmanuel Macron s’y est montré tout sourire, voire « jubilant » (RMC/BFMPTV) comme s’il accueillait à un mariage ou au festival de Cannes, a souligné l'enseignante Barbara Lefebvre sur le plateau des « Grandes Gueules », le 11 mars. De la pure « com. », selon elle : « La diplomatie en général, ça se fait en coulisses. Il me semble aussi qu'elle doit être discrète… ». En outre, toujours à Versailles, deux déclarations du chef de l’État ont fracassé le mur du principe de non-contradiction à quelques secondes d’intervalle : « Je suis inquiet », a déclaré Emmanuel Macron à l’intention de la presse française. Puis, en anglais, à l’intention de la presse étrangère : « Je suis profondément optimiste ». Apothéose du fameux « en même temps » ! Finalement, cette réception grandiose sous les ors de la monarchie a accouché de la lointaine promesse de liens plus étroits avec l’Ukraine à l’exclusion de toute adhésion rapide de ce pays à l'Union européenne.
Les Français sont-ils dupes ? S’ils sont majoritairement convaincus que le match de la présidentielle est « plié », ils ne sont pas une majorité à s’en réjouir. « Beaucoup de gens, même s’ils pensent qu’il a fait le job, ne veulent pas voter pour lui » avertit Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au Cevipof (20 minutes, 3 mars). Quant à la perspective de plus en plus menaçante d’un nouveau duel Macron/Le Pen au second tour, elle les démoralise : selon un sondage réalisé du 5 au 8 février par l'Ifop pour Le Figaro (9 février), « 67% des Français prévoient un second tour similaire à celui de 2017 pour la présidentielle. S'ils déplorent ce duel annoncé, les sondés peinent à identifier dans les oppositions des candidats susceptibles de l'empêcher. » Il reste qu’à un mois du premier tour, un retournement de la situation nationale ou internationale peut rebattre les cartes.
Après l’élection présidentielle, il faudra de toute façon sortir de la gouvernance de crises pour aborder les questions laissées en suspens et même en souffrance. Avec quel gouvernement ? À cet égard, les élections législatives s’annoncent plus passionnantes que la présidentielle. Avec ce bémol, toutefois : pour la droite, largement majoritaire dans le pays mais en pleine décomposition, le premier tour de la présidentielle est crucial. Même si Valérie Pécresse et son rival Eric Zemmour étaient tous deux éliminés à l’issue du premier tour, leur classement pèsera lourd, estime Guillaume Tabard (Le Figaro, en lien ci-dessous) : « Comme s’ils avaient renoncé à rattraper Macron et même Le Pen, les candidats de LR et de Reconquête ! sont conscients que l’ordre d’arrivée dictera l’avenir de la droite. Pécresse devant Zemmour, LR peut espérer encore jouer une carte, et pourquoi pas dans le cadre d’une alliance avec Macron. Zemmour devant Pécresse c’est l’explosion de la droite et la recomposition assurée. Pour l’heure, même après ce débat, ils restent à égalité. »