
Sarkozy-Kadhafi : une affaire d’Etat en forme de boomerang
Le signataire de l’enquête du JDD, Hervé Gattegno, pointe de nombreuses invraisemblances de la déposition de Senoussi qui ne semblent pas avoir ému les juges. Il observe aussi qu’aucune autorité judiciaire ou diplomatique ne semble avoir avalisé un compromis entre la justice française et Abdallah Senoussi dont l'audition s’est faite, à sa demande, sans enregistrement, ni photo. Qui plus est, Senoussi n’est pas seulement l’ancien tortionnaire en chef de Kadhafi. Il est aussi condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité et fait l’objet d’un mandat d’arrêt international comme principal instigateur de l’attentat à la bombe contre le DC-10 de l’ex-compagnie française UTA qui a tué 170 personnes, dont 54 Français au-dessus du désert en 1989. Mais le juge Tournaire et ses collaborateurs n’ont pas profité de cette audition pour notifier officiellement à Abdallah Senoussi sa condamnation à perpétuité…
Au lendemain de ces nouvelles révélations du JDD, le député LR des Alpes-Maritimes Eric Ciotti a adressé une lettre à la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, pour lui demander « d'ordonner une enquête administrative » et de mandater l'Inspection générale de la justice, devant « ce qui s'apparente à une affaire d'Etat ». C’est en effet plus d’une décennie de vie démocratique, et en particulier le vote qui a vu la victoire de François Hollande à la présidentielle de 2012, qui a été impactée par ce prétendu « financement libyen » de la campagne de Sarkozy révélé par Mediapart. À l’appui de ces accusations, ce media a publié deux documents dont l’authenticité fait l’objet d’une enquête judiciaire : deux nouveaux témoins doivent être prochainement entendus à ce sujet. Nicolas Sarkozy a porté plainte contre Mediapart et a déposé une requête en annulation de sa mise en examen que la cour d'appel de Paris examinera le 17 octobre.