
Tous en tout-électrique, un objectif casse-cou !
Avec la hausse des volumes, le prix moyen des véhicules électriques devrait devenir équivalent voire inférieur à celui des thermiques à partir de 2026, a assuré le lendemain le directeur général de Stellantis au micro de France-Info (18 octobre). Sauf que ce prix moyen (estimé aux alentours de 20 000 euros) « est fortement exposé au prix des matières premières », tempère le même Tavares. Quant au « leasing social » pour les voitures électriques que le gouvernement veut mettre en place fin 2023, c’est « une mesure intelligente », mais probablement à 120 ou 150 euros par mois au lieu des 100 annoncés. Reste que le coût de fonctionnement sera tributaire de celui de l’électricité… Enfin, la hausse des coûts des matières premières risque de mettre des groupes automobiles en danger. « On verra bien qui survivra à la période 2020-2030 », a lancé Carlos Tavares...
« Voiture électrique : ils sont devenus fous ! » titre carrément le livre que François-Xavier Pietri, ancien patron de la rédaction de La Tribune et du service économie de TF1 et de LCI, vient de consacrer à ce sujet (son interview sur Sud-Radio en lien ci-dessous). « Ils », ce sont les parlementaires et fonctionnaires européens dont il dénonce le « diktat ». Lui aussi pointe la décision de l’UE de stopper la vente de véhicules neufs à combustion dès 2035 au profit exclusif des voitures à batterie. Cette marche forcée vers le tout-électrique aura de graves répercussions sociales, industrielles et politiques, estime-t-il. Ajoutons : et environnementales !
Le prix de la voiture électrique ne peut qu’aggraver la fracture sociale. François-Xavier Pietri doute des promesses d’abaisser les coûts d’achat des voitures électriques, a fortiori de coûts d’usage plus bas alors que sur certains parcours, la hausse du prix de l’électricité rend déjà celui d’une recharge plus élevé que celui d’un plein de carburant. L’auteur dénonce la « jungle tarifaire » et le « maquis impénétrable » des bornes de recharge dans l’Hexagone. Il ajoute que la fermeture progressive des stations-service accélérera la désertification des campagnes. Enfin, alors que la reconversion des usines d’automobiles se fait dans la douleur, que sera celle des sous-traitants, garagistes, concessionnaires ?
Une voiture électrique, c’est avant tout une batterie. La fin de la technologie des moteurs à combustion en Europe est une aubaine pour les Chinois qui sont les premiers constructeurs mondiaux de batteries. Leurs tankers ne resterons pas à quai en attendant que l’Europe fasse décoller son « Airbus des batteries »… On reste stupéfait devant la légèreté avec laquelle la France, championne des moteurs diesels, de moins en moins polluants, a sacrifié son industrie sur l’autel de la transition écologique mise en coupes réglées par la Commission européenne, avec des normes drastiques assorties d’amendes... salées pour les constructeurs qui traîneraient les pieds, s’est indigné François Lenglet sur RTL (17 octobre).
Au moins, la décision bruxelloise est-elle bonne pour la planète et pour ses habitants ? Que dire des conditions d’extraction des matières premières entrant dans la fabrication des batteries, tel le cobalt dans les mines de République démocratique du Congo, tel le lithium en Amérique du Sud ? Quelles sont les conséquences écologiques de la construction de semi-conducteurs à Taïwan ? Quant à l’empreinte carbone des véhicules électriques, elle serait bonne pour un véhicule léger, tandis qu’à cause de son poids (surtout celui des batteries) « la grosse voiture électrique est une aberration écologique » estime encore Lenglet.