Politique
À Sciences Po Grenoble, police politique dès l’entrée et à tous les étages
Il avait dénoncé une « chasse aux sorcières », une « chasse idéologique » menée par des élèves et des collègues. Mais la direction a pris le relai : Klaus Kinzler, professeur d'allemand et de civilisation allemande à l'Institut d'Études Politiques (IEP) de Grenoble, a été suspendu par la directrice, Sabine Saurugger. Elle lui reproche d’avoir tenu dans les médias « des propos diffamatoires » à l’encontre de l’institution, de ses collègues et d’elle-même.
Le conflit remonte à plusieurs mois mais il a rebondi le 14 décembre avec l’arrêté de suspension de l’enseignant pour une durée de quatre mois. La directrice annonce en outre son intention de « saisir le conseil de discipline dans les meilleurs délais ». Sabine Saurugger vise en particulier deux interviews données par Klaus Kinzler à L'Opinion et à Marianne, et son intervention, le 9 mars dernier, dans l'émission de Pascal Praud sur Cnews. Il y faisait part des menaces que faisait peser sur lui l’accusation d’« islamophobie », et déplorait l’absence de soutien de sa direction et de ses collègues, à deux exceptions près. « À leurs yeux, disait-il notamment, je traîne l’établissement dans la boue. Alors que c’est moi qui risque ma peau. » (NB : assailli de menaces quelques mois après l’assassinat de Samuel Paty, Klaus Kinzler a été placé sous protection policière). Il accusait aussi l’IEP d’être devenue une école de « rééducation politique » visant à imposer les théories « woke ». Par ces accusations, le professeur aurait « gravement méconnu plusieurs obligations liées à son statut de fonctionnaire », notamment « son obligation de discrétion professionnelle » et « son obligation de réserve », accuse la directrice de l’IEP qui se réserve aussi la possibilité de poursuivre l'enseignant pour « des fautes de nature pénale dont la qualification est en cours d'analyse » (Le Figaro, 20 décembre).
À l’origine du conflit, la contestation par Klaus Kinzler de la légitimité du terme « islamophobie ». Il lui reproche d’empêcher tout débat intellectuel sur l’islam, au grand dam d’une partie des enseignants et des élèves. Certains ont réagi en placardant son nom, sa caricature, et le nom d’un autre professeur dès l’entrée de l’IEP. Tous deux étaient désignés ainsi à la vindicte publique : « Des fascistes dans nos amphis », « l'islamophobie tue », et appelés à la démission. Ces accusations aux méthodes inspirées de la Révolution culturelle chinoise ont été abondamment diffusées par l'Union syndicale de Sciences Po Grenoble et reprises sur les réseaux sociaux. Des étudiants membres de ce syndicat sont désignés dans un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation nationale comme responsables du « climat de peur » régnant au sein de l’établissement.
Mais pour la directrice, l’essentiel est d’éviter au maximum de faire des vagues. Non seulement elle a plusieurs fois intimé l’ordre à Klaus Kinzler de ne pas s’exprimer dans les médias, mais elle a envoyé le 5 mars un courriel à l’ensemble du personnel de l’IEP ainsi rédigé : « Si vous êtes sollicité.e.s [sic] par des journalistes sur ces actualités, renvoyez le mail ou le contact vers le service communication qui en accord avec moi donnera la réponse la mieux adaptée par rapport à la stratégie de communication qui a été choisie. » Qui plus est, 16 des 17 élèves mis en cause comme principaux fauteurs de troubles ont été relaxés (l’un a écopé d’un sursis), à l’issue d’un conseil de discipline.
Sur ce plan de la communication de l’IEP, l’échec est total. Le livre de témoignage que Klaus Kinzler publiera en mars (aux éditions du Rocher) est d’autant plus attendu, que le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, vient d’annoncer qu’il coupera les subventions de la région envers l'Institut d'étude politique de Grenoble à cause de sa « dérive idéologique et communautariste ». Une décision aussitôt saluée par deux candidats à l’élection présidentielle : Marine Le Pen et Éric Zemmour. Quant au député LREM de l’Indre, François Jolivet, il a demandé « la mise sous tutelle de Sciences Po Grenoble » et « l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur la situation des universités françaises ». Vaste programme !
