Hong Kong : les masques, ça marche !
Le territoire autonome de Hong Kong est l’un des plus denses du monde. 7,5 millions d'habitants cohabitent pour la plupart dans des espaces minuscules. Malgré ses échanges intenses avec la Chine, malgré la proximité des premiers épicentres (jusqu'à la fermeture des frontières mi février), Hong Kong ne déplore à ce jour que 4 morts du COVID-19. Quatre morts seulement ! Cette information peut être vérifiée sur l’excellent tableau de bord de suivi de la pandémie mis au point par l’Université Johns-Hopkins (Maryland). Le Centre pour la science et l’ingénierie des systèmes, codirigé par le professeur Lauren Garder, « anime » une carte mondiale en temps réel ([en ligne] : <https://gisanddata.maps.arcgis.com/apps/opsdashboard/index.html#/bda7594740fd40299423467b48e9ecf6>). Les quatre dragons asiatiques font état de statistiques inouïes :
- Corée du Sud : 126 morts pour 9137 cas
- Hong Kong : 4 morts pour 410 cas
- Singapour : 2 morts pour 558 cas
- Taïwan : 2 morts pour 235 cas
Hong Kong étant limitrophe de la Chine, sa performance est d’autant plus impressionnante. Florence de Changy poursuit : « Je suis donc ahurie d'entendre les autorités sanitaires françaises continuer d'affirmer que le masque ne sert à rien ou à presque rien. Cela me semble grave et dangereux alors qu'il faudrait au contraire inciter tous les Français à en porter, pas seulement le corps médical et les forces de l'ordre. » Passé l’incompréhension, elle argumente : « (…) Le masque, même de mauvaise qualité, est (…) l'écran physique le plus évident qui soi pour faire obstacle à la propagation du virus. Il ne sert pas à se protéger du virus (et c'est vrai qu'il protège assez mal), mais il sert à protéger les autres de soi. Exemple : plusieurs chauffeurs de taxi qui portaient le masque à Hong Kong ont été contaminés car leurs passagers ne le portaient pas. » Et d’ajouter une recommandation : « Quand un médecin ausculte un patient potentiellement porteur, il serait sans doute plus efficace pour protéger le médecin que ce soit le patient qui porte le masque et non l'inverse. »
Le port du masque apparaît, selon ses mots, comme l’acte civique d’intérêt collectif. Et Florence de Changy le trouve d’autant plus admirable que cette attitude « s'est faite en dépit des consignes gouvernementales lesquelles, comme en France, ne recommandaient le port du masque que pour les malades et les soignants ». Comme un seul homme, les Hongkongais eurent le même réflexe que lors de l’épidémie de Sras en 2003.
Y a-t-il une pénurie de masques ? « Faux », répond la journaliste. « Je viens d'interviewer quelqu'un à Hangzhou qui m'a confirmé pouvoir livrer des millions de masques en France en quelques jours. (…) De nombreuses usines chinoises ont transformé leurs chaînes de production pour produire des masques (…). Mais la France a imposé des restrictions (…) qui semblent [en] compliquer et [en] ralentir l'importation et la distribution (…). » Et Florence de Changy de conclure par cette préconisation : « Inonder le marché français de masques et en imposer l'utilisation par tous permettrait de lever assez rapidement le confinement. Les masques pourraient être subventionnés ou distribués gratuitement, ce qui coûterait beaucoup moins cher à l'économie que les conséquences d'un confinement drastique "à la chinoise". Entre le confinement et le port du masque comme forme de confinement individuel et mobile, les Français ne devraient pas hésiter longtemps. »