Santé

Transition de « genre » à l'école : l'Angleterre dit stop, la France persiste

Par Aude Mirkovic. Synthèse n°2090, Publiée le 18/01/2024 - Crédits photo : Juristes pour l'enfance

De plus en plus d'enfants et d'adolescents se déclarent « trans », c'est-à-dire s'identifient dans le sexe opposé à leur sexe biologique : des garçons se considèrent filles, des filles se ressentent garçons, et demandent aux tiers de les affirmer dans le sexe revendiqué. C'est ce qu'on appelle la « transition sociale ».

En France, une circulaire de l'éducation nationale du 29 septembre 2021 donne aux établissements scolaires la consigne de mettre en œuvre la transition sociale demandée par les élèves, avec l'accord des parents : les professeurs et les autres élèves utilisent alors le prénom et les pronoms (il ou elle) choisis par l'élève, ce qui revient à entériner en pratique un changement de sexe, de fait. L'état civil n'est certes pas modifié puisque la loi l'interdit pour les mineurs, mais on fait « comme si » : l'élève garçon est considéré comme une fille et vice-versa.

Le 29 décembre dernier, le Conseil d'État a rejeté les recours exercés contre cette circulaire par les associations Juristes pour l'enfance et SOS éducation. La décision parle clairement des « recommandations » et « préconisations » de la circulaire, et non d'une obligation qui en résulterait, ce qui est une bonne nouvelle même s'il demeurera très complexe pour les enseignants ou les autres élèves de s'en tenir au sexe de l'élève qui s'affirme dans l'autre sexe, car cette attitude même bienveillante et frappée au coin du bon sens est vite qualifiée de transphobe.

La Haute juridiction n'en rend pas moins une décision complètement dépassée au regard des dernières données acquises en la matière : il n'est en effet plus tenable aujourd'hui de considérer la « transition sociale » comme une mesure anodine, un temps qui serait donné à l'enfant pour réfléchir et se sentir mieux car elle engage, au contraire, l'enfant sur les rails d'un processus dont il sera rapidement prisonnier : si Maxime, garçon de CM2, appelé désormais Jessica à l'école, s'habille en fille et est considéré par tous comme une fille, y compris par les professeurs, quelle liberté lui laisse ce statut social de fille, qui est désormais le sien, pour se penser et s'accepter comme le garçon qu'il est ?

En outre, on ne saurait relativiser la transition sociale au motif que seule la transition médicale, à savoir l'administration d'hormones et les interventions chirurgicales, serait potentiellement préjudiciable à l'enfant. En effet, la transition sociale conduit directement à la transition médicale et c'est bien compréhensible : lorsque Maxime, devenu Jessica à l'école, va commencer sa puberté, comment va-t-il pouvoir supporter de voir sa voix muer, sa pilosité se développer etc. ? Son statut social de fille le poussera à demander des bloqueurs de puberté puis des hormones féminines pour atténuer les caractères masculins de sa morphologie et tenter de développer une apparence féminine. Enfin, puisque ces jeunes présentent des difficultés et pathologies diverses, engager une transition, même sociale, empêche de chercher les véritables causes de leur mal-être qui ne seront par conséquent pas prises en charge. La transition sociale prive finalement l'enfant des soins dont il aurait grand besoin.

L'obstination de la France est d'autant plus incompréhensible que le Ministre de l'Éducation britannique, lui, vient de publier des recommandations inverses pour appeler les établissements scolaires d'Angleterre à la plus grande prudence lorsqu'un élève demande une « transition sociale ». Le Ministre britannique rappelle, ce que nul ne conteste, que les écoles doivent être des lieux respectueux et tolérants où les brimades ne sont jamais tolérées. Pour autant, en présence d'une demande de transition sociale d'un élève, il est recommandé de « permettre une attente vigilante », d'informer les parents et de ne prendre position qu'à la lumière de l'intérêt supérieur de l'enfant, du point de vue des parents, de la gravité et du contexte de la demande ou encore de l'impact sur les autres élèves. Dans ces conditions, le document dit s'attendre à ce qu'il n'y ait plus que très peu de cas de « changement de pronoms ».

L'impact sur les tiers est enfin pris en considération outre-Manche : les opinions contraires des élèves, parents et enseignants sont déclarées légitimes et doivent être respectées, aucun enseignant ou élève ne devant être contraint d'utiliser les pronoms revendiqués. Il n'est plus question par ailleurs que les élèves puissent partager les toilettes avec des élèves de sexe opposé mais seulement que l'élève concerné puisse, le cas échéant, bénéficier d'un espace dédié et singulier. Les vestiaires et douches doivent être « non mixtes » et « aucun enfant ne doit être autorisé à partager sa chambre avec un enfant du sexe opposé ».

Ces recommandations britanniques sont l'aboutissement d'un vaste travail de recherche mené au RU et le fruit de l'expérience acquise dans ce pays après des années de pratique des transitions sociales à l'école. Mais l'expérience acquise ne bénéficie pas aux enfants français. L'éducation nationale ici ne tient pas compte du fait que la transition sociale ne rend pas service aux enfants, les enferme dans un processus qui aggrave leur mal-être et les pousse vers une transition médicale dont ils n'ont aucunement la capacité de réaliser la portée ni les enjeux.

La sélection
Face aux élèves transgenres, le gouvernement britannique réaffirme l’importance du sexe biologique
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1 commentaire
Le 21/01/2024 à 21:19
Bon courage dans ce combat.
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