Société
Ce que les prénoms des nouveau-nés disent de la population française
Année après année, sur la base des statistiques de l’Insee, L'Officiel des prénoms recense ceux qui sont « tendance ». Pas de bouleversement en tête du palmarès : Emma et Gabriel sont les deux prénoms les plus choisis en 2018 comme en 2017, suivis de Jade et Louise pour les filles, et de Raphaël et Léo pour les garçons. Ils ne devraient pas être détrônés en 2019-2020 selon L’Officiel des prénoms.
Ce ne sont plus les « saints patrons » qui inspirent la plupart des parents mais des vedettes du sport ou de l’écran, tels Kylian, le footballeur français star de la Coupe du monde, ou la chanteuse Aya qui a triomphé au hit-parade avec des titres aussi éloquents que « Djadja » ou « Pookie ». Une exception notable, toutefois : le prénom Mohamed, le plus porté par des garçons dans le monde entier, fait son entrée pour la première fois dans les vingt prénoms les plus donnés en France (à la 19ème place du classement). Cette première est doublement significative : d’une part, Mohamed échappe à la mode fluctuante des prénoms de stars dont la plupart ne sont que des étoiles filantes ; d’autre part, il « perce » à un moment particulier de notre histoire dont on aurait pu penser qu’il aurait incité les parents à donner un prénom moins connoté à leur fils afin de faciliter son intégration. Apparemment, ce n’est pas un souci pour eux ou, si c’en est un, il cède le pas à l’attraction religieuse et culturelle voulant que, dans une famille musulmane, on donne le nom du « prophète » au premier garçon de la fratrie.
Côté féminin, un autre prénom reste le plus porté dans le monde entier : Marie. Partout, mais plus en France ! Alors qu’en 1900, une Française sur cinq était baptisée Marie, il y a belle lurette que Marie a totalement disparu du classement où figurent en revanche des prénoms insolites pour les vieilles générations, tels Lina ou Mila. Dans son éditorial de Boulevard Voltaire (en lien ci-dessous), Gabrielle Cluzel cite à ce propos le constat dressé par le sociologue Jérôme Fourquet, dans L’Archipel français (Seuil) : au milieu des années 2000, les fillettes française prénommées Marie étaient déjà moins de 1 %. Or la chute s’est poursuivie, « le score résiduel de 0,3 % étant atteint en 2016 en dépit de l’appel lancé en 2011 par le pape Benoît XVI en direction des parents afin qu’ils optent pour un prénom chrétien et non pas pour des prénoms à la mode. »
Mais les prénoms en vogue ne sont pas seulement déconnectés de la référence chrétienne. Ils ont pris une importance croissante, au détriment du nom de famille, de plus en plus brouillé par les décompositions et recompositions familiales. La filiation se dissolvant, ce n’est plus le patronyme mais l’individu qu’il faut mettre en exergue. D’où le mal que se donnent les parents pour donner à leur enfant un prénom à la fois « tendance » et original sans être connoté, équation difficile à résoudre ! La loi française permettant depuis 1993 de choisir n'importe quel prénom pourvu qu'il ne porte pas un préjudice criant à l’enfant, cela donne d’étranges prénoms « caméléons », supposés ne déplaire à personne, tels Rhéane, Améliane, Éos, Jean-Bryan…
Ce ne sont plus les « saints patrons » qui inspirent la plupart des parents mais des vedettes du sport ou de l’écran, tels Kylian, le footballeur français star de la Coupe du monde, ou la chanteuse Aya qui a triomphé au hit-parade avec des titres aussi éloquents que « Djadja » ou « Pookie ». Une exception notable, toutefois : le prénom Mohamed, le plus porté par des garçons dans le monde entier, fait son entrée pour la première fois dans les vingt prénoms les plus donnés en France (à la 19ème place du classement). Cette première est doublement significative : d’une part, Mohamed échappe à la mode fluctuante des prénoms de stars dont la plupart ne sont que des étoiles filantes ; d’autre part, il « perce » à un moment particulier de notre histoire dont on aurait pu penser qu’il aurait incité les parents à donner un prénom moins connoté à leur fils afin de faciliter son intégration. Apparemment, ce n’est pas un souci pour eux ou, si c’en est un, il cède le pas à l’attraction religieuse et culturelle voulant que, dans une famille musulmane, on donne le nom du « prophète » au premier garçon de la fratrie.
Côté féminin, un autre prénom reste le plus porté dans le monde entier : Marie. Partout, mais plus en France ! Alors qu’en 1900, une Française sur cinq était baptisée Marie, il y a belle lurette que Marie a totalement disparu du classement où figurent en revanche des prénoms insolites pour les vieilles générations, tels Lina ou Mila. Dans son éditorial de Boulevard Voltaire (en lien ci-dessous), Gabrielle Cluzel cite à ce propos le constat dressé par le sociologue Jérôme Fourquet, dans L’Archipel français (Seuil) : au milieu des années 2000, les fillettes française prénommées Marie étaient déjà moins de 1 %. Or la chute s’est poursuivie, « le score résiduel de 0,3 % étant atteint en 2016 en dépit de l’appel lancé en 2011 par le pape Benoît XVI en direction des parents afin qu’ils optent pour un prénom chrétien et non pas pour des prénoms à la mode. »
Mais les prénoms en vogue ne sont pas seulement déconnectés de la référence chrétienne. Ils ont pris une importance croissante, au détriment du nom de famille, de plus en plus brouillé par les décompositions et recompositions familiales. La filiation se dissolvant, ce n’est plus le patronyme mais l’individu qu’il faut mettre en exergue. D’où le mal que se donnent les parents pour donner à leur enfant un prénom à la fois « tendance » et original sans être connoté, équation difficile à résoudre ! La loi française permettant depuis 1993 de choisir n'importe quel prénom pourvu qu'il ne porte pas un préjudice criant à l’enfant, cela donne d’étranges prénoms « caméléons », supposés ne déplaire à personne, tels Rhéane, Améliane, Éos, Jean-Bryan…