Politique
Agitation à l’Assemblée, immobilisme à l’Élysée
La semaine qui s’achève a vu l’ouverture de la nouvelle législature à l’Assemblée nationale. Les comportements de députés fraîchement élus ou réélus ont conforté les diagnostics pessimistes sur l’état de notre démocratie. Avant même d’entamer les discussions (ou les hostilités) avec le pouvoir exécutif, le Parlement a donné de lui-même une image peu flatteuse : arrivée en débraillés, au mépris du règlement, des députés de La France Insoumise (LFI), refus de l’un d’entre eux, 21 ans, de serrer la main d’un député du Rassemblement national (RN), élection à l’arrachée d’un des LFI les plus extrémistes (Éric Coquerel, trotskyste, islamo-gauchiste, indigéniste…) à la tête de la puissante Commission des finances à la faveur d’ une étrange passivité de la droite (à moins – hypothèse machiavélique ! – que certains électeurs d’Éric Coquerel aient compté sur les accusations de comportements déplacés envers des femmes au sein même de LFI, accusations relayées le jour même de son élection, jeudi 30 juin sur RTL par la journaliste et militante féministe Rokhaya Diallo, pour neutraliser d’emblée le nouveau président de cette commission redoutée…) Si c’est ça, le nouveau parlementarisme, la France n’a pas fini de tanguer. Pendant ce temps, le président de la République était à l’étranger.
La semaine prochaine, la balle sera dans le camp d’Emmanuel Macron. Au programme, un remaniement du gouvernement sous la houlette d’Elisabeth Borne, maintenue à son poste par le président. Les trois ministres contraints de démissionner après avoir été battus aux législatives, Brigitte Bourguignon (Santé), Amélie de Montchalin (Transition écologique), Justine Benin (Mer), plus Yaël Braun-Pivet (Outre-mer), démissionnaire pour accéder à la présidence de l’Assemblée nationale, seront remplacés. D’autres postes ministériels (Transports, Logement, Ville…) sont à pourvoir (n’espérons pas la résurrection d’un ministère de la famille…). Dans la foulée, mercredi sauf imprévu, ce sera le discours de politique générale d’Élisabeth Borne. Inutile de dire que son contenu – les projets qu’elle annoncera…ou pas – sera scruté à la loupe : verra-t-on enfin se dessiner un programme pour le nouveau quinquennat ? Mais ce sera aussi un test de personnalité : saura-t-elle s’imposer en chef du gouvernement ? En nommant premier ministre cette technocrate (de gauche) chevronnée, le président a choisi une personnalité capable de négocier avec les partenaires sociaux, mais pas forcément d’en imposer aux parlementaires et au pays. Du moins Emmanuel Macron est-il assuré qu’elle ne lui fera pas d’ombre. Même affaibli avec sa majorité la plus étriquée de la Vème République, il entend rester « Jupiter » surplombant de haut son premier « collaborateur » (pour reprendre le mot que Nicolas Sarkozy avait employé pour qualifier le rôle de son premier ministre, François Fillon).
Que pensent les Français de ces jeux de rôles au Parlement et au sommet de l’État ? Ils sont confrontés à des fins de mois de plus en plus difficiles, à l’inflation, à une énième vague de Covid, aux crises de l’Hôpital, de l’École, de la Police, de la Justice, au retour des grèves, à une insécurité galopante, à l’extension de la guerre en Ukraine, et aux spectres de plus en plus réalistes du grand déclassement et du grand remplacement… Pour une majorité d’entre eux, Emmanuel Macron n’est définitivement plus « Jupiter » ; il serait plutôt « Achille immobile à grands pas » (Paul Valéry, « Le Cimetière marin »). Dans une tribune du Figaro (en lien ci-dessous), François Xavier Bourmaud cite quant à lui Edgar Faure (sous la IVe République) : « L’immobilisme est en marche et rien ne l’arrêtera… ». « S’il veut avancer, explique Bourmau, Emmanuel Macron doit se figer. Ne pas bouger. Rester immobile. Et ne pas céder aux pressions qui s’exercent sur lui, ici pour changer de première ministre, là pour dissoudre l’Assemblée nationale. La seule façon pour lui de garder la main. » Soit, mais pour quoi faire ? Quel est son projet pour la France à l’aube de son second quinquennat ? Bien malin qui le dira.
La semaine prochaine, la balle sera dans le camp d’Emmanuel Macron. Au programme, un remaniement du gouvernement sous la houlette d’Elisabeth Borne, maintenue à son poste par le président. Les trois ministres contraints de démissionner après avoir été battus aux législatives, Brigitte Bourguignon (Santé), Amélie de Montchalin (Transition écologique), Justine Benin (Mer), plus Yaël Braun-Pivet (Outre-mer), démissionnaire pour accéder à la présidence de l’Assemblée nationale, seront remplacés. D’autres postes ministériels (Transports, Logement, Ville…) sont à pourvoir (n’espérons pas la résurrection d’un ministère de la famille…). Dans la foulée, mercredi sauf imprévu, ce sera le discours de politique générale d’Élisabeth Borne. Inutile de dire que son contenu – les projets qu’elle annoncera…ou pas – sera scruté à la loupe : verra-t-on enfin se dessiner un programme pour le nouveau quinquennat ? Mais ce sera aussi un test de personnalité : saura-t-elle s’imposer en chef du gouvernement ? En nommant premier ministre cette technocrate (de gauche) chevronnée, le président a choisi une personnalité capable de négocier avec les partenaires sociaux, mais pas forcément d’en imposer aux parlementaires et au pays. Du moins Emmanuel Macron est-il assuré qu’elle ne lui fera pas d’ombre. Même affaibli avec sa majorité la plus étriquée de la Vème République, il entend rester « Jupiter » surplombant de haut son premier « collaborateur » (pour reprendre le mot que Nicolas Sarkozy avait employé pour qualifier le rôle de son premier ministre, François Fillon).
Que pensent les Français de ces jeux de rôles au Parlement et au sommet de l’État ? Ils sont confrontés à des fins de mois de plus en plus difficiles, à l’inflation, à une énième vague de Covid, aux crises de l’Hôpital, de l’École, de la Police, de la Justice, au retour des grèves, à une insécurité galopante, à l’extension de la guerre en Ukraine, et aux spectres de plus en plus réalistes du grand déclassement et du grand remplacement… Pour une majorité d’entre eux, Emmanuel Macron n’est définitivement plus « Jupiter » ; il serait plutôt « Achille immobile à grands pas » (Paul Valéry, « Le Cimetière marin »). Dans une tribune du Figaro (en lien ci-dessous), François Xavier Bourmaud cite quant à lui Edgar Faure (sous la IVe République) : « L’immobilisme est en marche et rien ne l’arrêtera… ». « S’il veut avancer, explique Bourmau, Emmanuel Macron doit se figer. Ne pas bouger. Rester immobile. Et ne pas céder aux pressions qui s’exercent sur lui, ici pour changer de première ministre, là pour dissoudre l’Assemblée nationale. La seule façon pour lui de garder la main. » Soit, mais pour quoi faire ? Quel est son projet pour la France à l’aube de son second quinquennat ? Bien malin qui le dira.