PSG : Mieux vaut Qatar que jamais
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PSG : Mieux vaut Qatar que jamais

Par Louis Daufresne. Synthèse n°1302, Publiée le 15/06/2021
Nous y voilà. Tous crampons dehors, avec Karim Benzema et Kylian Mbappé en guise de baïonnettes, les Bleus vont se jeter à l’assaut des lignes allemandes, dès 21h00 à Munich, pour leur premier match de l’Euro. La confrontation a lieu presque 40 ans après la « nuit de Séville » et le tir au but victorieux du bourreau teuton Horst Hrubesch (1982). Le match le plus célèbre de l'histoire.

Mais laissons-là l’engouement ou l’agacement, qu’on aime ou non le ballon rond.

L'Euro fait passer inaperçue une étude publiée sur le Paris Saint-Germain, dominé cette saison par Lille et sorti par Manchester en demi-finale de la Ligue des Champions. Ces échecs ne sauraient masquer l'excellente santé du club.

L'étude provient d’une institution de référence, le Centre de droit et d’économie du sport de Limoges. Le Parisien la résume sous le titre : « Le PSG, une locomotive pour l’économie d’Île-de-France ». La formule a des accents publicitaires. Normal, il ne s’agit pas de juger la diplomatie du Qatar. Ce micro-État du golfe juché sur une nappe de gaz fait la guerre médiatique à ses voisins, notamment émiratis, et Paris est à Doha ce que l'avenue Montaigne est au luxe : une vitrine. L'essentiel ici, c'est que « le PSG reste connecté à ses enjeux régionaux », insiste Christophe Lepetit du CDES.

Ainsi l’impact du club en Île-de-France est-il évalué à 182,2 M€ pour la saison 2018/2019. Prestataires et fournisseurs forment un tissu de quelque 800 entreprises. Sa contribution aux finances publiques frise les 2 milliards d’euros (1,9) en dix ans ! Le PSG mobilise 2150 emplois annuels (ETP, équivalent temps plein). Un jour de match, 3500 personnes s'activent au Parc des Princes.

Outre l’impact, il y a le développement et le rayonnement. Lancée en 2018, la construction du centre d’entraînement à Poissy (Yvelines) s'élève à 350 M€. 200 salariés devraient y travailler, à des années-lumière du sort que le Qatar assigne aux domestiques philippins dans la touffeur du désert. Quant au fonds de dotation du PSG, ses actions touchent 126 000 bénéficiaires ! Au travers de conventions avec la Ville de Paris, le département des Yvelines ou la région Île-de-France, le club dépense 2,4 M€, soit une augmentation de 300% depuis 2011. Le sport est-il un vecteur d'islamisation ? Ce n'est pas l'objet de cette étude.

Le Parisien l’observe : « le PSG a changé de dimension. Fini le jeune club très médiatique uniquement dans l’hexagone (…). S’il n’a pas (encore) gagné la Ligue des champions, son objectif depuis l’arrivée des Qataris, (…) il a acquis une renommée planétaire. »

Comment ? par l’achat de joueurs et la création d’une communauté numérique. L’un et l’autre se tiennent : David Beckham, Zlatan Ibrahimovic, Edinson Cavani, Neymar ou Kylian Mbappé firent passer le PSG de 500 000 à 100 millions de followers dont 83 millions à l'international ! Le Paris Saint-Germain se classe au 3e rang des clubs les plus suivis du monde, notamment en Indonésie, au Brésil et en Égypte.

Que de pelouse labourée en dix ans !

En 2011, « le Qatar rachète le PSG », titrait L'Express. Si l’équitation ne se pratique point au Parc, le club passait pour un cheval de Doha. Le PSG était à la fois une prise de guerre et une tête de pont. Une méfiance illustrée par les mauvaises relations avec le journal L'Équipe, malgré l'argent injecté par l'émir dans le foot français. Le plus regrettable est qu'avant lui, nul ne fut en mesure d'internationaliser la marque du PSG. Une ville sinistre comme Manchester a deux clubs réputés. Qu’une capitale comme Paris n’eût pas une seule équipe digne de sa notoriété en faisait une proie facile pour les riches prédateurs d'image. Le PSG d’alors n’avait à offrir que de deux titres de champion de France (1986, 1994) et une Coupe des Coupes (1996).

À l’époque, écrit L’Express, « le Paris SG a été valorisé entre 35 et 50 millions d'euros » et le fond souverain du Qatar (QSI) « va débourser entre 30 et 40 millions d'euros pour s'offrir 70% du capital du club ». Ces montants font sourire. Dix ans après, Forbes valorise le PSG à 2,5 Mds $ ! Et pourtant le patron Nasser Al-Khelaïfi, issu d’une famille de pêcheurs de perles, attend toujours que le graal européen tombe dans sa besace.

À 47 ans, NAK est l’un des dirigeants sportifs les plus influents depuis l'épisode de la Super Ligue. En avril, « Nasser » s'insurgea contre douze grands clubs (anglais, espagnols, italiens) prompts à créer un tournoi fermé concurrent de la Ligue des champions. En 48 heures, l’affaire était pliée et Al-Khelaïfi se vit propulsé à la tête de l'Association européenne des clubs (ECA), à la place du Turinois Andrea Agnelli, l'un des chefs de la mutinerie contre l'UEFA. NAK, notons-le, dirige le géant des médias beIN, diffuseur de la Champions League.

Toute cette histoire montre deux choses :

1. L'influence d'un État ne dépend pas de sa superficie. La Suisse, Israël, Taïwan, la Corée du Sud savent tirer parti de la concurrence généralisée.

2. Le PSG est une marque mondiale sur un marché qui l'est tout autant. Si le Qatar s'enrichit de son pari sur Paris et que cela retombe sur l'économie locale, l'image de la France ne sort pas grandie de ce succès. Notre pays n'en est que le théâtre et non l'acteur.
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