International
Vers la fin du "zéro Covid" en Chine ?
Au cours des derniers jours, la Chine a connu les plus grandes manifestations antigouvernementales depuis le massacre de la place Tienanmen en 1989, exprimant un mécontentement généralisé à l'égard de la politique chinoise du « zéro Covid » avec ses contrôles des déplacements, tests PCR quasi-quotidiens et confinements répétés dans des conditions qui ont choqué l'opinion publique internationale. Le tout sans stratégie claire de sortie. Le déclencheur immédiat de ces protestations, y compris des appels inédits à la démission de Xi Jinping, a été la mort d'au moins 10 personnes dans un incendie à Urumqi, la capitale provinciale du Xinjiang, où vit une population majoritairement musulmane, composée principalement d'Ouighours et d'autres minorités ethniques. Selon les manifestants, les restrictions anti-covid auraient entravé l’intervention des pompiers et bloqué les habitants dans leurs immeubles derrière des portes verrouillées.
D'Urumqi, les protestations se sont rapidement étendues à d'autres villes, dont Shanghai et Pékin. Des violences ont notamment éclaté à Zhengzhou dans la plus grande usine au monde d'iPhones, où les manifestants ont protesté à la fois contre les restrictions anti-covid et pour réclamer des salaires plus élevés. La réponse du Parti communiste à cette vague nationale de manifestations a été d'appeler à des mesures répressives contre « les activités d'infiltration et de sabotage des forces hostiles conformément à la loi ». La plupart des observateurs s'accordent à dire que le pouvoir central n’est pas menacé par la crise actuelle, mais l'ampleur des protestations reste significative, et on se demande si le gouvernement essaiera de camper sur ses positions ou les modifier.
Sur le plan médical, le plus grand obstacle à l'allègement du plan zéro Covid est l'absence presque totale d'immunité naturelle dans le pays, la population n’ayant pas été exposée au virus. La société chinoise est fortement vaccinée, mais les vaccins chinois utilisés exclusivement (Sinopharm et Sinovac) ont été critiqués à l’international, jugés inefficaces contre les différentes variantes d’omicron. Il est parfois avancé que la voie à suivre pour la Chine serait de s'ouvrir aux vaccins ARNm occidentaux, mais les données de Hong Kong, où le vaccin de Pfizer-BioNTech a été mis à disposition en 2021 à côte de celui de Sinovac, révèlent une situation assez complexe qui ne peut être réduite à une simple bataille d'efficacité entre vaccins. La politique du zéro Covid de Hong Kong a largement réussi jusqu'à l'arrivée d'omicron en février 2022, qui a ensuite entraîné le taux de mortalité le plus élevé au monde dans les mois suivants. Il est difficile de déterminer si ces décès doivent être attribués avant tout à un niveau de vaccination relativement faible (malgré une campagne publique intensive), à une préférence politique évidente pour Sinovac, ou plutôt au fait que la politique du zéro Covid a laissé la population sans aucune immunité naturelle, tout comme en Chine continentale.
Même sans vaccins occidentaux, il semble que les autorités chinoises ne soient pas totalement dépourvues d'outils pour affronter les inévitables infections qui suivraient la suppression des mesures actuelles. Le laboratoire CanSino Biologics vient par exemple de développer un vaccin nasal anti-covid produisant précisément les anticorps muqueux IgA qui, selon des spécialistes, pourraient bloquer la transmission du coronavirus, contrairement à ceux suscités par les vaccins à ARN messager. En outre, en juin, des chercheurs chinois et cubains ont fait breveter un vaccin recombinant (utilisant la même plateforme que des vaccins cubains tels que l'Abdala) censé être capable de combattre toutes les variantes du Covid-19.
Pour l'instant les autorités ont promis d'accélérer la vaccination des personnes âgées, et la vice-Première ministre Sun Chunlan a appelé à une « optimisation » de l'approche de l'État en reconnaissant que la faible pathogénicité des variantes omicron a créé une nouvelle situation. Un assouplissement des mesures imposées par Pékin semble donc possible, mais leur abandon complet reste peu probable pour des raisons tant sanitaires que politiques. En mai 2022, des chercheurs chinois et américains avaient estimé le nombre de décès potentiels en cas d'abandon du zéro Covid à 1,55 million, et même une létalité moindre, comparable à celle en Australie suite à sa réouverture, donnerait un chiffre de 800 000 morts. L'idée d'un recul humiliant face à la pression de l'opinion publique est tout aussi problématique pour le régime, étant donné que jusqu'à présent, la politique du zéro Covid a été un pilier de son programme. Néanmoins, de nombreux commentateurs ont affirmé que les manifestations actuelles marquent la fin de 30 ans d'un contrat social tacite, par lequel les citoyens chinois ont effectivement donné carte blanche au gouvernement pour restreindre les libertés individuelles en échange d'un développement économique certes spectaculaire. Ce qui pourrait remplacer ce contrat reste une question ouverte.
