International
Xi Jinping humilie Hongkong et exalte Shenzhen
Le 11 novembre, quatre députés pro-démocratie de Hongkong ont été démis de leurs mandats par les autorités locales. C’est évidemment Xi Jinping qui est à l’origine de cette destitution effectuée en vertu du pouvoir qu’il a accordé à l’exécutif local, à sa botte, de disqualifier des élus considérés comme menaçant la sécurité nationale. En solidarité avec leurs quatre confrères évincés, les quinze autres députés prodémocratie hongkongais ont annoncé leur démission collective. Le Parlement local de Hongkong se retrouve donc sans opposition. C’est un coup décisif porté au camp pro-démocratie par Pékin dont l’agressivité se donne libre-cours au nom de la loi sur la sécurité nationale adoptée le 30 juin dernier par le Parlement chinois. Depuis le début des manifestations pour la démocratie, plus de 10 000 personnes ont été arrêtées, d'autres ont choisi l'exil.
Ce nouvel épisode sonne le glas du système politique et juridique autonome concédé par Pékin à l’ancienne colonie britannique lors de sa restitution à la Chine en 1997. L’accord signé alors par le Royaume-Uni et la Chine accordait à Hongkong le droit de bénéficier pendant 50 ans (donc jusqu’en 2047) de ce régime semi-indépendant. Mais le pouvoir communiste ne pouvait évidemment s’en satisfaire. Après avoir fait pression pendant des années sur le pouvoir exécutif hongkongais pour qu’il impose des lois « continentales » à l’archipel, provoquant de gigantesques manifestations (des millions de manifestants en 2019 contre une loi d’extradition vers la Chine), Xi Jiping est repassé à l’offensive cet été avec cette loi de sécurité nationale en l’incorporant dans la Loi fondamentale qui sert depuis 1997 de mini-Constitution à Hongkong. Cette nouvelle loi autorise les « organes de sécurité », autrement dit la police politique communiste, à opérer à sa guise dans le territoire. Tout acte, toute prise de position contraire aux intérêts du régime entraîne une arrestation et une condamnation pour crime contre la sécurité nationale.
Une étape n’a pas encore été franchie : le recours à l’armée. Mais celle-ci campe aux limites de la « région administrative spéciale » pour prêter main-forte à la garnison de l’armée populaire chinoise basée à Hongkong. L’opinion publique chinoise a été préparée à une telle intervention à grands coups de propagande exaltant l’unité nationale et fustigeant les « séparatistes ». Pas question pour Pékin de perdre la face. Ce qui l’a retenu jusqu’à présent est le coût d’une telle intervention militaire, ruineuse pour la place financière internationale qu’est Hongkong.
Mais le moment paraît propice pour resserrer le nœud coulant. En butte au coronavirus, les Occidentaux, les Européens surtout, protestent mais ne veulent pas rompre avec un partenaire économique majeur. Aux Etats-Unis, le président Trump réitère ses avertissements de sanctions économiques si Pékin ne retire pas sa loi de sécurité nationale, mais il aura peut-être été remplacé par Biden à la Maison blanche dans deux mois (notons toutefois que, prudente, la Chine s’est abstenue – comme la Russie – de féliciter Biden). Le Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale de Hongkong, a offert des passeports britanniques à tout ressortissant hongkongais. Le spectre d’une répression massive et sanglante du type Tienanmen (1989) provoque déjà l’exode d’une partie de la jeunesse hongkongaise non seulement en Grande-Bretagne et dans d’autres pays européens, mais aussi aux Etats-Unis, en Australie et à Taïwan.
Xi Jinping a préparé le terrain de la chute de Hongkong en encensant Shenzhen, la mégapole à l’avant-garde technologique à l’occasion du 40ème anniversaire de la création de cette « zone économique spéciale » voisine et rivale de Hongkong. Dans un discours abondamment retransmis sur les chaînes de télévision, le 15 octobre dernier, il a multiplié les formules vibrantes pour exalter l’« influence mondiale » de cette métropole, phare de l’« innovation » et de l’« exploration », ce temple de la « révolution technologique ». Le fait est que Shenzhen peut prétendre devenir la Silicon Valley de la Chine : elle est notamment le berceau des géants de la technologie chinoise Tencent et Huawei. Il n’y manque qu’un léger détail : la liberté…
Ce nouvel épisode sonne le glas du système politique et juridique autonome concédé par Pékin à l’ancienne colonie britannique lors de sa restitution à la Chine en 1997. L’accord signé alors par le Royaume-Uni et la Chine accordait à Hongkong le droit de bénéficier pendant 50 ans (donc jusqu’en 2047) de ce régime semi-indépendant. Mais le pouvoir communiste ne pouvait évidemment s’en satisfaire. Après avoir fait pression pendant des années sur le pouvoir exécutif hongkongais pour qu’il impose des lois « continentales » à l’archipel, provoquant de gigantesques manifestations (des millions de manifestants en 2019 contre une loi d’extradition vers la Chine), Xi Jiping est repassé à l’offensive cet été avec cette loi de sécurité nationale en l’incorporant dans la Loi fondamentale qui sert depuis 1997 de mini-Constitution à Hongkong. Cette nouvelle loi autorise les « organes de sécurité », autrement dit la police politique communiste, à opérer à sa guise dans le territoire. Tout acte, toute prise de position contraire aux intérêts du régime entraîne une arrestation et une condamnation pour crime contre la sécurité nationale.
Une étape n’a pas encore été franchie : le recours à l’armée. Mais celle-ci campe aux limites de la « région administrative spéciale » pour prêter main-forte à la garnison de l’armée populaire chinoise basée à Hongkong. L’opinion publique chinoise a été préparée à une telle intervention à grands coups de propagande exaltant l’unité nationale et fustigeant les « séparatistes ». Pas question pour Pékin de perdre la face. Ce qui l’a retenu jusqu’à présent est le coût d’une telle intervention militaire, ruineuse pour la place financière internationale qu’est Hongkong.
Mais le moment paraît propice pour resserrer le nœud coulant. En butte au coronavirus, les Occidentaux, les Européens surtout, protestent mais ne veulent pas rompre avec un partenaire économique majeur. Aux Etats-Unis, le président Trump réitère ses avertissements de sanctions économiques si Pékin ne retire pas sa loi de sécurité nationale, mais il aura peut-être été remplacé par Biden à la Maison blanche dans deux mois (notons toutefois que, prudente, la Chine s’est abstenue – comme la Russie – de féliciter Biden). Le Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale de Hongkong, a offert des passeports britanniques à tout ressortissant hongkongais. Le spectre d’une répression massive et sanglante du type Tienanmen (1989) provoque déjà l’exode d’une partie de la jeunesse hongkongaise non seulement en Grande-Bretagne et dans d’autres pays européens, mais aussi aux Etats-Unis, en Australie et à Taïwan.
Xi Jinping a préparé le terrain de la chute de Hongkong en encensant Shenzhen, la mégapole à l’avant-garde technologique à l’occasion du 40ème anniversaire de la création de cette « zone économique spéciale » voisine et rivale de Hongkong. Dans un discours abondamment retransmis sur les chaînes de télévision, le 15 octobre dernier, il a multiplié les formules vibrantes pour exalter l’« influence mondiale » de cette métropole, phare de l’« innovation » et de l’« exploration », ce temple de la « révolution technologique ». Le fait est que Shenzhen peut prétendre devenir la Silicon Valley de la Chine : elle est notamment le berceau des géants de la technologie chinoise Tencent et Huawei. Il n’y manque qu’un léger détail : la liberté…