Durée du travail en France : mythes et réalité
Le 1er mai, à l’occasion de la fête du travail, les manifestations syndicales ont rassemblé entre 150 000 et 300 000 personnes en France, selon que l’on croit la police ou les syndicats. Elles n’ont pas manqué de générer les désormais traditionnelles violences et dégradations causées par les éléments les plus radicaux des cortèges. Connue pour ses fortes mobilisations sociales, la France l’est moins pour sa rigueur au travail. Ces perceptions traduisent-elles pour autant une réalité ?
Selon une idée reçue, les Français travailleraient moins que leurs voisins, comme l’a d’ailleurs rappelé Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse clôturant le grand débat. Pourtant, cette affirmation est fausse, ou plutôt à relativiser, selon les chiffres que l’on prend.
Le chef de l’Etat s’est basé sur une étude recensant la durée annuelle moyenne de travail des salariés à temps complet, et qui place la France en dernière position dans l’Union européenne. Mais elle ne comptabilise pas le temps partiel, auquel il est moins fait recours en France que chez ses voisins, notamment néerlandais, allemands ou irlandais.
Selon les chiffres de l’OCDE ou d’Eurostat, qui englobent tous les salariés, les Français travaillent en réalité plutôt plus que les européens, avec 37,3 heures travaillées par semaine, contre 37,1 pour la moyenne européenne. La France se classe ainsi devant l’Allemagne, la Suède, la Suisse ou encore le Royaume-Uni.
Mais plus que la durée effective du travail, c’est surtout la productivité, soit la richesse créée par heure de travail, qu’il faut regarder. En effet, les pays où l’on travaille le plus en Europe (Bulgarie, Pologne, Grèce) sont souvent ceux avec la plus faible productivité. Or, les Français sont parmi les plus productifs d’Europe, se hissant en 8ème position, devant même l’Allemagne ou les Pays-Bas.
Finalement, les Français ne méritent pas leur réputation, ou plutôt l’image qu’ils ont d’eux-mêmes, de fainéants adeptes de congés payés.