
De quoi Simone Veil est-elle le nom ?
Ce qui était alors présenté comme une loi de santé publique, simple « dérogation au principe du respect de la vie, accordée en cas de détresse », constituait en réalité, estime Jean-Marie Le Mené, une transgression fondamentale, effectuée au prix d’ « une triple rupture philosophique, juridique et politique ».
Philosophiquement, cette transgression du droit à la vie revient à considérer l’humain comme le résultat d’une construction, d’un choix, d’un désir (le « projet parental »). En cela, la légalisation de l’avortement qui absolutise la liberté de l’individu en rupture avec l’ordre naturel est « une pierre fondatrice du transhumanisme ».
Juridiquement, le droit « ne consiste plus à rendre à chacun ce qui lui revient (en l’occurrence le respect de la vie à l’enfant conçu) mais à accompagner ce qui change dans la société ». Ainsi, « la transgression princeps de l’avortement est devenue le portail d’accès vers tous les ‘progrès sociétaux’ », « la matrice de toutes les audaces ». La dernière « audace », c’est sans surprise l’euthanasie, car « donner la mort en fin de vie n’est pas moins compassionnel que la donner en début de vie » au nom de la détresse de la mère.
Politiquement, la « clé de voûte » du dispositif, c’est le délit d’entrave à l’IVG destiné à museler les opposants à l’avortement. Ainsi, « l’avortement, sanctuarisé dans le tabernacle de la République, ne peut pas faire l’objet de la moindre remise en cause ».
Sa conclusion : « La loi Veil aura sublimé le signe le plus sûr du déclin d’une civilisation, le refus de ce ‘miracle qui sauve le monde’ par lequel Hannah Arendt désignait la naissance ».