International
Congo (RDC) : une victoire électorale douteuse et explosive
A peine proclamée dans la nuit du 8 au 9 janvier, la victoire de Félix Tshisekedi à l’élection présidentielle de la République démocratique du Congo (RDC) a été contestée, non seulement dans le pays mais au sein de la communauté internationale. En France, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré sur CNews que le résultat annoncé ne correspondait pas aux données fournies par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO). Les évêques catholiques se sont en effet fortement impliqués pour le bon déroulement de ce scrutin en plaçant plus de 40.000 observateurs dans les bureaux de vote.
L’élection présidentielle s’est déroulée le 30 décembre. C’est donc au terme d’une longue attente que la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a finalement proclamé vainqueur l'opposant Félix Tshisekedi, en s’appuyant sur des résultats provisoires selon lesquels il aurait remporté 38,57 % des suffrages (plus de 7 millions) devant l'autre candidat de l'opposition Martin Fayulu (34,8 %, plus de 6 millions) et le dauphin du président sortant Joseph Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary (23,8 %,plus de 4 millions). Ce dernier, ex-Premier ministre et ministre en charge de l’Intérieur, fait l’objet de sanctions de l'Union européenne pour « entraves au processus électoral » et « violations des droits de l’homme », parmi une quinzaine de proches de Kabila.
Cette victoire d’un opposant est sans précédent dans le plus grand pays d'Afrique subsaharienne. Mais s’agit-il encore d’un opposant ou d’un complice ? La victoire de Tshisekedi ne semble pas contestée par le clan du président sortant Joseph Kabila, qui ne pouvait pas briguer un troisième mandat (désigné comme successeur de son père Laurent-Désiré après l'assassinat de celui-ci le 16 janvier 2001, il a été élu en 2006 puis en 2011). L’improbable élection de son dauphin aurait instantanément mis le feu aux poudres. Le soupçon d’une entente est consolidé par l’hommage public rendu par le président « provisoirement élu » au président sortant qu’il a désigné comme « partenaire de l'alternance démocratique ». En revanche, l’annonce de la victoire de Tshisekedi est vigoureusement dénoncée par l’autre opposant à Kabila, Martin Fayulu : « Ces résultats n'ont rien à voir avec la vérité des urnes », a-t-il déclaré dans une interview à Radio France Internationale. « C'est un véritable putsch électoral ». Tel semble être aussi l’avis de la Conférence épiscopale congolaise, solidement étayé par les vérifications des comptages à l’ouverture des urnes effectuées par ses observateurs. Ces derniers jours, soupçonnant ce qui se tramait, l’opposition et l’Eglise avaient appelé la Commission électorale à ne pas trahir « la vérité des urnes » pour que ne se reproduisent pas les émeutes qui avaient accompagné en 2011 la réélection du président Kabila. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a pour sa part appelé toutes les parties prenantes en République démocratique du Congo à « s'abstenir » de violences.
La probabilité d’une entente entre l’ancien pouvoir et Félix Tshisekedi est confortée par le fait que celui-ci a fait équipe pour sa campagne avec l'ex-président de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe, avec accord entre les deux hommes pour que le second devienne Premier ministre en cas de victoire du premier. Quant à Kabila lui-même, il avait reçu l’assurance de Tshisekedi qu’il pourrait rester dans le pays en toute sérénité s’il acceptait de quitter le pouvoir conformément à la Constitution : « Il pourra vivre tranquillement dans son pays, vaquer à ses occupations, il n'a rien à craindre » avait réaffirmé Tshisekedi ces jours derniers dans un entretien au quotidien belge Le Soir. Il avait ajouté : « Un jour nous devrons même songer à lui rendre hommage pour avoir accepté de se retirer. Pourquoi, compte tenu de son expérience, ne pas lui confier des tâches diplomatiques spéciales, faire de lui un ambassadeur extraordinaire du Congo ? »
La Cour constitutionnelle a jusqu’au 15 janvier pour valider ce résultat. Il est néanmoins à craindre que la tension monte dans le pays où, par trois fois depuis 2016, l'élection présidentielle avait été reportée. A présent, nombre de Congolais ont le sentiment que, comme le titre Courrier international, Joseph Kabila « quitte le pouvoir sans le perdre ».