Le conflit remonte à plusieurs mois mais il a rebondi le 14 décembre avec l’arrêté de suspension de l’enseignant pour une durée de quatre mois. La directrice annonce en outre son intention de « saisir le conseil de discipline dans les meilleurs délais ». Sabine Saurugger vise en particulier deux interviews données par Klaus Kinzler à L'Opinion et à Marianne, et son intervention, le 9 mars dernier, dans l'émission de Pascal Praud sur Cnews. Il y faisait part des menaces que faisait peser sur lui l’accusation d’« islamophobie », et déplorait l’absence de soutien de sa direction et de ses collègues, à deux exceptions près. « À leurs yeux, disait-il notamment, je traîne l’établissement dans la boue. Alors que c’est moi qui risque ma peau. » (NB : assailli de menaces quelques mois après l’assassinat de Samuel Paty, Klaus Kinzler a été placé sous protection policière). Il accusait aussi l’IEP d’être devenue une école de « rééducation politique » visant à imposer les théories « woke ». Par ces accusations, le professeur aurait « gravement méconnu plusieurs obligations liées à son statut de fonctionnaire », notamment « son obligation de discrétion professionnelle » et « son obligation de réserve », accuse la directrice de l’IEP qui se réserve aussi la possibilité de poursuivre l'enseignant pour « des fautes de nature pénale dont la qualification est en cours d'analyse » (Le Figaro, 20 décembre).
À l’origine du conflit, la contestation par Klaus Kinzler de la légitimité du terme « islamophobie ». Il lui reproche d’empêcher tout débat intellectuel sur l’islam, au grand dam d’une partie des enseignants et des élèves. Certains ont réagi en placardant son nom, sa caricature, et le nom d’un autre professeur dès l’entrée de l’IEP. Tous deux étaient désignés ainsi à la vindicte publique : « Des fascistes dans nos amphis », « l'islamophobie tue », et appelés à la démission. Ces accusations aux méthodes inspirées de la Révolution culturelle chinoise ont été abondamment diffusées par l'Union syndicale de Sciences Po Grenoble et reprises sur les réseaux sociaux. Des étudiants membres de ce syndicat sont désignés dans un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation nationale comme responsables du « climat de peur » régnant au sein de l’établissement.
Mais pour la directrice, l’essentiel est d’éviter au maximum de faire des vagues. Non seulement elle a plusieurs fois intimé l’ordre à Klaus Kinzler de ne pas s’exprimer dans les médias, mais elle a envoyé le 5 mars un courriel à l’ensemble du personnel de l’IEP ainsi rédigé : « Si vous êtes sollicité.e.s [sic] par des journalistes sur ces actualités, renvoyez le mail ou le contact vers le service communication qui en accord avec moi donnera la réponse la mieux adaptée par rapport à la stratégie de communication qui a été choisie. » Qui plus est, 16 des 17 élèves mis en cause comme principaux fauteurs de troubles ont été relaxés (l’un a écopé d’un sursis), à l’issue d’un conseil de discipline.
Sur ce plan de la communication de l’IEP, l’échec est total. Le livre de témoignage que Klaus Kinzler publiera en mars (aux éditions du Rocher) est d’autant plus attendu, que le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, vient d’annoncer qu’il coupera les subventions de la région envers l'Institut d'étude politique de Grenoble à cause de sa « dérive idéologique et communautariste ». Une décision aussitôt saluée par deux candidats à l’élection présidentielle : Marine Le Pen et Éric Zemmour. Quant au député LREM de l’Indre, François Jolivet, il a demandé « la mise sous tutelle de Sciences Po Grenoble » et « l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur la situation des universités françaises ». Vaste programme !