
Pas de poignée de mains, pas de nationalité suisse
Pas de fracture politique autour de cette décision : ce rejet est jugé légitime par le maire socialiste de Lausanne, Grégoire Junod, pour qui ce comportement est « en contradiction avec le principe d’égalité entre hommes et femmes. » « On a considéré que la question de l'intégration n'était pas acquise. » L’argument pour les défensdre du président de l’Union vaudoise des associations musulmanes laisse quant à lui rêveur : « tout dépend de l’intention du couple. Si c’est une pratique religieuse et pas une volonté d’attenter à légalité hommes-femmes, alors ce n’est pas discriminatoire. » Un précédent avait déjà eu lieu en 2016, dans un collège suisse, qui avait dispensé deux frères syriens de religion musulmane de serrer la main de leurs professeurs femmes. Après un vif débat dans le pays, la dispense avait finie par être annulée.
A l'inverse, il y a peu, la justice suédoise a accordé un dédommagement pour discrimination à une jeune femme de 24 ans. Par conviction religieuse, elle avait refusé, lors d’un entretien d’embauche, de serrer la main tendue par l’employeur, préférant poser sa propre main sur son cœur. Le recruteur avait alors coupé court à l’entretien. Selon les juges suédois, l'entreprise n'aurait pas dû exiger que le salut ne puisse se faire que via une poignée de mains, car cela pouvait exclure certains musulmans pratiquants. Une décision de justice qui pourrait faire jurisprudence dans le pays, mais qui pose clairement la question des limites du multiculturalisme et du rapport conflictuel entre loi nationale et religion musulmane.