Christianisme
Pourquoi le Pape refuse la démission du cardinal Barbarin
Condamné pour non dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs, le cardinal Barbarin a présenté sa démission au pape François, le lundi 18 mars. Surprise, sans attendre plusieurs jours, voire plusieurs semaines pour faire connaître sa décision, comme les vaticanistes s’y attendaient, le pape François a fait savoir dès le lendemain, ce 19 mars, qu’il refusait cette démission en « invoquant la présomption d’innocence ». C’est le cardinal Barbarin lui-même qui l’a révélé dans un communiqué publié sur le site de l’archidiocèse de Lyon ce mardi. Le cardinal Barbarin annonce toutefois qu’à la suggestion du Pape, qui l’avait laissé libre de sa décision, il se met « en retrait pour quelque temps » de la conduite de l’archidiocèse lyonnais « parce que l’Église de Lyon souffre depuis trois ans ». Il reste donc archevêque de Lyon, la conduite du diocèse étant provisoirement confiée au vicaire général. Confirmant cette annonce, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège a ajouté que « le Saint-Siège tient à redire sa proximité avec les victimes d’abus, avec les fidèles de l’archidiocèse de Lyon et avec toute l’Église en France qui vivent des heures douloureuses ».
A quelques jours d’intervalle, deux cardinaux de premier plan ont été condamnés par la justice de leurs pays dans des affaires de crimes pédophiles. Le cardinal Philippe Barbarin, 68 ans, archevêque de Lyon, primat des Gaules, a été jugé coupable le 7 mars de non dénonciation des agressions sexuelles commises par l’abbé Preynat, agressions dont les plus récentes auraient eu lieu onze ans avant la nomination de Mgr Barbarin à la tête du diocèse de Lyon ; le cardinal George Pell, 77 ans, ancien archevêque de Sydney et ancien préfet du Secrétariat pour l’Économie du Saint-Siège, a été condamné en décembre (mais la peine n’a été rendue publique que le 13 mars) parce qu’il aurait commis lui-même de tels crimes pédophiles alors qu’il était archevêque de Melbourne à la fin des années 1990. Il y a certes une grande différence entre les accusations et les peines prononcées : six mois de prison avec sursis pour le premier, six ans de prison pour le second. Le cardinal George Pell, malgré son âge et son état de santé, devra passer au minimum trois ans et huit mois derrière les barreaux, période après laquelle il pourra réclamer la liberté sous caution, s’il est encore en vie...
Mais les deux cardinaux se disent innocents et ont fait appel de ces jugements (ce qui n’a pas empêché l’incarcération du cardinal Pell en attendant son nouveau procès, les 5 et 6 juin prochains). Quoi qu’il advienne de ces appels, de nombreux juristes estiment que les verdicts ont été prononcés aux termes de procès hors normes et dénoncent une justice d’exception. Si l’on se garde au Vatican de mettre en cause le fonctionnement de la justice en France et en Australie, on y laisse percer le soupçon croissant que les juges ont voulu « se payer des cardinaux » et non des moindres, quitte à tordre le droit ! Dans le procès du cardinal Barbarin, passant outre la décision du parquet de classer les plaintes sans suite en 2016, c’est au prix d’une nouvelle interprétation de l’imprescriptibilité et du délit d’intention que le tribunal correctionnel a rendu son jugement en première instance. Dans le cas du cardinal Pell, c’est sur la foi d’un seul témoignage et dans des circonstances peu vraisemblables (une agression sexuelle commise en habits liturgiques et dans une sacristie où n’importe qui peut pénétrer) que l’emprisonnement a été prononcé.
Convaincus que le cardinal Barbarin sera relaxé par la cour d’appel et craignant qu’une acceptation de sa démission soit interprétée comme un aveu de culpabilité, les avocats du cardinal Barbarin avaient adressé au pape François une note circonstanciée. Ils auront été entendus, non seulement en raison du climat qui a entouré en France « l’affaire Barbarin », mais aussi du choc plus rude encore provoqué par la condamnation du cardinal Pell au terme, estiment certains, d’un véritable « procès stalinien », selon des termes rapportés par La Croix (18 avril).
« Le pape François n'est pas près d'accepter la démission du cardinal Barbarin » annonçait Jean-Marie Guénois dans Le Figaro (en lien ci-dessous) quelques heures avant la rencontre, en soulignant l’estime du souverain pontife pour l’archevêque de Lyon.
A quelques jours d’intervalle, deux cardinaux de premier plan ont été condamnés par la justice de leurs pays dans des affaires de crimes pédophiles. Le cardinal Philippe Barbarin, 68 ans, archevêque de Lyon, primat des Gaules, a été jugé coupable le 7 mars de non dénonciation des agressions sexuelles commises par l’abbé Preynat, agressions dont les plus récentes auraient eu lieu onze ans avant la nomination de Mgr Barbarin à la tête du diocèse de Lyon ; le cardinal George Pell, 77 ans, ancien archevêque de Sydney et ancien préfet du Secrétariat pour l’Économie du Saint-Siège, a été condamné en décembre (mais la peine n’a été rendue publique que le 13 mars) parce qu’il aurait commis lui-même de tels crimes pédophiles alors qu’il était archevêque de Melbourne à la fin des années 1990. Il y a certes une grande différence entre les accusations et les peines prononcées : six mois de prison avec sursis pour le premier, six ans de prison pour le second. Le cardinal George Pell, malgré son âge et son état de santé, devra passer au minimum trois ans et huit mois derrière les barreaux, période après laquelle il pourra réclamer la liberté sous caution, s’il est encore en vie...
Mais les deux cardinaux se disent innocents et ont fait appel de ces jugements (ce qui n’a pas empêché l’incarcération du cardinal Pell en attendant son nouveau procès, les 5 et 6 juin prochains). Quoi qu’il advienne de ces appels, de nombreux juristes estiment que les verdicts ont été prononcés aux termes de procès hors normes et dénoncent une justice d’exception. Si l’on se garde au Vatican de mettre en cause le fonctionnement de la justice en France et en Australie, on y laisse percer le soupçon croissant que les juges ont voulu « se payer des cardinaux » et non des moindres, quitte à tordre le droit ! Dans le procès du cardinal Barbarin, passant outre la décision du parquet de classer les plaintes sans suite en 2016, c’est au prix d’une nouvelle interprétation de l’imprescriptibilité et du délit d’intention que le tribunal correctionnel a rendu son jugement en première instance. Dans le cas du cardinal Pell, c’est sur la foi d’un seul témoignage et dans des circonstances peu vraisemblables (une agression sexuelle commise en habits liturgiques et dans une sacristie où n’importe qui peut pénétrer) que l’emprisonnement a été prononcé.
Convaincus que le cardinal Barbarin sera relaxé par la cour d’appel et craignant qu’une acceptation de sa démission soit interprétée comme un aveu de culpabilité, les avocats du cardinal Barbarin avaient adressé au pape François une note circonstanciée. Ils auront été entendus, non seulement en raison du climat qui a entouré en France « l’affaire Barbarin », mais aussi du choc plus rude encore provoqué par la condamnation du cardinal Pell au terme, estiment certains, d’un véritable « procès stalinien », selon des termes rapportés par La Croix (18 avril).
« Le pape François n'est pas près d'accepter la démission du cardinal Barbarin » annonçait Jean-Marie Guénois dans Le Figaro (en lien ci-dessous) quelques heures avant la rencontre, en soulignant l’estime du souverain pontife pour l’archevêque de Lyon.