L’élection présidentielle s’est déroulée le 30 décembre. C’est donc au terme d’une longue attente que la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a finalement proclamé vainqueur l'opposant Félix Tshisekedi, en s’appuyant sur des résultats provisoires selon lesquels il aurait remporté 38,57 % des suffrages (plus de 7 millions) devant l'autre candidat de l'opposition Martin Fayulu (34,8 %, plus de 6 millions) et le dauphin du président sortant Joseph Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary (23,8 %,plus de 4 millions). Ce dernier, ex-Premier ministre et ministre en charge de l’Intérieur, fait l’objet de sanctions de l'Union européenne pour « entraves au processus électoral » et « violations des droits de l’homme », parmi une quinzaine de proches de Kabila.
Cette victoire d’un opposant est sans précédent dans le plus grand pays d'Afrique subsaharienne. Mais s’agit-il encore d’un opposant ou d’un complice ? La victoire de Tshisekedi ne semble pas contestée par le clan du président sortant Joseph Kabila, qui ne pouvait pas briguer un troisième mandat (désigné comme successeur de son père Laurent-Désiré après l'assassinat de celui-ci le 16 janvier 2001, il a été élu en 2006 puis en 2011). L’improbable élection de son dauphin aurait instantanément mis le feu aux poudres. Le soupçon d’une entente est consolidé par l’hommage public rendu par le président « provisoirement élu » au président sortant qu’il a désigné comme « partenaire de l'alternance démocratique ». En revanche, l’annonce de la victoire de Tshisekedi est vigoureusement dénoncée par l’autre opposant à Kabila, Martin Fayulu : « Ces résultats n'ont rien à voir avec la vérité des urnes », a-t-il déclaré dans une interview à Radio France Internationale. « C'est un véritable putsch électoral ». Tel semble être aussi l’avis de la Conférence épiscopale congolaise, solidement étayé par les vérifications des comptages à l’ouverture des urnes effectuées par ses observateurs. Ces derniers jours, soupçonnant ce qui se tramait, l’opposition et l’Eglise avaient appelé la Commission électorale à ne pas trahir « la vérité des urnes » pour que ne se reproduisent pas les émeutes qui avaient accompagné en 2011 la réélection du président Kabila. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a pour sa part appelé toutes les parties prenantes en République démocratique du Congo à « s'abstenir » de violences.
La probabilité d’une entente entre l’ancien pouvoir et Félix Tshisekedi est confortée par le fait que celui-ci a fait équipe pour sa campagne avec l'ex-président de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe, avec accord entre les deux hommes pour que le second devienne Premier ministre en cas de victoire du premier. Quant à Kabila lui-même, il avait reçu l’assurance de Tshisekedi qu’il pourrait rester dans le pays en toute sérénité s’il acceptait de quitter le pouvoir conformément à la Constitution : « Il pourra vivre tranquillement dans son pays, vaquer à ses occupations, il n'a rien à craindre » avait réaffirmé Tshisekedi ces jours derniers dans un entretien au quotidien belge Le Soir. Il avait ajouté : « Un jour nous devrons même songer à lui rendre hommage pour avoir accepté de se retirer. Pourquoi, compte tenu de son expérience, ne pas lui confier des tâches diplomatiques spéciales, faire de lui un ambassadeur extraordinaire du Congo ? »
La Cour constitutionnelle a jusqu’au 15 janvier pour valider ce résultat. Il est néanmoins à craindre que la tension monte dans le pays où, par trois fois depuis 2016, l'élection présidentielle avait été reportée. A présent, nombre de Congolais ont le sentiment que, comme le titre Courrier international, Joseph Kabila « quitte le pouvoir sans le perdre ».