Santé
SOS ! Notre hôpital public est aux urgences !
Démissions, épuisement des personnels soignants, services tournant à effectifs réduits, près de 20% des lits fermés… l’hôpital public français est au bord de la rupture. Les alarmes se multiplient dans toute la France : urgences fermées la nuit à Draguignan et à Laval faute de personnel, plus qu’un seul médecin ORL pour toute la Creuse, plus de 2 millions d’actes médicaux déprogrammés en 2020 dont, par exemple, 30% des greffes de rein, et les retards accumulés sont loin d’être rattrapés. Le ministre de la Santé, qui a supprimé 5758 lits en hospitalisation complète en 2020, et suspendu, en 2021, 15 000 soignants ayant refusé d’être vaccinés, promet… d’enquêter. « Nous essayons de comprendre les raisons » a déclaré Olivier Véran sur BFMTV le 28 octobre, après avoir cité, à titre d’exemple, les 1300 démissions d'étudiants infirmiers enregistrées entre 2018 et 2021 (bien que le métier d'infirmier continue d'attirer les vocations, 17% abandonnent en cours de formation).
La fuite des soignants, y compris des médecins, et, phénomène inouï, jusque dans les services pédiatriques, est l’élément nouveau dans le lent processus de dégradation générale des conditions de travail à l’hôpital public. Désabusés par le manque d'amélioration de leurs conditions de travail et le sentiment d’être repartis « comme en 40 », ils se tournent vers le privé (qui a continué notamment de pratiquer la chirurgie quand le public était mobilisé par la Covid) ou changent carrément de métier. Quant aux médecins qui font de la recherche, faute de financement et de salaire attractif, ils s’installent à l’étranger. « Peut-on encore se vanter d'avoir le meilleur système de santé au monde ? » interroge Alexandre Roux, neurochirurgien enseignant à la Faculté de Médecine et chercheur à l'INSERM, dans une tribune au Figaro (2 novembre). Son diagnostic devrait éclairer le ministre de la Santé : « La triple mission et responsabilité de l'Hôpital public (soins, enseignement, recherche) doit être repensée et soutenue sans réserve par les pouvoirs politiques » explique-t-il. « Si on veut remonter la pente, il faut quelque chose de très important. Je ne sais pas si c'est un Marshall ou un choc d'attractivité. Il faut quelque chose de très fort » explique pour sa part Rémi Salomon, Président de la Commission Médicale d'Etablissement de l'AP-HP (RTL, 27 octobre).
En mettant au bord de la submersion nos services hospitaliers, la crise sanitaire a révélé l’ampleur de leurs difficultés structurelles depuis au moins deux décennies. Il y avait déjà 30% de postes non pourvus avant la crise sanitaire qui a mobilisé et épuisé le personnel. L’absentéisme est de l'ordre de 10% en moyenne. Les soignants sont surchargés, soumis à une paperasserie administrative kafkaïenne, pas assez payés, et surtout pas assez considérés malgré leur brève popularité au plus fort de l’épidémie. Infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeutes, orthophonistes, brancardiers ont fui l'Hôpital public en l'espace de quelques mois. Mais les médecins ne sont pas épargnés. Il en manque la moitié au CH de la Sarthe. Même proportion à Rouen, en psychiatrie, ou plus de la moitié des médecins sont partis vers le privé. Tous attendaient non seulement des augmentations de salaires et des recrutements mais une réforme structurelle de l'hôpital public : rénovation des locaux, achat de matériel, réorganisation du travail… Sans oublier d’alléger le poids de l’administration dans les établissements publics de santé en France : selon des chiffres de l’OCDE publiés en 2020 par le think-tank libéral IREF « dans les hôpitaux français, 405 600 personnes œuvrent à des tâches autres que médicales, soit 54% de plus qu’en Allemagne, dont la population est pourtant près de 25% supérieure à celle de la France ».
Les 12 milliards d’euros du « Ségur de la santé » destinés à augmenter les salaires des soignants et à investir dans les établissements n’ont pas eu l’effet escompté. Il faut redéfinir complètement le rôle de l’hôpital et du système de santé en France s’accordent à dire Patrick Pelou, président de l'association des médecins urgentistes hospitaliers de France, et Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF) sur Europe 1 (3 novembre) (leur débat en vidéo ci-dessous).
La fuite des soignants, y compris des médecins, et, phénomène inouï, jusque dans les services pédiatriques, est l’élément nouveau dans le lent processus de dégradation générale des conditions de travail à l’hôpital public. Désabusés par le manque d'amélioration de leurs conditions de travail et le sentiment d’être repartis « comme en 40 », ils se tournent vers le privé (qui a continué notamment de pratiquer la chirurgie quand le public était mobilisé par la Covid) ou changent carrément de métier. Quant aux médecins qui font de la recherche, faute de financement et de salaire attractif, ils s’installent à l’étranger. « Peut-on encore se vanter d'avoir le meilleur système de santé au monde ? » interroge Alexandre Roux, neurochirurgien enseignant à la Faculté de Médecine et chercheur à l'INSERM, dans une tribune au Figaro (2 novembre). Son diagnostic devrait éclairer le ministre de la Santé : « La triple mission et responsabilité de l'Hôpital public (soins, enseignement, recherche) doit être repensée et soutenue sans réserve par les pouvoirs politiques » explique-t-il. « Si on veut remonter la pente, il faut quelque chose de très important. Je ne sais pas si c'est un Marshall ou un choc d'attractivité. Il faut quelque chose de très fort » explique pour sa part Rémi Salomon, Président de la Commission Médicale d'Etablissement de l'AP-HP (RTL, 27 octobre).
En mettant au bord de la submersion nos services hospitaliers, la crise sanitaire a révélé l’ampleur de leurs difficultés structurelles depuis au moins deux décennies. Il y avait déjà 30% de postes non pourvus avant la crise sanitaire qui a mobilisé et épuisé le personnel. L’absentéisme est de l'ordre de 10% en moyenne. Les soignants sont surchargés, soumis à une paperasserie administrative kafkaïenne, pas assez payés, et surtout pas assez considérés malgré leur brève popularité au plus fort de l’épidémie. Infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeutes, orthophonistes, brancardiers ont fui l'Hôpital public en l'espace de quelques mois. Mais les médecins ne sont pas épargnés. Il en manque la moitié au CH de la Sarthe. Même proportion à Rouen, en psychiatrie, ou plus de la moitié des médecins sont partis vers le privé. Tous attendaient non seulement des augmentations de salaires et des recrutements mais une réforme structurelle de l'hôpital public : rénovation des locaux, achat de matériel, réorganisation du travail… Sans oublier d’alléger le poids de l’administration dans les établissements publics de santé en France : selon des chiffres de l’OCDE publiés en 2020 par le think-tank libéral IREF « dans les hôpitaux français, 405 600 personnes œuvrent à des tâches autres que médicales, soit 54% de plus qu’en Allemagne, dont la population est pourtant près de 25% supérieure à celle de la France ».
Les 12 milliards d’euros du « Ségur de la santé » destinés à augmenter les salaires des soignants et à investir dans les établissements n’ont pas eu l’effet escompté. Il faut redéfinir complètement le rôle de l’hôpital et du système de santé en France s’accordent à dire Patrick Pelou, président de l'association des médecins urgentistes hospitaliers de France, et Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF) sur Europe 1 (3 novembre) (leur débat en vidéo ci-dessous).
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Situation critique de l'hôpital public
Europe 1