Politique
Une levée des couleurs sans tambour ni trompette
Partout en France, les bâtiments officiels montent de nouvelles couleurs. Dans le brouillard automnal et le silence médiatique, le Président Emmanuel change les couleurs du drapeau français. Le rouge est un peu plus prononcé, le bleu franchement plus foncé… Les changements apportés à un drapeau ne sont jamais anodins. Peter Franklin, pour UnHerd (voir l’article en lien), nous rappelle l’exemple de la Biélorussie, pays dont on parle beaucoup en ce moment. En 1995, Alexandre Loukachenko a remplacé le blanc-rouge-blanc traditionnel – adopté après la chute du communisme quelques années auparavant – par un retour de la bannière en vigueur du temps de la République Socialiste Soviétique Biélorusse. Seuls manquent l’étoile, la faucille et le marteau. Rien de cosmétique : Loukachenko règne en autocrate soviétique…
Pourquoi un banquier devenu président, promoteur de la « start-up nation » et contempteur des « Français d’en bas » se préoccuperait-il d’un symbole national ? Lui qui s’affiche comme le premier de cordée des progressistes fait revenir les couleurs originelles proposées par Jacques-Louis David en 1794… Emmanuel Macron sait que la prochaine campagne pour l’élection présidentielle va probablement le mettre en concurrence avec un représentant de « l’extrême-droite ». Avant lui, Angela Merkel a connu le même revirement face au drapeau. Lors d’un rallye de campagne en 2013, elle avait pris des mains d’un membre de son équipe le drapeau allemand. Plutôt que de l’agiter en signe de ralliement, elle s’en était débarrassée avec une moue de dégoût… Quatre ans plus tard, faisant face à une concurrence plus forte sur sa droite, elle s’emparait des couleurs nationales avec fierté. Emmanuel Macron fait la même chose, mais de manière à la fois plus forte et plus subtile.
Le « bleu-blanc-rouge » est souvent associé au triptyque « liberté-égalité-fraternité ». À l’ère des confinements et de l’urgence sanitaire, le bleu plus foncé fait écho aux libertés individuelles mises sous le boisseau… Il rappelle aussi le changement d’atmosphère et la mise en lumière des nouvelles luttes idéologiques. Les sondages confirment que le combat du socialisme contre le capitalisme est dépassé. La question identitaire est aujourd’hui la ligne de fracture politique. Est-ce une coïncidence si le nouveau drapeau tricolore reprend les couleurs du logo du Rassemblement National ? Clairement, Emmanuel Macron envoie un message fort à droite.
Le progressiste agit en réactionnaire. Il revient à la version traditionnelle de notre drapeau en annulant le changement ordonné par le président moderniste Valéry Giscard d’Estaing en 1976. Voulant des symboles forts pour marquer son règne de monarque réformateur, ce dernier avait voulu un drapeau aux couleurs plus claires et une « Marseillaise » plus lente, pour atténuer l’agressivité de son texte. Le nouveau bleu français correspondait exactement à celui du drapeau étoilé européen. Grâce à Giscard, les deux drapeaux systématiquement associés ne juraient plus. Ils se fondaient l’un dans l’autre – en harmonie avec la vision d’une Europe comme une extension de la France.
