Économie
Des ONG financées par des pays étrangers fragilisent l'industrie de défense française
Malgré la guerre en Ukraine et un budget en hausse, l’armée française demeure sous-équipée. Et en plus, au nom de l'écologie, des ONG s'attaquent à la Base industrielle et technologique de défense (BITD).
Certes, la loi de programmation militaire adoptée le 7 juin en première lecture à l’Assemblée augmente le budget des armées de 40% (soit 413,3 milliards sur sept ans). Mais le texte prévoit aussi que nos forces recevront moins de chars, de Rafale ou de frégates que ce qui était prévu dans la précédente LPM.
Certes, la loi entend« moderniser » l'appareil militaire : 10 milliards pour l'innovation, 6 milliards pour « l'espace », 4 milliards pour le « cyber », 5 milliards pour les drones, etc. Mais cela masque mal le sous-dimensionnement des armées. La France n'est pas en mesure de protéger son immense espace maritime, le deuxième du monde après les États-Unis, avec ses 11 millions de km2 de zone économique exclusive (ZEE) répartis sur toutes les mers du globe.
Le ministre des Armées Sébastien Lecornu dit « privilégier la cohérence sur la masse » : recevoir moins de matériel mais s'assurer qu'il soit opérationnel et que les militaires y soient entraînés. Fort bien. Mais cet expédient n’interdit pas de reposer la question de fond, comme le fait Fabien Roussel (PCF) déplorant un « modèle d'armée qui découle d'une stratégie militaire toujours au service de l'Otan et de la politique étrangère des États-Unis ».
Si l’Alliance atlantique permet à la France de profiter d'une structure militaire plus vaste, cette allégeance l'empêche de ne compter que sur ses propres forces, même si notre degré d'indépendance est sans commune mesure avec celui de l'Italie ou de l'Espagne, par exemple. Reste qu'un cadre souverain postule que l’armée dispose, en permanence et non en pointillé, de tous les attributs de la puissance, et tant pis si cela coûte cher.
Certes, au sein de l'Alliance atlantique, la France garde « en toutes circonstances une liberté d'appréciation totale sur l'envoi de ses troupes en opération, ne place aucun contingent militaire de façon permanente sous commandement de l'OTAN en temps de paix », comme le disait Nicolas Sarkozy, artisan du retour dans le commandement intégré en 2007.
Mais cette « liberté d’appréciation » vaut surtout si la France conserve son génie et son tissu industriel. Or le climat n'est pas serein. Déjà, la concurrence avec l'Allemagne aboutit à l'abandon du Famas au profit du HK416 conforme aux munitions de l'OTAN.
Et au niveau de l'Union européenne, la Base industrielle et technologique de défense est menacée. Un projet de taxonomie fondé sur les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) vise à orienter les investissements privés vers des entreprises acquises à la transition écologique ou dites « durables ». L’article en référence donne la parole aux sénateurs Pascal Allizard et Yannick Vaugrenard, auteurs du rapport Renseignement et prospective : garder un temps d'avance, conserver une industrie de défense solide et innovante. Ce travail, remis pour l’examen de la loi de programmation militaire 2024-30, s'inquiète d'une certaine « frilosité » des organismes financiers.
Que disent les deux parlementaires ? Que « certains groupes bancaires, à l’instar de la banque HSBC, ont fait le choix d’exclure purement et simplement les entreprises du secteur de la défense de leur politique d’investissement. De manière plus contestable, la Banque européenne d’investissement (BEI), institution publique, a également exclu de son champ de financement les munitions et armes ainsi que les équipements ou infrastructures militaires ou policiers. Or cette doctrine interne ne découle ni de dispositions du droit primaire ni du droit dérivé, ni même des statuts de la BEI. »
Ils constatent aussi que « plusieurs fonds norvégiens ont purement et simplement exclu de leurs investissements des groupes actifs dans le secteur de la défense, en raison notamment de leurs activités liées à la dissuasion nucléaire ».
Et d’ajouter : « Cela nous a été très clairement expliqué lors de nos auditions : certaines ONG, qui n’en ont que le nom, sont financées par certains pays et ont pour seul objectif de nuire à la BITD européenne et française. À cet égard, les textes en matière environnementale, sociale et de gouvernance, tels que les projets de taxonomie ou d’écolabels, constituent de véritables épées de Damoclès pour la BITD ».
Qui sont ces pays qui financent des ONG et lesquelles ? Les États-Unis, la Chine ? Qui utilise les critères ESG pour intimider les investisseurs privés et même publics ? L'article ne répond pas à ces questions, ne cite pas de noms, mais rappelle que depuis la guerre en Ukraine, « la Commission européenne avait promis de revoir sa position concernant le financement des industries de défense ».
