Politique
Six ans après, les zones d'ombre du Bataclan
Alors que s’ouvre le procès des attentats de Paris, un documentaire diffusé sur Arte se penche sur les zones d’ombre du massacre du Bataclan. Intitulé « Les Ombres du Bataclan », il n’hésite pas à se pencher sur les sujets qui dérangent, voire à bousculer les thèses officielles. Il remet aussi en lumière les responsabilités des dirigeants de l’époque dans le fait que ce massacre ait pu avoir lieu.
Aurait-on pu éviter un tel massacre ? Du moins, aurait-on pu éviter d’avoir autant de victimes ? Entre failles du renseignement territorial, protocoles d’intervention datés et rivalités entre services, tout est en place pour que tout finisse mal. Ce documentaire prend le temps de rencontrer et de donner la parole à quasiment tous les responsables de l’époque. Ainsi, on apprend que dès l’été 2015, le juge Trévidic reçoit l’information qu’un attentat majeur se prépare en France et viserait une salle de rock (19') « J’avais extirpé une note spécifique à l’intention des autorités sur le fait que le Bataclan allait être une cible de la part des djihadistes », explique pour sa part Bernard Squarcini, directeur de la DCRI de 2008 à 2012 (19'23). L’accumulation de témoignages crée rapidement le malaise…
« Il y avait présents devant le Bataclan dès les premières minutes huit militaires de la force Sentinelle, rappelle Georges Fenech (9.58). Comment comprendre que des militaires en armes postés devant, entendant les tirs en rafale n’aient pas tenté quelque chose. » « Je peux vous dire qu'une information comme cela en Belgique, aurait entraîné la démission du gouvernement, immédiatement », estime pour sa part Georges Dallemagne, vice-président de la commission d’enquête parlementaire belge sur les attentats de Bruxelles de 2016. « Effectivement, le 13 novembre, on n’explique pas clairement pourquoi le préfet de police n’a pas engagé les militaires de Sentinelle », concède Sébastien Piétrasanta, rapporteur de la commission d’enquête parlementaire. « Les militaires disent « nous n’avons pas d’ordre d’engager le feu, raconte Georges Fenech (11.28) Les policier désemparés appellent le centre de commandement pour qu’on leur donne le feu vert. La réponse viendra tout aussi nette et rapide : les militaires n’engagent pas le feu sur le territoire national car nous ne sommes pas en guerre. C’est impensable. » « Nos dispositifs dataient des années 1980, du temps où l’on négociait quelque chose, décrypte Thierry Orosco, commandant du GIGN de 2011 à 2014. Nous n’étions pas prêts face à ces nouvelles formes de terrorisme. » Revenant sur l’évolution constatée du modus opérandi des attaques terroristes à compter de l’attentat de Bombay, il est clair et net : « Je me rappelle personnellement avoir expliqué au ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve qu’il fallait que les primo-intervenants, les policiers et gendarmes de terrain, aillent intervenir pour faire cesser la tuerie de masse, contrairement au mode opératoire en vigueur jusqu’à présent. » La Brigade d’intervention prête à intervenir quelques minutes seulement après le début de la fusillade dans la salle de concert, s’est vu refuser l’intervention. « L’un de nos collègues a demandé l’autorisation d’intervenir. Elle a été refusée », témoigne l'un de ses membres, toujours sous le choc, six ans après. Comment expliquer que, contrairement à l'attentat de l'Hypercacher, la F.I.P.N. (Force d'Intervention de la Police Nationale) n'ait pas été déclenchée, et que la Brigade de Recherche et d’Intervention n'ait pas été placée sous l'autorité du RAID, dont une unité était justement à proximité ? Manuel Valls aurait-il sciemment privilégié la B.R.I., pour des ambitions politiques personnelles, avec le bilan dramatique que l’on connaît ?
Plus largement, comment des individus, pour certains fichés, condamnés, récidivistes, ont-ils échappé à nos services ? Pourquoi s’est-il écoulé plus de trois heures entre la première attaque au Bataclan et l’assaut final ? Les failles sont béantes. Ont-elles été comblées depuis ? Ce ne sont pas les circonvolutions des réponses de l’ancien premier Ministre et de l’ex ministre de l’Intérieur qui rassureront ceux qui prendront le temps de regarder cette enquête dure mais exceptionnelle, en libre accès en ligne sur le site d’Arte jusqu’au 2 octobre prochain.
