« Super Tuesday » : le match retour Biden-Trump en novembre 2024 se rapproche
On entend depuis des mois que les Américains ne veulent pas d'un match retour Biden – Trump pour l'élection présidentielle de 2024. Concernant Donald Trump, les procès en cours sur la gestion de ses affaires privées, la tentative de cours suprêmes d'États démocrates tels que le Colorado et le Maine de le disqualifier en invoquant le 14e amendement de la Constitution étaient autant de chausse-trappes. Cette dernière attaque a été platement rejetée par la Cour suprême fédérale lundi dernier. Non, des États n'ont pas le droit d'invoquer cet amendement — qui permet d'exclure des candidats coupables « d'insurrection » - contre Trump. Il est intéressant de noter d'ailleurs que cette décision a été prise à l'unanimité (y compris donc les juges de la minorité de gauche à la Cour). Les « sages » américains ont commenté que le soutien du Congrès fédéral était requis pour qu'une telle mesure d'exclusion soit validée… Concernant Joe Biden, le Président en exercice, les signes de plus en plus visibles de sénilité et les lourds soupçons de corruption concernant sa famille proche n'ont pas empêché les électeurs démocrates de le soutenir.
Le "Super Tuesday" du 5 mars a rendu 98 % de son verdict et il est sans appel… (voir l'article en lien du National Review). Rappelons tout d'abord de quoi il retourne : les candidats putatifs des deux grands partis (Démocrate et Républicain) se soumettent à un processus de vote interne avec l'élection de délégués dans chaque état et territoire U.S. Cela va durer jusqu'en juin avant la validation des candidatures lors de conventions nationales en juillet. Le « super mardi » est capital car les scrutins sont tenus dans 16 états en une même journée (865 délégations en jeu soit le tiers du total fédéral)… Avant cette date, Donald Trump devançait sa concurrente Nikki Haley avec 273 délégués contre 43. Il affiche aujourd'hui plus de 800 délégués sachant que le seuil pour assurer sa victoire interne et de 1 215… Surtout, sa concurrente Nikki Haley, très loin derrière lui n'a remporté que les délégations du Vermont et du District de Columbia. Un résultat qui a suffi à lui faire jeter l'éponge. Joe Biden écrase lui aussi la compétition… faute de concurrence réelle tant sa Vice-Présidente Kamala Harris est discréditée. Il affiche comme son rival plus de 800 délégués à la sortie du "Super Tuesday".
Si l'hypothèse d'un match retour est maintenant quasiment certaine, il reste de vraies incertitudes dans un pays plus que jamais divisé. D'un côté, Donald Trump va devoir convaincre de sa capacité à rassembler pour éviter le vote « tout sauf lui » en novembre, tout en faisant face à une intense offensive judiciaire à son encontre. En face, Joe Biden est lui aussi en proie à de vraies difficultés. Tout d'abord, son état physique et mental inquiète de plus en plus les Américains. Même Hillary Clinton y est allée de son petite phrase : « Il ne faut pas se voiler la face, Joe Biden est âgé… » tout en arguant que son concurrent Trump l'est aussi. Biden souffre par ailleurs de la perte de soutien dans des communautés historiquement acquises aux Démocrates. Chez les Afro-américains, les intentions de vote pour Trump sont passées à 23 % pour 2024, une hausse de 19 points, soit 500 % d'augmentation par rapport à 2020 selon un sondage dans le New York Times le week-end dernier. Les familles religieuses, conservatrices s'inquiètent de la montée du « wokisme » dans le Parti traditionnellement soutenu par les « minorités ». Un autre phénomène prend de l'ampleur avec la campagne "Abandon Biden" : la révolte des Musulmans qui constituent des communautés importantes dans certains États du nord du pays. Ils rejettent la politique pro-israélienne de Washington tout en condamnant le « wokisme ». Dans le Michigan, plus de 100 000 votes lors des primaires démocrates ont été « blancs ». Ces bulletins sans étiquette représentaient 19,1 % dans le Minnesota… Les Hispaniques annoncent — selon le même sondage du New York Times — vouloir voter à 46 % pour Trump contre 20 % il y a 4 ans…
Les intentions de vote – en sondant les personnes inscrites sur les listes électorales – donnent une avance de 5 points à Donald Trump (48 % contre 43 % pour Biden). Toujours selon le sondage détaillé du New York Times, pas moins de 65 % des personnes interrogées estiment que les États-Unis vont dans la « mauvaise direction » contre 24 % de satisfaits… Une question se pose dans la perspective d'une victoire de Donald Trump en novembre prochain : les Démocrates vont-ils accepter leur défaite dans un contexte de fractures idéologiques de plus en plus profondes ? Car la décision de la Cour suprême — qui a unanimement confirmé la validité constitutionnelle d'une candidature Trump — laisse la possibilité au Congrès de réfuter l'investiture du revanchard… Ce qui pourrait provoquer un chaos bien plus grave que les événements de janvier 2021. Alors que la guerre en Ukraine concentre les attentions, le leader de l'OTAN entre dans une séquence politique périlleuse, avec les « yeux grand fermés » comme titre Kubrick...