Airbus :  un quinquagénaire européen devenu n°1 mondial
Économie

Airbus : un quinquagénaire européen devenu n°1 mondial

Par Philippe Oswald. Synthèse n°664, Publiée le 29/05/2019
La météo a gâché le grand show aérien prévu ce 29 mai à Toulouse pour fêter les 50 ans d’Airbus : six modèles du constructeur représentant les familles A220 (le « petit nouveau »), A320, A330, A350, A380 et le gros porteur BelugaXL, devaient survoler la Ville rose à basse altitude avec la Patrouille de France. Hélas, sécurité oblige, elle seule a assuré le spectacle : « Le show a été annulé en raison de la météo et de nuages trop épais » qui ont « empêché que les avions s’organisent en formation », a expliqué le porte-parole d’Airbus. Cette péripétie ne doit pas occulter l’essentiel : issu de la réunion de constructeurs aéronautiques européens, Airbus a livré plus de 12.000 avions dans le monde et devrait en construire 37.000 d'ici 2039 …

Ce beau succès technologique, industriel et commercial était loin d’être écrit d’avance. Le lancement officiel de l’Airbus A300B au Salon du Bourget, le 29 mai 1969, par le ministre français des Transports et son homologue ouest-allemand, faisait pâle figure alors que quelques mois plus tôt, deux avions sensationnels avaient effectué leur premier vol : le Boeing 747, premier mastodonte de l’aviation civile (9 février 1969) et le Concorde, premier et, à ce jour, unique supersonique de l’aviation civile (2 mars 1969).

Airbus est pourtant né de cet accord de coopération franco-allemande pour la construction d’un moyen-courrier destiné à concurrencer les Boeing, Lockheed et McDonnell Douglas, tous américains. Chacun des deux pays prend en charge la moitié des coûts de développement de l’Airbus A300B, les Anglais boudant après l’abandon quelques mois plus tôt du moteur proposé par Rolls-Royce (ils restent toutefois dans le projet à hauteur symbolique de … 7 %). L'année suivante (1970) est constitué le Groupement d'intérêt économique (GIE) Airbus Industrie.

Le tout premier A300 décolle de l’aérodrome de Toulouse-Blagnac le 28 octobre 1972 et sera mis en service le 23 mai 1974. Mais ce premier Airbus se vend très peu : 16 exemplaires commandés ! Le décollage de la société Airbus viendra quatre ans plus tard grâce … à un ancien astronaute américain : Frank Borman, devenu président de la compagnie américaine Eastern Air Lines, en achète une vingtaine en 1978. C’est aussi le moment où les Anglais cessent leur bouderie pour participer, avec British Aerospace, au programme de l’A310, le premier modèle caractérisé par un empennage en matériaux composites et des ailettes permettant de diminuer la consommation de kérosène. Mais Airbus n’accèdera au statut de rival de Boeing qu’à partir de 1984 avec le lancement de l’A320 qui innove avec ses commandes de vol électriques. En 1999, Airbus réplique au nouveau défi américain (fusions de Boeing, Lockheed Martin, Northrop-Grumman et Raytheon) en donnant naissance à la société EADS, grâce à des acteurs privés (Jean-Luc Lagardère, le patron de Matra, et l’allemand Jürgen Schrempp, patron de DaimlerChrysle) avec l’aval des gouvernements Jospin et Schröder. Elle concentre la quasi-totalité des constructeurs français, allemands et espagnols.

La saga d’Airbus se poursuit avec les moyen et long-courriers, l’A330 et l’A340, le mastodonte A380, le plus gros avion civil au monde, ayant malheureusement vu sa production arrêtée (à l’horizon 2021), faute d’avoir pu trouver sa place dans le marché. Échec commercial mais succès technologique, il aura contribué à souder les différentes composantes européennes du constructeur devenu le n°1 mondial incontestable – une place renforcée par le redoutable accident industriel rencontré par Boeing avec les deux crashs qui ont immobilisé son avion vedette, le 737 Max.

Aujourd’hui, Airbus produit la moitié des grands avions commerciaux dans le monde, emploie 130.000 personnes de 140 nationalités différentes, avec des chaînes d’assemblage en Chine (depuis 2008) et aux Etats-Unis (depuis 2015). Les trois divisions d'Airbus (aviation commerciale, hélicoptères, espace et défense) pèsent plus de 64 milliards d'euros de chiffres d'affaires. Son principal défi est désormais celui de l’aviation « durable » : toujours plus économique, plus écologique et plus pratique grâce au développement annoncé des « avions taxis ». Et de nouveau, la compétition avec les Etats-Unis mais aussi avec la Chine, s’annonce serrée ! 
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