Politique de confinement anti-COVID : le gouvernement américain sur le banc des accusés
Santé

Politique de confinement anti-COVID : le gouvernement américain sur le banc des accusés

Par Ludovic Lavaucelle. Synthèse n°1708, Publiée le 04/10/2022
Avez-vous entendu parler de la « déclaration de Great Barrington » ? Publiée il y a exactement deux ans (le 4 octobre 2020) par trois professeurs en médecine, elle critiquait les politiques de confinement imposées dans plusieurs États américains et un grand nombre de pays dans le monde. Elle préconisait la levée des restrictions de déplacement arguant des conséquences désastreuses pour la santé des populations, et la mise en place d’une politique ciblée sur les personnes à risque. Ses auteurs sont des professeurs de renom : le Dr. Martin Kuldorff (Harvard), le Dr. Sunetra Gupta (Oxford) et le Dr. Jay Bhattacharya (Stanford). Cette déclaration a recueilli depuis plus de 932 000 signatures. Pourquoi a-t-elle fait si peu de bruit dans les médias ? C’est précisément l’objet du procès intenté contre l’administration fédérale américaine par les professeurs Bhattacharya et Kuldorff.

L’accusation ? Le gouvernement fédéral aurait, par l’intermédiaire de ses agences de santé, conclu une alliance avec l’industrie de la « Big Tech » (les GAFAM) pour censurer toute voix critiquant sa politique. Freddie Sayers a reçu le Dr. Bhattacharya et l’avocate Jenin Younes qui représente les plaignants et qui appartient à la New Civil Liberties Alliance (NCLA) – ONG de juristes dont la mission est de défendre les droits constitutionnels des citoyens face à l’État (voir l’interview en lien).

Juste 4 jours après la publication de la tribune, Francis Collins, en sa capacité de chef de la NIH (National Institute of Health), a écrit un courriel à Anthony Fauci (conseiller santé auprès de la Maison Blanche) pour réclamer une attaque coordonnée contre les signataires (1’50’’). Le Dr. Bhattacharya a reçu peu après des appels très agressifs de journalistes lui demandant pourquoi « il voulait laisser l’épidémie se répandre » ou « laisser mourir les grands-parents ». Les GAFAM ont emboîté le pas des grands médias. Google a discrètement déréférencé la page internet dédiée à la tribune. La page Facebook a été fermée sans explication pendant une semaine. Les conversations autour de la tribune sur les réseaux ont été supprimées. C’était d’autant plus choquant que la position des signataires était largement majoritaire chez les épidémiologistes avant le Covid…

Pourquoi la plainte a été déposée contre le gouvernement fédéral et non contre les firmes de la « Big Tech » (4’47’’) ? Parce qu’on peut débattre de la liberté de censure et de publication d’un réseau social qui est privé, tandis qu’un gouvernement n’a pas le droit de travailler de concert avec des entreprises pour faire taire, encore moins diffamer, des citoyens qui émettent des critiques politiques. Le 1er Amendement de la Constitution américaine garantit la liberté d’expression d’où l’implication de la NCLA. Le Président Biden lui-même et son gouvernement ont plusieurs fois admonesté les réseaux sociaux pour qu’ils « fassent plus » contre les voix dissidentes en les menaçant de recours légaux. Les GAFAM ont donc agi sous pression, particulièrement pour éviter que de nouvelles lois encadrent leur modèle ultra profitable. C’était donc une manœuvre du gouvernement pour faire faire à des acteurs privés ce que la Constitution lui interdisait… L’objectif du procès est d’établir que des sociétés qui agissent sous la pression directe d’un gouvernement deviennent de facto des extensions de l’administration (7’52’’).

Il paraît donc plus efficace et opportun d’attaquer l’État plutôt que les réseaux sociaux. La phase de recherche de preuves a été autorisée par la cour de district fédérale en Louisiane occidentale, ce qui démontre que les juges ont reconnu la gravité de la plainte. Cela a permis d’obtenir un très grand nombre de communications (10’02’’), dont les messages échangés entre Anthony Fauci et Mark Zuckerberg (Meta/Facebook) dès le début de l’épidémie.

Pour imposer des mesures restrictives allant à l’encontre de libertés fondamentales, le gouvernement avait besoin d’un consensus. Comme il n’existait pas, il fallait l’inventer. Le débat promu par la déclaration de Great Barrington ne pouvait pas être toléré. Un autre sujet devait être mis sous le boisseau : la question de l’origine du virus. La politique systématique de censure contre tous ceux qui contestaient l’hypothèse naturelle est un indice supplémentaire de cette collusion (15’24’’). Car Fauci comme son collègue Collins avaient fourni des fonds publics au laboratoire de Wuhan pour conduire des recherches de « gain de fonction » et cherchaient à se protéger.

Plusieurs hauts fonctionnaires et membres du gouvernement U.S. sont nommés dans la plainte mais au titre de leurs responsabilités officielles, et non à titre personnel. Le but du procès n’est pas de réclamer de l’argent mais d’établir une jurisprudence : le gouvernement ne peut pas utiliser des entreprises privées pour contourner la Constitution… La prochaine étape sera probablement la cour d’appel de la 5ème circonscription (qui regroupe plusieurs districts) puis la Cour Suprême…
La sélection
Politique de confinement anti-COVID : le gouvernement américain sur le banc des accusés
Jay Bhattacharya : The legal case against Anthony Fauci
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