Politique

Giorgia Meloni, l'ennemi public numéro 1

Par Raphaël Lepilleur. Synthèse n°2393, Publiée le 07/02/2025 - Crédits photo : Shutterstock
La presse s'est souvent acharnée sur Giorgia Meloni, la réduisant à une figure populiste caricaturale. On moque sa politique migratoire, on minimise ses résultats économiques, on l'accuse d'être broyée par les réalités du pouvoir. Derrière le narratif du « péril souverainiste », il est pourtant essentiel de dresser le bilan factuel d'un mandat qui a stabilisé l'économie et endigué l'immigration.

David Pujadas, une figure du paysage médiatique français a récemment appelé ses confrères à faire leur mea culpa sur le traitement médiatique réservé à Javier Milei et Giorgia Meloni. Une prise de position rare dans le paysage médiatique français. Pourtant, malgré un traitement médiatique souvent à charge, Meloni s'impose. Sur ce point elle n'hésite pas à répondre coup pour coup aux attaques de l'UE. Dans une lettre adressée à Ursula von der Leyen, elle dénonce des « fake news » relayées par la Commission sur la liberté de la presse en Italie. Elle accuse Bruxelles de s'appuyer sur des journalistes acquis à sa cause pour produire des rapports orientés. Des rapports qui peuvent aussi devenir objet de pression pour s'arroger les faveurs du pouvoir Italien (des méthodes qui laissent perplexe). Le média Politico l'a désignée « femme la plus puissante d'Europe ».

L'un des dossiers les plus attendus était bien sûr l'immigration clandestine. En 2023, ses détracteurs jubilaient : 113 500 clandestins débarqués en Italie, contre 55 000 en 2022. Une humiliation apparente pour celle qui avait fait de la lutte contre l'immigration illégale la pierre angulaire de sa campagne. Mais en 2024, la tendance s'est radicalement inversée. Grâce à des accords bilatéraux avec la Tunisie et la Libye notamment, l'immigration clandestine a chuté de 60 %. Les rapatriements volontaires ont dépassé les 21 000 en un an. Une victoire éclatante pour Meloni, qui a prouvé que la maîtrise des frontières était une question de volonté politique. Elle démontre que l'immigration massive n'est pas un phénomène incontrôlable, mais un levier géopolitique voulu et organisé (comme l'a récemment confirmé l'ex-directeur de Frontex dans un podcast). Elle a récemment désigné George Soros comme un véritable danger, bien plus pernicieux qu'Elon Musk, comme elle avait attaqué Emmanuel Macron dans une intervention qui avait été largement relayée.

Face à cette machine bien huilée, Giorgia Meloni a frappé fort :

  • Suppression des financements aux ONG jugées complices du chaos migratoire.

  • Durcissement des lois contre les passeurs, avec des peines renforcées et un contrôle accru des côtes italiennes.

Le combat de Meloni n'est pas simplement migratoire, c'est pour elle une bataille civilisationnelle (terme souvent évoqué, comme dans un tweet annonçant l'examen d'une proposition de loi visant à criminaliser la GPA au niveau universel). Ces statistiques sur l'Italie avant son arrivée au pouvoir sont saisissantes. Désormais forte d'une résilience économique indéniable, En 2024, la croissance s'est stabilisée autour des 1 % (ce qui devrait toujours être le cas pour 2025 selon les prévisions), dépassant les prévisions européennes, et le chômage est tombé à 6,2 %, un niveau historiquement bas. La consommation des ménages repart à la hausse (+1,2 % en 2025), portée par une inflation maîtrisée (1,1 % en 2025).

En 2024, malgré un contexte économique incertain, l'Italie fait mieux que l'Allemagne et croît au même rythme que la France, avec un acquis de 0,6 % sur l'année. Le marché du travail reste solide, l'industrie manufacturière et agroalimentaire maintiennent une balance commerciale positive, et l'investissement industriel est soutenu par des mesures incitatives. Loin du déclin annoncé, Meloni impose un modèle souverainiste qui stabilise l'économie italienne tout en résistant aux pressions de Bruxelles. Elle rejette le programme Pacte vert, qui sacrifie l'industrie sur l'autel du dogme climatique. Et récemment, Matteo Salvini, vice-président du Conseil des ministres, a menacé de retirer l'Italie de l'OMS, dénonçant une organisation opaque, soumise aux intérêts des grandes puissances financières.

Giorgia Meloni agit également dans l'éducation. Elle a instauré une « note de vie scolaire » et de bonne conduite pour les élèves, et des amendes allant jusqu'à 10 000 euros pour les familles en cas de comportements graves. Objectif : restaurer l'autorité du professeur et le respect des règles. Une mesure qui lui vaut une nouvelle salve d'accusations. On souligne que Mussolini avait instauré quelque chose de similaire, et on brandit le rétablissement de l'autorité à l'école comme la preuve d'un « retour du fascisme ».

Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, un réalignement géopolitique est en marche. Meloni s'impose comme son interlocutrice principale en Europe, reléguant Ursula von der Leyen et les dirigeants des États de l'UE au second plan. C'est d'ailleurs la seule dirigeante Européenne à avoir été invité à son investiture et elle est très proche d'Elon Musk.

Giorgia Meloni s'affirme comme une femme de pouvoir, déterminée à placer l'Italie au cœur des enjeux internationaux et à renforcer son influence sur la scène européenne et mondiale.

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1 commentaire
Jean-Marie
Le 08/02/2025 à 15:07
Je demande à voir dans le temps, car les solutions sur l’immigration ne sont pas les meilleures à mon avis. Il faut des solutions radicales, beaucoup plus sévères que celles prises.
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