
Y a-t-il une vie après la vie ?
Victimes d’accidents, des personnes déclarées mortes par la médecine sont revenues à la vie terrestre. Cela s’appelle une expérience de mort imminente (EMI), plus connue son le nom anglais de NDE (near death experience). En passant de l’autre côté, ces anonymes ont fait l’expérience d’une nouvelle naissance, relativisant ainsi la frontière de la mort. Cette expérience n’a rien à voir avec une hallucination. Il s’agit d’une décorporation qui, au lieu d’abolir la conscience du sujet, la déplace dans une autre dimension. De Sydney à Long Island, de Londres à Toulouse, tous les témoignages réunis par Pierre Barnerias concordent : le plus souvent, il y a ce fameux tunnel, cette lumière irradiante, et surtout cet Amour impossible à retranscrire en langage humain. L’enquête confronte des médecins de renom à ce qui contredit toute la doxa matérialiste. « Pourquoi s'obstiner à croire qu'il n'y a rien après la mort ? » interroge Pierre Barnerias. Chez nos ancêtres, aux yeux desquels l’être subsistait dans l’âme, l’ultime passage était vécu comme une migration, pas comme une rupture. Notre société soi-disant évoluée définit la mort en creux : c’est la fin de la vie. Point barre. Cette vision très minimaliste, bas de plafond, sous-tend qu’il n’y a rien à comprendre. Mais (ce qui est le cas dans le film) quand une mère perd brutalement son fils dans un accident de la route, elle va chercher des réponses, exiger une sorte de droit de suite. L’environnement déchristianisé, très peu résilient, n’a rien à lui offrir. Bien au contraire, il augmente la détresse. Puisque la mort est incompréhensible, rien ne peut être dit à son sujet. Et c’est logique, si on considère qu’elle n’est que la porte sur le néant, l’aube du sommeil éternel. C’est pour cela que les « expérienceurs » (comme on les appelle) mettent souvent des décennies à raconter leur voyage dans l’au-delà. De peur d’être pris pour fous. Dans un univers médical ultra technicisé, tout est fait pour maintenir le patient ici-bas, comme si passer de l’autre côté n’était pas concevable. Ceux qui ont vécu des EMI prouvent le contraire. Notre conscience perdure au-delà de nos sens et si invraisemblable que cela puisse paraître, on peut voir les yeux fermés et marcher tout en se voyant allongé dans son lit.
Qui peut douter que de tels récits révolutionnent notre manière d’envisager la vie ? Les témoignages recueillis par Pierre Barnerias reflètent cette transformation : d’abord, tous ont désiré rester « là-haut », ne pas redescendre, tellement ils s’y sentaient bien. Simplement, « on » leur a dit que leur temps sur Terre n’était pas fini. La seule expérience négative met en scène un tunnel sombre où des êtres méchants maltraitent « l’âme » en l’entraînant vers un monde terrifiant. Et encore, ce cas inouï s’achève sur une rencontre avec… Jésus ! Ensuite, une fois revenus, les expérienceurs ont changé de vie. Ils n’étaient plus animés que par la volonté de répandre l’Amour autour d’eux. On voit ainsi un patron de boîte de nuit new-yorkais rompre avec la seule trinité qui guidait ses pas, sexe - argent - pouvoir. C’est grâce à leur « voyage » que certains ont pu surmonter la mort de leur proche dans l’accident qui les avait plongés dans le coma. Thanatos se feuillette en images comme le Guide du routard de l’au-delà. Très habilement, Pierre Barnerias ne fait de la retape pour aucun clergé. Son précédent opus, M (pour Marie) et le 3° secret était plus clivant. Ici, l’Amour transcende toutes les croyances et il est dommage qu’il ait renoncé à inclure la séquence avec l'expérienceur musulman. Quoi qu’il en soit, le documentaire devrait continuer à libérer la parole sur un sujet trop ignoré du grand public et du corps médical. Les EMI changent notre regard sur le vieillissement et sur le soin que peuvent attendre les personnes abusivement dites « en fin de vie ». Car comme nous tous, elles n’en sont pas encore au début.