Twitter est dans la ligne de mire d'Elon Musk
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Twitter est dans la ligne de mire d'Elon Musk

Par Ludovic Lavaucelle. Synthèse n°1558, Publiée le 12/04/2022
Le fondateur de Tesla et de SpaceX vient d’acquérir 9,2% du petit oiseau bleu et c’est un coup de tonnerre dans le monde très « woke » des réseaux sociaux… Musk, l’homme le plus riche du monde, n’est pas un timide. Le coût de son investissement est proche de 3 milliards de dollars selon les informations dévoilées par les autorités boursières américaines (SEC). Et il dénonce publiquement la politique de modération de Twitter depuis la dernière campagne présidentielle américaine. Il s’est fait le héraut de la liberté d’expression en critiquant l’exclusion de l’ancien Président Donald Trump du réseau. Dernièrement, il a refusé de bloquer l’accès aux informations venant de Russie, comme d’autres acteurs se sont empressés de faire… Musk avait deux options : créer son propre réseau social ou influencer un acteur existant. Il a fait son choix.

Il a préparé son offensive en lançant un sondage le mois dernier sur Twitter, rappelle le Washington Examiner (voir l’article en lien), en ciblant ses 79 millions de « followers ». La question était simple : « Pensez-vous que Twitter facilite la liberté d’expression ? ». Elon Musk avait ajouté : « Les conséquences de cette enquête seront importantes. Réfléchissez bien avant de voter ». Les résultats, le lundi 4 avril dernier, indiquaient que plus de 2 millions de personnes avaient participé. 70% d’entre elles ont répondu : « Non ». Musk a commenté le résultat en posant une autre question : « Étant donné le poids de Twitter en tant que forum public, le non-respect d’un principe aussi fondamental que la liberté d’expression mine le système démocratique. Que faire ? Inventer une nouvelle plateforme ? » Finalement, Musk a préféré s’inviter dans le nid de l’oiseau bleu. Loin d’être symbolique, son investissement dans Twitter va avoir de fortes répercussions. Car ses parts sont bien supérieures aux autres actionnaires individuels. Par exemple, l’ancien PDG de Twitter, Jack Dorsey, ne détient que 2,25% de la société.

Les experts du secteur sont unanimes : la meilleure façon de changer une organisation est de le faire de l’intérieur. Musk a maintenant les moyens d’influencer Twitter. Il a critiqué avec véhémence les GAFAM pour la politisation de leur politique de modération et leur manque de transparence concernant les algorithmes employés. Parmi les faits marquants qui ont fait bondir Elon Musk : la censure exercée pour empêcher la publication d’une affaire très embarrassante concernant le fils de Joe Biden juste avant l’élection présidentielle de novembre 2020. Récemment, Twitter a encore suscité la polémique en suspendant des comptes qui osaient désigner Rachel Levine, Secrétaire d’État Adjoint à la Santé transgenre, comme étant un homme.

Cette offensive financière renforce en fait Twitter face à ses plus petits concurrents. C’est un paradoxe : ces derniers, Gettr, Parler ou encore Truth Social (le réseau créé par Donald Trump), qui ont mis la protection de la liberté d’expression au centre de leur modèle, pourraient avoir encore plus de difficultés à percer. Les derniers communiqués d’Elon Musk concernant Twitter nous donnent une idée de ses priorités. Il a questionné ses « followers » pour savoir si les algorithmes devraient être « open source ». Plus de 82% des participants ont répondu par l’affirmative. Même Jack Dorsey, l’ancien PDG – et co-fondateur – de Twitter, a abondé dans ce sens : « Tout le monde devrait pouvoir choisir en toute transparence quel algorithme utiliser. » Jusqu’à présent en effet, c’est la firme à l’oiseau bleu qui impose et contrôle le cerveau algorithmique du réseau social.

Mieux vaut impliquer le premier investisseur à la conduite des affaires, plutôt que de laisser le fantasque Sud-Africain critiquer la direction de « l’extérieur ». Or, des négociations ont eu lieu pendant le week-end dernier selon CNN (CNN Business). Contre un siège au conseil d’administration, Elon Musk devait s’engager à ne pas acquérir plus de 14,9% de la société. Pas de « deal » a confirmé le PDG de Twitter le 9 avril ! Musk ne siègera pas au conseil et se réserve donc la possibilité d’accroitre ses parts. Une telle décision ferait grimper la valeur boursière de l’entreprise au bénéfice des actionnaires tout en augmentant son influence sur la direction. En cas de désaccord sur la stratégie, il pourrait se désengager, causant une dépréciation qui mettrait sur la sellette les stratèges de Twitter.



Tout le monde s’attend à ce qu’Elon Musk utilise ce levier. Libertarien convaincu, ses tweets font jaser… Admirateur de l’économiste libéral Friedman, il postait récemment : « Rien n’est plus permanent qu’une mesure « temporaire » mise en place par un gouvernement. » L’abandon du siège au conseil d’administration révèle une attitude hostile de la part du fondateur de Tesla et de SpaceX. Stupeur et tremblements dans les équipes « ultra-woke » des modérateurs de Twitter…
La sélection
Twitter est dans la ligne de mire d'Elon Musk
How Musk could use the free-speech leverage granted by his Twitter stock buy
Washington Examiner
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