Et malgré les canons russes, on attend toujours.
Certes, la loi de programmation militaire adoptée le 7 juin en première lecture à l’Assemblée augmente le budget des armées de 40% (soit 413,3 milliards sur sept ans). Mais le texte prévoit aussi que nos forces recevront moins de chars, de Rafale ou de frégates que ce qui était prévu dans la précédente LPM.
Certes, la loi entend« moderniser » l'appareil militaire : 10 milliards pour l'innovation, 6 milliards pour « l'espace », 4 milliards pour le « cyber », 5 milliards pour les drones, etc. Mais cela masque mal le sous-dimensionnement des armées. La France n'est pas en mesure de protéger son immense espace maritime, le deuxième du monde après les États-Unis, avec ses 11 millions de km2 de zone économique exclusive (ZEE) répartis sur toutes les mers du globe.
Le ministre des Armées Sébastien Lecornu dit « privilégier la cohérence sur la masse » : recevoir moins de matériel mais s'assurer qu'il soit opérationnel et que les militaires y soient entraînés. Fort bien. Mais cet expédient n’interdit pas de reposer la question de fond, comme le fait Fabien Roussel (PCF) déplorant un « modèle d'armée qui découle d'une stratégie militaire toujours au service de l'Otan et de la politique étrangère des États-Unis ».
Si l’Alliance atlantique permet à la France de profiter d'une structure militaire plus vaste, cette allégeance l'empêche de ne compter que sur ses propres forces, même si notre degré d'indépendance est sans commune mesure avec celui de l'Italie ou de l'Espagne, par exemple. Reste qu'un cadre souverain postule que l’armée dispose, en permanence et non en pointillé, de tous les attributs de la puissance, et tant pis si cela coûte cher.
Certes, au sein de l'Alliance atlantique, la France garde « en toutes circonstances une liberté d'appréciation totale sur l'envoi de ses troupes en opération, ne place aucun contingent militaire de façon permanente sous commandement de l'OTAN en temps de paix », comme le disait Nicolas Sarkozy, artisan du retour dans le commandement intégré en 2007.
Mais cette « liberté d’appréciation » vaut surtout si la France conserve son génie et son tissu industriel. Or le climat n'est pas serein. Déjà, la concurrence avec l'Allemagne aboutit à l'abandon du Famas au profit du HK416 conforme aux munitions de l'OTAN.
Et au niveau de l'Union européenne, la Base industrielle et technologique de défense est menacée. Un projet de taxonomie fondé sur les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) vise à orienter les investissements privés vers des entreprises acquises à la transition écologique ou dites « durables ». L’article en référence donne la parole aux sénateurs Pascal Allizard et Yannick Vaugrenard, auteurs du rapport Renseignement et prospective : garder un temps d'avance, conserver une industrie de défense solide et innovante. Ce travail, remis pour l’examen de la loi de programmation militaire 2024-30, s'inquiète d'une certaine « frilosité » des organismes financiers.
Que disent les deux parlementaires ? Que « certains groupes bancaires, à l’instar de la banque HSBC, ont fait le choix d’exclure purement et simplement les entreprises du secteur de la défense de leur politique d’investissement. De manière plus contestable, la Banque européenne d’investissement (BEI), institution publique, a également exclu de son champ de financement les munitions et armes ainsi que les équipements ou infrastructures militaires ou policiers. Or cette doctrine interne ne découle ni de dispositions du droit primaire ni du droit dérivé, ni même des statuts de la BEI. »
Ils constatent aussi que « plusieurs fonds norvégiens ont purement et simplement exclu de leurs investissements des groupes actifs dans le secteur de la défense, en raison notamment de leurs activités liées à la dissuasion nucléaire ».
Et d’ajouter : « Cela nous a été très clairement expliqué lors de nos auditions : certaines ONG, qui n’en ont que le nom, sont financées par certains pays et ont pour seul objectif de nuire à la BITD européenne et française. À cet égard, les textes en matière environnementale, sociale et de gouvernance, tels que les projets de taxonomie ou d’écolabels, constituent de véritables épées de Damoclès pour la BITD ».
Qui sont ces pays qui financent des ONG et lesquelles ? Les États-Unis, la Chine ? Qui utilise les critères ESG pour intimider les investisseurs privés et même publics ? L'article ne répond pas à ces questions, ne cite pas de noms, mais rappelle que depuis la guerre en Ukraine, « la Commission européenne avait promis de revoir sa position concernant le financement des industries de défense ».
Et malgré les canons russes, on attend toujours.