Aurait-on pu éviter un tel massacre ? Du moins, aurait-on pu éviter d’avoir autant de victimes ? Entre failles du renseignement territorial, protocoles d’intervention datés et rivalités entre services, tout est en place pour que tout finisse mal. Ce documentaire prend le temps de rencontrer et de donner la parole à quasiment tous les responsables de l’époque. Ainsi, on apprend que dès l’été 2015, le juge Trévidic reçoit l’information qu’un attentat majeur se prépare en France et viserait une salle de rock (19') « J’avais extirpé une note spécifique à l’intention des autorités sur le fait que le Bataclan allait être une cible de la part des djihadistes », explique pour sa part Bernard Squarcini, directeur de la DCRI de 2008 à 2012 (19'23). L’accumulation de témoignages crée rapidement le malaise…
« Il y avait présents devant le Bataclan dès les premières minutes huit militaires de la force Sentinelle, rappelle Georges Fenech (9.58). Comment comprendre que des militaires en armes postés devant, entendant les tirs en rafale n’aient pas tenté quelque chose. » « Je peux vous dire qu'une information comme cela en Belgique, aurait entraîné la démission du gouvernement, immédiatement », estime pour sa part Georges Dallemagne, vice-président de la commission d’enquête parlementaire belge sur les attentats de Bruxelles de 2016. « Effectivement, le 13 novembre, on n’explique pas clairement pourquoi le préfet de police n’a pas engagé les militaires de Sentinelle », concède Sébastien Piétrasanta, rapporteur de la commission d’enquête parlementaire. « Les militaires disent « nous n’avons pas d’ordre d’engager le feu, raconte Georges Fenech (11.28) Les policier désemparés appellent le centre de commandement pour qu’on leur donne le feu vert. La réponse viendra tout aussi nette et rapide : les militaires n’engagent pas le feu sur le territoire national car nous ne sommes pas en guerre. C’est impensable. » « Nos dispositifs dataient des années 1980, du temps où l’on négociait quelque chose, décrypte Thierry Orosco, commandant du GIGN de 2011 à 2014. Nous n’étions pas prêts face à ces nouvelles formes de terrorisme. » Revenant sur l’évolution constatée du modus opérandi des attaques terroristes à compter de l’attentat de Bombay, il est clair et net : « Je me rappelle personnellement avoir expliqué au ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve qu’il fallait que les primo-intervenants, les policiers et gendarmes de terrain, aillent intervenir pour faire cesser la tuerie de masse, contrairement au mode opératoire en vigueur jusqu’à présent. » La Brigade d’intervention prête à intervenir quelques minutes seulement après le début de la fusillade dans la salle de concert, s’est vu refuser l’intervention. « L’un de nos collègues a demandé l’autorisation d’intervenir. Elle a été refusée », témoigne l'un de ses membres, toujours sous le choc, six ans après. Comment expliquer que, contrairement à l'attentat de l'Hypercacher, la F.I.P.N. (Force d'Intervention de la Police Nationale) n'ait pas été déclenchée, et que la Brigade de Recherche et d’Intervention n'ait pas été placée sous l'autorité du RAID, dont une unité était justement à proximité ? Manuel Valls aurait-il sciemment privilégié la B.R.I., pour des ambitions politiques personnelles, avec le bilan dramatique que l’on connaît ?
Plus largement, comment des individus, pour certains fichés, condamnés, récidivistes, ont-ils échappé à nos services ? Pourquoi s’est-il écoulé plus de trois heures entre la première attaque au Bataclan et l’assaut final ? Les failles sont béantes. Ont-elles été comblées depuis ? Ce ne sont pas les circonvolutions des réponses de l’ancien premier Ministre et de l’ex ministre de l’Intérieur qui rassureront ceux qui prendront le temps de regarder cette enquête dure mais exceptionnelle, en libre accès en ligne sur le site d’Arte jusqu’au 2 octobre prochain.
La sélection
Les ombres du Bataclan
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