Chine : la nouvelle route de la Soie
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Chine : la nouvelle route de la Soie

Par Judikael Hirel. Synthèse n°245, Publiée le 10/01/2018
Quand il faut 45 à 50 jours pour que les marchandises produites par les usines chinoises atteignent l’Europe par la mer, traverser l’Asie Centrale en train prend moitié moins de temps… tout en coûtant dix fois plus cher, mais toujours moins que le fret aérien. C’est pourquoi, depuis 2013, la Chine investit des milliards dans la construction de nouvelles voies de communication entre Europe, Asie Centrale et Moyen-Orient. Lors de sa visite en Chine, le président Macron a tenu à souligner que cette nouvelle « route de la soie » ne pouvait pas être à sens unique. En effet, de nombreux trains repartent à vide vers la Chine, l’empire du Milieu exportant bien plus qu’il n’importe.

Pour le New York Times, le pari n’est pas seulement, pour la Chine, de redistribuer les cartes en matière de voies de transport, mais aussi de faire bouger les lignes chez ses voisins, notamment au Kazakhstan. Une région que la Russie considère comme étant dans sa zone d’influence. C’est ainsi que le géant chinois du transport Cosco a racheté l’été dernier 49% d’un endroit perdu au beau milieu du pays, tout près du pôle d’inaccessibilité eurasien, c’est à dire l’endroit le plus distant de la mer qui soit. C’est pourtant là que d’énormes containers sont chargés sur des trains et non des des navires. Près de ce "port sec" de Khorgos, une nouvelle ville, baptisée Nurkent, a été créée à partir de rien. Le logement y est gratuit. Si elle ne compte aujourd’hui que 1.200 habitants, il est prévu qu’elle en accueille 100.000. "C’est le futur, estime Zhaslan Khamzin, responsable de ce port sec. Les Chinois ne sont pas fous. Les hommes d’affaires comptent leur argent. S'ils investissent, c’est qu’ils savent que dans cinq ou dix ans, ils y trouveront leur profit." "Cet endroit n’est pas le bout du monde, explique, Erik Aitbekov, directeur délégué des opérations. À cause de la Chine, c’en est le centre."

En 2017, Khorgos a vu passer plus de 100.000 containers standards de marchandises, le double de l’année précédente. Il devrait en accueillir 500.000 à l’horizon 2020, soit environ 1% du volume de marchandises venant d’Asie par la mer. L’hiver, les containers sont chauffés pour en protéger le contenu, et réfrigérés l’été. Pour l’instant, la plupart de ces produits Made in China ne sont pas encore destinés à l’Europe mais à l’Asie centrale, l’Ouzbekistan et les pays voisins, tel l’Iran. Mais la prochaine étape sera l’Europe et ses marchés plus florissants. Le Kazakhstan, comme la Chine, investit fortement dans cette politique de la nouvelle route de la soie. Pour son leader, Noursoultan Nazarbayev, une plus grande intégration économique avec la Chine constitue également une façon viable de contrebalancer la puissance de la Russie voisine.
La sélection
Chine : la nouvelle route de la Soie
China’s Ambitious New ‘Port’ : Landlocked Kazakhstan
The New York Times
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