International
Un petit air de Canossa dans le voyage d’Ursula von der Leyen à Londres
C’est un premier ministre britannique auréolé d’une victoire écrasante en décembre en faveur de la mise en œuvre du Brexit – « une énorme opportunité économique pour faire des choses que nous n'avons jamais été autorisés à faire pendant des décennies » avait-il proclamé –, qu’est allée rencontrer à Londres, le 8 janvier, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. C’était la première entrevue entre le chef de gouvernement conservateur et Mme von der Leyen depuis sa prise de fonction, le mois dernier.
Ce n’est pas Boris Johnson qui s’est rendu à Bruxelles : le quémandeur venait du continent. Ursula von der Leyen a retrouvé à Londres un homme pressé : Johnson lui a confirmé qu’il veut conclure avec l’UE un accord sur le Brexit d'ici la fin de l'année 2020. « Trop court » a objecté la présidente de la Commission, l'accord de divorce prévoyant que la période de transition puisse être prolongée jusqu'à deux ans si les parties n'arrivent pas à s'entendre dans ce laps de temps. Quoi qu’il advienne, amiable ou non, le Brexit sera promulgué le 31 janvier prochain : les députés britanniques ont approuvé ce 9 janvier l'accord de divorce, mettant fin à trois ans et demi de blocage, Outre-Manche, et à 47 ans d'une vie commune tumultueuse avec l’UE.
Bien sûr, la fin du blocage ne signifie pas que le processus de séparation ne connaîtra pas de nouvelles crises jusqu'à fin 2020, au cours de la période de transition où les nouvelles relations entre Londres et les 27 doivent être définies (en attendant, les Britanniques continueront d'appliquer les règles européennes et d'en bénéficier - sans siéger dans les institutions européennes). Johnson affiche sa volonté de parvenir à un accord commercial « ambitieux » avec l’UE qui ne soit pas « un alignement » sur ses règles. Mais il est tout aussi déterminé à ne pas poursuivre les négociations au-delà de 2020, et fera inscrire cette interdiction dans la loi. Cela étant dit et martelé, place au pragmatisme : « Le Premier ministre a dit que le Royaume-Uni était prêt à commencer les négociations sur le futur partenariat et un accord de libre-échange sur le modèle canadien dès que possible après le 31 janvier », a indiqué Downing Street. Et à défaut d’accord global d'ici à la fin de l'année, on veut bien se contenter d’un accord partiel, a-t-on ajouté à Londres. Façon de répondre d’avance à l’objection de la présidente de la Commission européenne sur le délai trop court. L’autre message d’Ursula von der Leyen à Boris Johnson est une concession en forme d’avertissement : l'UE, a-t-elle dit, est prête à « concevoir un nouveau partenariat avec zéro droits de douanes, zéro quotas, zéro dumping », mais « sans concurrence équitable en matière d'environnement, de travail, de fiscalité et d'aides d'État, vous ne pouvez pas avoir un accès de la plus haute qualité au plus grand marché commun du monde », a-t-elle averti. C’est le spectre de la création d’un paradis fiscal et commercial à quelques encablures de l’UE que cherche à conjurer la Commission.
Quand Bruxelles paraît se préparer à un accouchement aux forceps, dans la sueur et les larmes (l'UE, a annoncé la présidente de la Commission, est « prête à travailler nuit et jour » pour sceller un accord post-Brexit), Londres insiste sur la souplesse : « L'approche selon laquelle il n'y a d'accord sur rien tant qu'il n'y a pas d'accord sur tout, qui caractérisait les négociations précédentes, n'est peut-être pas l'approche que nous souhaiterions prendre », a déclaré en pratiquant l’art de l’« understatement » un porte-parole de Boris Johnson.
Celui-ci dispose à présent d’une double légitimité : celle que lui donne le ralliement massif des parlementaires à sa détermination à mettre en œuvre le Brexit, pour respecter le referendum populaire ; et celle des électeurs pro-Brexit. Il a multiplié les gages à cet électorat souvent qualifié de « populiste », non seulement en revalorisant spectaculairement, à la stupéfaction générale, le salaire minimum, mais en présentant des vœux de Noël on ne peut plus traditionnels, à la différence notable du président de la République française. Comme le soulignait, le 8 janvier, Eric Zemmour dans l’émission « Face à l’info » de Cnews, ce ne sont pas d’abord des considérations économiques qui ont inspiré le Brexit aux laissés pour compte de la mondialisation, mais un attachement identitaire : l’ayant compris et adopté (par conviction ou opportunisme, laissons cette question ouverte), Boris Johnson pourrait passer du statut de paria de l’UE à celui d’homme fort de l’Europe … des nations. Pas exactement le modèle dont on rêve à Bruxelles.