L’opinion publique a changé et voit de plus en plus l’Union Européenne comme une menace à sa souveraineté. Les postures « eurosceptiques » ne sont plus confinées à la droite de la droite. Même le haut fonctionnaire européen Michel Barnier a changé de discours. Cela met le futur candidat Emmanuel Macron dans une position délicate. Alors qu’Angela Merkel est sur le point de quitter la scène politique et que la présidence de l’Union va revenir à la France, il se voit comme le premier de cordée des chefs d’états européens. Mais il doit d’abord être réélu en affirmant la souveraineté française sans froisser Bruxelles. Le « en même temps » ressemble parfois à un moment schizophrène. Le changement de bleu sur notre bannière tricolore est réfléchi. Il envoie aux Français inquiets un message subliminal car il ne se marie plus au ton du bleu européen. La discrétion qui entoure cette nouvelle levée des couleurs évite de l’afficher ostensiblement face aux autorités européennes…
Nos drapeaux sont les lointains héritiers de l’héraldique du Moyen-Âge. Néanmoins, si les blasons étaient le privilège visible d’une minorité dirigeante, les drapeaux appartiennent à un peuple. Contrairement à la vision progressiste, les couleurs nationales sont un symbole d’inclusion, de démocratie dans son sens le plus entier. Alors qu’elles marquent des frontières géographiques, elles signifient aussi une continuité dans le temps – un héritage transmis de génération à génération… Giscard, conclut Peter Franklin, a eu tort de rompre avec la tradition. Certes, l’initiative jupitérienne est une manœuvre électorale mais restaurer les couleurs d’origine est une bonne initiative qui s’inscrit sur la durée. Elle confirme aussi, en filigrane, que le progressisme est réversible…
Pourquoi un banquier devenu président, promoteur de la « start-up nation » et contempteur des « Français d’en bas » se préoccuperait-il d’un symbole national ? Lui qui s’affiche comme le premier de cordée des progressistes fait revenir les couleurs originelles proposées par Jacques-Louis David en 1794… Emmanuel Macron sait que la prochaine campagne pour l’élection présidentielle va probablement le mettre en concurrence avec un représentant de « l’extrême-droite ». Avant lui, Angela Merkel a connu le même revirement face au drapeau. Lors d’un rallye de campagne en 2013, elle avait pris des mains d’un membre de son équipe le drapeau allemand. Plutôt que de l’agiter en signe de ralliement, elle s’en était débarrassée avec une moue de dégoût… Quatre ans plus tard, faisant face à une concurrence plus forte sur sa droite, elle s’emparait des couleurs nationales avec fierté. Emmanuel Macron fait la même chose, mais de manière à la fois plus forte et plus subtile.
Le « bleu-blanc-rouge » est souvent associé au triptyque « liberté-égalité-fraternité ». À l’ère des confinements et de l’urgence sanitaire, le bleu plus foncé fait écho aux libertés individuelles mises sous le boisseau… Il rappelle aussi le changement d’atmosphère et la mise en lumière des nouvelles luttes idéologiques. Les sondages confirment que le combat du socialisme contre le capitalisme est dépassé. La question identitaire est aujourd’hui la ligne de fracture politique. Est-ce une coïncidence si le nouveau drapeau tricolore reprend les couleurs du logo du Rassemblement National ? Clairement, Emmanuel Macron envoie un message fort à droite.
Le progressiste agit en réactionnaire. Il revient à la version traditionnelle de notre drapeau en annulant le changement ordonné par le président moderniste Valéry Giscard d’Estaing en 1976. Voulant des symboles forts pour marquer son règne de monarque réformateur, ce dernier avait voulu un drapeau aux couleurs plus claires et une « Marseillaise » plus lente, pour atténuer l’agressivité de son texte. Le nouveau bleu français correspondait exactement à celui du drapeau étoilé européen. Grâce à Giscard, les deux drapeaux systématiquement associés ne juraient plus. Ils se fondaient l’un dans l’autre – en harmonie avec la vision d’une Europe comme une extension de la France.
L’opinion publique a changé et voit de plus en plus l’Union Européenne comme une menace à sa souveraineté. Les postures « eurosceptiques » ne sont plus confinées à la droite de la droite. Même le haut fonctionnaire européen Michel Barnier a changé de discours. Cela met le futur candidat Emmanuel Macron dans une position délicate. Alors qu’Angela Merkel est sur le point de quitter la scène politique et que la présidence de l’Union va revenir à la France, il se voit comme le premier de cordée des chefs d’états européens. Mais il doit d’abord être réélu en affirmant la souveraineté française sans froisser Bruxelles. Le « en même temps » ressemble parfois à un moment schizophrène. Le changement de bleu sur notre bannière tricolore est réfléchi. Il envoie aux Français inquiets un message subliminal car il ne se marie plus au ton du bleu européen. La discrétion qui entoure cette nouvelle levée des couleurs évite de l’afficher ostensiblement face aux autorités européennes…
Nos drapeaux sont les lointains héritiers de l’héraldique du Moyen-Âge. Néanmoins, si les blasons étaient le privilège visible d’une minorité dirigeante, les drapeaux appartiennent à un peuple. Contrairement à la vision progressiste, les couleurs nationales sont un symbole d’inclusion, de démocratie dans son sens le plus entier. Alors qu’elles marquent des frontières géographiques, elles signifient aussi une continuité dans le temps – un héritage transmis de génération à génération… Giscard, conclut Peter Franklin, a eu tort de rompre avec la tradition. Certes, l’initiative jupitérienne est une manœuvre électorale mais restaurer les couleurs d’origine est une bonne initiative qui s’inscrit sur la durée. Elle confirme aussi, en filigrane, que le progressisme est réversible…
La sélection
Why Macron snubbed the EU
UnHerd