
Et si les douleurs du Brexit annonçaient la délivrance de l’Angleterre ?
C’est donc une Theresa May déjà affaiblie par la perte de la majorité absolue après les élections législatives anticipées de juin 2017, et confrontée, de son propre aveu, à une « impasse », qui devra rendre des comptes devant le congrès annuel du parti conservateur qui s’ouvrira à Birmingham le 30 septembre. L’ambiance s’annonce explosive tant le parti est divisé. Quant aux conditions du Brexit, tout reste possible : même si un accord était finalement trouvé avec les partenaires européens au sommet des 18 et 19 octobre à Bruxelles, voire à la mi-novembre (cette bouée de sauvetage est envisagée), serait-il ratifié par la Chambre des communes ? C’est loin d’être gagné.
Accord de divorce ou pas, le Brexit est prévu fin mars 2019. Et c’est une Angleterre humiliée qui voudra prendre sa revanche. Son économie étant basée non sur son industrie ou son agriculture mais sur la finance de la City, on aurait tort de mésestimer le savoir-faire séculaire de ses banquiers. Le monde est leur terrain de jeu : privés (mais dans quelle mesure ?) de leurs débouchés européens, ils sauront trouver ailleurs de l’oxygène. Non seulement grâce au Commonwealth mais en poussant leurs feux en Asie, autrement plus dynamique et prometteuse que la vieille Europe.
Telle est la thèse soutenue par quelques experts peu suspects d’être hostiles à l’UE. Tel l’ancien correspondant du Monde à la City de Londres, Marc Roche, qui vient de publier «Pourquoi le Brexit va réussir» (Ed. Albin Michel). Le Brexit «fera incontestablement mal à court terme au Royaume-Uni», reconnaît-il, mais les continentaux ont tort de sous-estimer « la flexibilité et le pragmatisme des Anglais ». Et leur ténacité dans l’épreuve. Au fait, l’Angleterre reste une île tournée vers le large ! « Le dessein européen de cette nation, qui fut jadis maîtresse des océans et gérante du plus grand empire de tous les temps, n’est que récent et momentané. C’est aussi simple que cela.»