Ce n’est pas Boris Johnson qui s’est rendu à Bruxelles : le quémandeur venait du continent. Ursula von der Leyen a retrouvé à Londres un homme pressé : Johnson lui a confirmé qu’il veut conclure avec l’UE un accord sur le Brexit d'ici la fin de l'année 2020. « Trop court » a objecté la présidente de la Commission, l'accord de divorce prévoyant que la période de transition puisse être prolongée jusqu'à deux ans si les parties n'arrivent pas à s'entendre dans ce laps de temps. Quoi qu’il advienne, amiable ou non, le Brexit sera promulgué le 31 janvier prochain : les députés britanniques ont approuvé ce 9 janvier l'accord de divorce, mettant fin à trois ans et demi de blocage, Outre-Manche, et à 47 ans d'une vie commune tumultueuse avec l’UE.
Bien sûr, la fin du blocage ne signifie pas que le processus de séparation ne connaîtra pas de nouvelles crises jusqu'à fin 2020, au cours de la période de transition où les nouvelles relations entre Londres et les 27 doivent être définies (en attendant, les Britanniques continueront d'appliquer les règles européennes et d'en bénéficier - sans siéger dans les institutions européennes). Johnson affiche sa volonté de parvenir à un accord commercial « ambitieux » avec l’UE qui ne soit pas « un alignement » sur ses règles. Mais il est tout aussi déterminé à ne pas poursuivre les négociations au-delà de 2020, et fera inscrire cette interdiction dans la loi. Cela étant dit et martelé, place au pragmatisme : « Le Premier ministre a dit que le Royaume-Uni était prêt à commencer les négociations sur le futur partenariat et un accord de libre-échange sur le modèle canadien dès que possible après le 31 janvier », a indiqué Downing Street. Et à défaut d’accord global d'ici à la fin de l'année, on veut bien se contenter d’un accord partiel, a-t-on ajouté à Londres. Façon de répondre d’avance à l’objection de la présidente de la Commission européenne sur le délai trop court. L’autre message d’Ursula von der Leyen à Boris Johnson est une concession en forme d’avertissement : l'UE, a-t-elle dit, est prête à « concevoir un nouveau partenariat avec zéro droits de douanes, zéro quotas, zéro dumping », mais « sans concurrence équitable en matière d'environnement, de travail, de fiscalité et d'aides d'État, vous ne pouvez pas avoir un accès de la plus haute qualité au plus grand marché commun du monde », a-t-elle averti. C’est le spectre de la création d’un paradis fiscal et commercial à quelques encablures de l’UE que cherche à conjurer la Commission.
Quand Bruxelles paraît se préparer à un accouchement aux forceps, dans la sueur et les larmes (l'UE, a annoncé la présidente de la Commission, est « prête à travailler nuit et jour » pour sceller un accord post-Brexit), Londres insiste sur la souplesse : « L'approche selon laquelle il n'y a d'accord sur rien tant qu'il n'y a pas d'accord sur tout, qui caractérisait les négociations précédentes, n'est peut-être pas l'approche que nous souhaiterions prendre », a déclaré en pratiquant l’art de l’« understatement » un porte-parole de Boris Johnson.
Celui-ci dispose à présent d’une double légitimité : celle que lui donne le ralliement massif des parlementaires à sa détermination à mettre en œuvre le Brexit, pour respecter le referendum populaire ; et celle des électeurs pro-Brexit. Il a multiplié les gages à cet électorat souvent qualifié de « populiste », non seulement en revalorisant spectaculairement, à la stupéfaction générale, le salaire minimum, mais en présentant des vœux de Noël on ne peut plus traditionnels, à la différence notable du président de la République française. Comme le soulignait, le 8 janvier, Eric Zemmour dans l’émission « Face à l’info » de Cnews, ce ne sont pas d’abord des considérations économiques qui ont inspiré le Brexit aux laissés pour compte de la mondialisation, mais un attachement identitaire : l’ayant compris et adopté (par conviction ou opportunisme, laissons cette question ouverte), Boris Johnson pourrait passer du statut de paria de l’UE à celui d’homme fort de l’Europe … des nations. Pas exactement le modèle dont on rêve à Bruxelles.