Société
Quatre ans après, que reste-t-il de Charlie ?
En ce début 2019, qui est encore Charlie ? Qui ne l’est plus ? Qui ne l’a jamais été ? Qui a l’impression d’avoir été, au fond, trop tolérant en rejoignant ce moment de réconciliation nationale du « Je suis Charlie » ? L’émotion est passée, le souvenir reste. Le 7 janvier 2015 en fin de matinée - il y a quatre ans, une éternité, ou hier, c’est selon - la rédaction de Charlie Hebdo était attaquée en plein Paris. Au total, douze personnes ont perdu la vie dans cet attentat, abattues de sang froid par des terroristes islamistes, les frères Kouachi. Parmi les victimes figurent cinq dessinateurs historiques du journal : Cabu, Tignous, Charb, Wolinski, Honoré. Morts pour avoir dessiné, et donc blasphémé, aux yeux des terroristes. Philippe Lançon, qui a survécu, vient quant à lui d’obtenir le prix Fémina pour son livre racontant sa reconstruction, Le Lambeau. Un ouvrage qu’il faut avoir le courage de lire.
Après cette attaque, une grande vague de soutien de la presse et de la liberté d’expression avait submergé la France et le monde. Place de la Nation, à Paris la foule rassemblée applaudissait la police, les snipers sur les toits. La France communiait dans une même douleur, pour mieux relever la tête. Joachim Roncin imaginait alors ce slogan simple sur fond noir, "Je suis Charlie". Mais que reste-t-il de ce moment Charlie ? Pas grand chose, au fond. Comme si tout n’était pas pardonné, mais plutôt oublié, ou pire : banalisé. Tant d’attentats sont passés par là, hélas, et la tolérance à sens unique a fini par en lasser plus d’un. Cette semaine, la couverture du dernier numéro s’amuse encore une fois à mettre sur un pied d’égalité obscurantiste un imam et un évêque, une religion qui tue, et l’autre qui pardonne. Riss, directeur de la rédaction et auteur de ce dessin de Une, déplore que "depuis quatre ans, la situation à l'égard du totalitarisme islamiste n'a fait que se dégrader." Mais au lieu de se concentrer sur ce totalitarisme mortifère, un réflexe conditionné l’oblige, inconsciemment ou non, à encore et toujours se moquer de la même façon de toutes les religions, de celle qui a tué ses amis comme de celle qui a pleuré le père Hamel ou les Chrétiens d’Orient, eux aussi victimes des mêmes islamistes. Comme si, à jamais, toutes les victimes ne se valaient pas.
L'enquête sur l’attentat de Charlie Hebdo est désormais close, un procès devant avoir lieu en 2020. Peter Cherif, jihadiste proche des frères Kouachi, vient d’être arrêté. Et ensuite ? Après un tel drame, comme après celui du Bataclan, peut-on vraiment retrouver, reprendre une vie normale ? En 2019, Riss dit souhaiter "continuer à faire réfléchir (ses) lecteurs, leur donner de l'espoir, les rendre combatifs, car il ne faut pas qu'on soit dans la sinistrose ou la déprime même s'il y a des choses qui nous inquiètent". Mais pour combattre qui, et pour espérer quoi ?
Après cette attaque, une grande vague de soutien de la presse et de la liberté d’expression avait submergé la France et le monde. Place de la Nation, à Paris la foule rassemblée applaudissait la police, les snipers sur les toits. La France communiait dans une même douleur, pour mieux relever la tête. Joachim Roncin imaginait alors ce slogan simple sur fond noir, "Je suis Charlie". Mais que reste-t-il de ce moment Charlie ? Pas grand chose, au fond. Comme si tout n’était pas pardonné, mais plutôt oublié, ou pire : banalisé. Tant d’attentats sont passés par là, hélas, et la tolérance à sens unique a fini par en lasser plus d’un. Cette semaine, la couverture du dernier numéro s’amuse encore une fois à mettre sur un pied d’égalité obscurantiste un imam et un évêque, une religion qui tue, et l’autre qui pardonne. Riss, directeur de la rédaction et auteur de ce dessin de Une, déplore que "depuis quatre ans, la situation à l'égard du totalitarisme islamiste n'a fait que se dégrader." Mais au lieu de se concentrer sur ce totalitarisme mortifère, un réflexe conditionné l’oblige, inconsciemment ou non, à encore et toujours se moquer de la même façon de toutes les religions, de celle qui a tué ses amis comme de celle qui a pleuré le père Hamel ou les Chrétiens d’Orient, eux aussi victimes des mêmes islamistes. Comme si, à jamais, toutes les victimes ne se valaient pas.
L'enquête sur l’attentat de Charlie Hebdo est désormais close, un procès devant avoir lieu en 2020. Peter Cherif, jihadiste proche des frères Kouachi, vient d’être arrêté. Et ensuite ? Après un tel drame, comme après celui du Bataclan, peut-on vraiment retrouver, reprendre une vie normale ? En 2019, Riss dit souhaiter "continuer à faire réfléchir (ses) lecteurs, leur donner de l'espoir, les rendre combatifs, car il ne faut pas qu'on soit dans la sinistrose ou la déprime même s'il y a des choses qui nous inquiètent". Mais pour combattre qui, et pour espérer quoi ?