
Pap Ndiaye, ministre de l’Education nationale, c’est du pur Macron !
Fils d’un sénégalais et d’une bretonne, Pap Ndiaye a grandi dans la banlieue parisienne. Brillant élève, issu de l’Ecole Normale Supérieure, « pur produit de la méritocratie républicaine » selon la formule consacrée, il est agrégé d’Histoire. Après un long séjour d’études aux Etats-Unis, il s’est spécialisé dans les minorités ethniques et l’immigration. Ayant goûté aux « black studies » en vogue sur les campus américains, il est revenu en France avec la conviction qu’un parallèle pouvait être établi entre la condition de vie des Noirs issus de l’esclavage Outre-Atlantique, et celle des anciens colonisés ou de leurs descendants, mêlés aux plus récents immigrés dans l’Hexagone. Pap Ndiaye a participé à la création du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) en 2005, et a publié « La Condition noire » en 2008. Il se dit convaincu de la persistance de discriminations raciales en France, et partisan d’y importer la discrimination positive pratiquée aux Etats-Unis. Bien qu’ayant naguère critiqué ce qu’il considérait comme une timidité d’Emmanuel Macron sur les questions mémorielles, Pap Ndiaye avait été nommé par celui-ci, l’an dernier, directeur du musée de l’Histoire de l’immigration. L’historien n’aura pas eu de mal à convaincre le président de la République de la continuité entre la colonisation et la condition des immigrés. Or le candidat Macron, en visite à Alger en 2017, avait qualifié la colonisation de « vraie barbarie » et de « crime contre l’humanité »...
C’est donc un universitaire distingué qui s’est présenté aux Français pour cornaquer le vieux « mammouth » de l’Education nationale. Toutefois sa réflexion au long cours sur les discriminations raciales et le « privilège blanc », son adhésion au Cran ou sa participation à des réunions dont l’une était strictement réservée aux Noirs, laissent affleurer le militant sous l’universitaire. Cela n’a pas dissuadé Macron : ses « prises de guerre » ne lui coûtent qu’une légère inflexion dans la fluidité du « en même temps ». Au lendemain de sa réélection, le Président infléchit donc son cap à bâbord. Assez pour faire la nique à Mélenchon, mais pas au point d’effrayer, non seulement les bourgeois, mais tous ces Français plus préoccupés par leur pouvoir d’achat que par l’état désastreux de l’instruction publique. A tort, assurément : c’est en restant fidèle à sa culture et en s’y accrochant qu’une nation peut traverser les pires épreuves. Mais on peut comprendre la préoccupation de nos concitoyens pour leurs fins de mois, comme leur découragement face à l’usine à gaz en totale déshérence administrative et pédagogique qu’est aujourd’hui l’Education nationale. Au fond, de quels pouvoirs dispose son ministre, qu’il se nomme Blanquer ou Pap Ndiaye ? Et que restera-t-il, au lendemain des élections législatives, des petits calculs d’Emmanuel Macron ?
Cependant, les manœuvres politiciennes ne doivent pas occulter la question de fond posée par la nomination de Pap Ndiaye à la tête du ministère de l’Education nationale. La « vision décoloniale d’une France coupable de racisme structurel » portée par le nouveau ministre est remarquablement cernée par un autre professeur agrégé et ancien élève de l’Ecole normale supérieure, le député européen (PPE) François-Xavier Bellamy, dans cette courte intervention sur la chaîne Public Sénat, le 24 mai (en lien ci-dessous). Bellamy se dit « révolté que le ministère de l’Education nationale, qui devrait être confié à quelqu’un qui reconstruit la communauté nationale, soit confié à quelqu’un qui porte le soupçon sur nos institutions » - soupçon que démentent, par leurs propres parcours, Pap Ndiaye lui-même et sa sœur, la romancière Marie Ndiaye, prix Femina et prix Goncourt ! S’il est révolté par le choix présidentiel, Bellamy n’est pas vraiment surpris : « Cette nomination est un message, on retrouve l’Emmanuel Macron qui expliquait qu’il n’y a pas de culture française », souligne-t-il.