SNCF : Des salariés privilégiés et encore choyés par le gouvernement
Politique

SNCF : Des salariés privilégiés et encore choyés par le gouvernement

Par Philippe Oswald. Synthèse n°839, Publiée le 21/12/2019
Les cheminots syndiqués à la CGT, à Sud-Rail et à la CFDT, paralysent la France et ne veulent pas entendre parler de trêve de Noël. Ces jusqu’au-boutistes suivent la ligne dure de Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-cheminots (le premier syndicat à la SNCF), fils et petit-fils de cheminots, et réputé léniniste pur sucre. Une réputation qui n’a rien d’usurpé comme en témoigne l’apostrophe qu’il vient de lancer au secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari : « Je suis capable d’assumer de vrais compromis mais vous ne m’en proposerez jamais. Donc ce sera la guerre totale. Jusqu’à la fin. La SNCF sera par terre mais l’appareil [de la CGT, NDLR] sera debout. La guerre à outrance n’est pas pour me déplaire. La seule sortie possible, c’est la révolution. » (Le Figaro du 21/12/2019). 

L’itinéraire de Laurent Brun, membre du Parti communiste, est sans surprise : des Jeunesses communistes à l’UNEF puis à la CGT-cheminots. Un curriculum vitae de parfait apparatchik ! Lénine est resté son grand homme, sa référence : « Les analyses de Lénine sont toujours d’actualité. Il faut à la fois une idéologie révolutionnaire et une organisation révolutionnaire pour la porter », confiait-il au mensuel Initiative communiste en 2018, année où son syndicat pratiqua en toute illégalité la grève perlée pendant trois mois. Voilà qui nous promet encore des jours radieux s’il devait succéder à Philippe Martinez à la tête de la CGT, en 2022. 

Du côté du gouvernement, il n’est toujours pas question d’instaurer un service minimum en France, comme le propose le sénateur LR Bruno Retailleau à l’exemple de ce qui existe partout ailleurs en Europe. Ce serait s’attaquer à une exception française devenue un tabou national. Voilà trente ans que toutes les propositions de loi faites en ce sens tombent aux oubliettes. Les dernières concessions d’Edouard Philippe sont une nouvelle preuve du pouvoir d’intimidation des cheminots. Le gouvernement vient d’accepter, entre autres « aménagements », que les 52 000 conducteurs concernés par la suppression du régime spécial de retraite (à partir de la génération 1985) ne perdent rien avec le régime de retraite par points : non seulement le montant de leur pension sera maintenu au niveau de celui de leurs aînés, mais ils continueront à prendre leur retraite sans décote sur leur pension s’ils partent à 57,8 ans contre 64 ans avec l’âge pivot dans le secteur privé. Ces privilèges et plusieurs autres, telle la cessation progressive d’activité permettant aux cheminots de travailler à mi-temps en touchant de 70% à 80% de leur salaire ou la mise en place d’un Perco, un système permettant aux salariés de se constituer un complément de retraite avec l’aide de l’entreprise, n’ont malgré tout pas suffi pour qu’à l’exception de l’UNSA-ferroviaire, minoritaire, les syndicats suspendent la grève pendant les congés de fin d’année, y compris la CFDT cheminots, contrairement à l’avis du secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. C’est bien la ligne dure incarnée par Laurent Brun qui donne le la.

Combien de temps les Français supporteront-ils encore cette dictature de privilégiés ? Le sabotage des vacances de Noël va-t-il enfin les révolter ? S’il fallait encore les convaincre des avantages exceptionnels dont jouissent, à grands frais pour le contribuable, les salariés de la SNCF, on ne saurait trop leur conseiller l’enquête que leur a consacrée « Que choisir », le magazine de l’Union fédérale des consommateurs (UFC), en août 2015. Outre la vertigineuse accumulation de primes en tous genres dont bénéficient les salariés de la SNCF, on y découvre qu’année après année, malgré des réductions d’effectifs, la masse salariale de la SNCF progresse nettement plus vite que le nombre de voyageurs transportés, avec des augmentations salariales établies, en moyenne, à un niveau annuel de 2,5% en plus de l'inflation, soit 4,25% nets par an, quatre fois plus que dans le privé au cours de la même période (2005-2015) ! Avec 12 milliards de subventions annuelles et une dette globale de 44 milliards d'euros, la SNCF coûtait en moyenne en 2015 (année de l’enquête) plus de 1 000 euros à un Français soumis à l'impôt sur le revenu ! Mais depuis, c’est un trou global de 179 milliards d'euros qui se profile… En lien ci-dessous, un résumé de cette enquête par Le Point.
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