D'Urumqi, les protestations se sont rapidement étendues à d'autres villes, dont Shanghai et Pékin. Des violences ont notamment éclaté à Zhengzhou dans la plus grande usine au monde d'iPhones, où les manifestants ont protesté à la fois contre les restrictions anti-covid et pour réclamer des salaires plus élevés. La réponse du Parti communiste à cette vague nationale de manifestations a été d'appeler à des mesures répressives contre « les activités d'infiltration et de sabotage des forces hostiles conformément à la loi ». La plupart des observateurs s'accordent à dire que le pouvoir central n’est pas menacé par la crise actuelle, mais l'ampleur des protestations reste significative, et on se demande si le gouvernement essaiera de camper sur ses positions ou les modifier.
Sur le plan médical, le plus grand obstacle à l'allègement du plan zéro Covid est l'absence presque totale d'immunité naturelle dans le pays, la population n’ayant pas été exposée au virus. La société chinoise est fortement vaccinée, mais les vaccins chinois utilisés exclusivement (Sinopharm et Sinovac) ont été critiqués à l’international, jugés inefficaces contre les différentes variantes d’omicron. Il est parfois avancé que la voie à suivre pour la Chine serait de s'ouvrir aux vaccins ARNm occidentaux, mais les données de Hong Kong, où le vaccin de Pfizer-BioNTech a été mis à disposition en 2021 à côte de celui de Sinovac, révèlent une situation assez complexe qui ne peut être réduite à une simple bataille d'efficacité entre vaccins. La politique du zéro Covid de Hong Kong a largement réussi jusqu'à l'arrivée d'omicron en février 2022, qui a ensuite entraîné le taux de mortalité le plus élevé au monde dans les mois suivants. Il est difficile de déterminer si ces décès doivent être attribués avant tout à un niveau de vaccination relativement faible (malgré une campagne publique intensive), à une préférence politique évidente pour Sinovac, ou plutôt au fait que la politique du zéro Covid a laissé la population sans aucune immunité naturelle, tout comme en Chine continentale.
Même sans vaccins occidentaux, il semble que les autorités chinoises ne soient pas totalement dépourvues d'outils pour affronter les inévitables infections qui suivraient la suppression des mesures actuelles. Le laboratoire CanSino Biologics vient par exemple de développer un vaccin nasal anti-covid produisant précisément les anticorps muqueux IgA qui, selon des spécialistes, pourraient bloquer la transmission du coronavirus, contrairement à ceux suscités par les vaccins à ARN messager. En outre, en juin, des chercheurs chinois et cubains ont fait breveter un vaccin recombinant (utilisant la même plateforme que des vaccins cubains tels que l'Abdala) censé être capable de combattre toutes les variantes du Covid-19.
Pour l'instant les autorités ont promis d'accélérer la vaccination des personnes âgées, et la vice-Première ministre Sun Chunlan a appelé à une « optimisation » de l'approche de l'État en reconnaissant que la faible pathogénicité des variantes omicron a créé une nouvelle situation. Un assouplissement des mesures imposées par Pékin semble donc possible, mais leur abandon complet reste peu probable pour des raisons tant sanitaires que politiques. En mai 2022, des chercheurs chinois et américains avaient estimé le nombre de décès potentiels en cas d'abandon du zéro Covid à 1,55 million, et même une létalité moindre, comparable à celle en Australie suite à sa réouverture, donnerait un chiffre de 800 000 morts. L'idée d'un recul humiliant face à la pression de l'opinion publique est tout aussi problématique pour le régime, étant donné que jusqu'à présent, la politique du zéro Covid a été un pilier de son programme. Néanmoins, de nombreux commentateurs ont affirmé que les manifestations actuelles marquent la fin de 30 ans d'un contrat social tacite, par lequel les citoyens chinois ont effectivement donné carte blanche au gouvernement pour restreindre les libertés individuelles en échange d'un développement économique certes spectaculaire. Ce qui pourrait remplacer ce contrat reste une question ouverte.